jeudi 24 décembre 2020

Parole devenue chair

‭Temps unique et éternel…
« la parole est devenue chair…
‭Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans l'intimité du Père, est celui qui l’a exprimé.‭ »
(Jean 1, 14 & 18)


Une rose a fleuri…



Bach - Messe en si mineur - Et incarnatus est | Philippe Herreweghe

mercredi 18 novembre 2020

"Veillez et priez" (Mt 26, 41)

« L’isolement peut être le début de la terreur : il est certainement son terrain le plus fertile ; il est toujours son résultat. L’isolement est, pour ainsi dire, prétotalitaire : il est marqué au coin de l’impuissance dans la mesure où le pouvoir provient toujours d’hommes qui agissent ensemble, “qui agissent de concert” (Burke) ; les hommes isolés n’ont par définition aucun pouvoir. […]
Tandis que l’isolement intéresse uniquement le domaine politique de la vie, la désolation intéresse la vie humaine dans son tout. Le régime totalitaire comme toutes les tyrannies ne pourrait certainement pas exister sans détruire le domaine public de la vie, c’est-à-dire sans détruire, en isolant les hommes, leurs capacités politiques. Mais la domination totalitaire est un nouveau type de régime en cela qu’elle ne se contente pas de cet isolement et détruit également la vie privée. »
Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme (1951), Quarto Gallimard 2002, p. 832-834

vendredi 30 octobre 2020

Caricature

… se moquant d'un chrétien…

"Alexamène adore son Dieu", graffiti romain, entre le Ier et le IIIe s. ap. JC.



« À chaque attentat islamiste en France, des esprits chagrins expliquent que, sans les caricatures de Charlie Hebdo et le diktat insupportable d’une laïcité qui méprise les religions en général et l’islam en particulier, on n’en serait pas là. On en déduira donc que si les terroristes islamistes ont frappé à Vienne, c’est à cause des dessins blasphématoires qui n’ont jamais été publiés en Autriche et de la laïcité inexistante dans ce pays. Empreints d’une lucidité qui force l’admiration, ces mêmes grands personnages dénoncent également les prétendues restrictions au port du voile, ou l’interdiction de la burqa, insupportable provocation à l’égard des musulmanes. On en conclura que si Daech a frappé à l’université de Kaboul, c’est pour faire de la pub à la burqa, pourtant obligatoire en Afghanistan, en vertu du droit de la femme à vivre derrière un grillage. Dès qu’un attentat a lieu au nom d’une idéologie ayant pris en otage une religion, il est des gens qui s’empressent d’absoudre l’islamisme, et de nier ses responsabilités intrinsèques pour chercher des coupables dans les pays visés, si différents soient-ils.
Une telle constance dans l’aveuglement mérite le respect. » (Jack Dion, « L’islamisme pour les nuls », in Marianne, 6-12/11/20)

Sans oublier que « Le déni d'humiliation fait le lit de la violence » (Olivier Abel, in Réforme n° 3872, 5 nov. 2020, p. 5 — cf. aussi ici)

jeudi 22 octobre 2020

1905

« D'autres fois, l'oncle attaquait des gens qui s'appelaient "les radicots". Il y avait un M. Comble, qui était un radicot, et sur lequel il était difficile de se faire une opinion : mon père disait que ce radicot était un grand honnête homme, tandis que l'oncle le nommait "la fine fleur de la canaille" et offrait de signer cette déclaration sur papier timbré. Il ajoutait que ce M. Comble était le chef d'une bande de malfaiteurs, qui s'appelaient les "framassons". » (Marcel Pagnol, La Gloire de mon père, 1957) 


« Mais ces escarmouches amicales s’arrêtaient là, et jamais on n’abordait le grand sujet, sinon par des allusions discrètes : l’oncle Jules allait à la messe ! Lorsque mon père apprit – par une confidence de tante Rose à ma mère – qu’il communiait deux fois par mois, il en fut positivement consterné, et déclara que "c’était un comble". Ma mère alors le supplia d’admettre cet état de choses, et de renoncer, devant l’oncle, à son petit répertoire de plaisanteries sur les curés, et en particulier, à une chansonnette qui célébrait les exploits aéronautiques du vénérable père Dupanloup.
"Crois-tu qu’il se fâcherait vraiment ?
– Je suis sûre qu’il ne remettrait plus les pieds chez nous, et qu’il défendrait à ma sœur de me fréquenter." Mon père secoua tristement la tête, et soudain, d’une voix furieuse, il s’écria :
"Voilà ! Voilà l'intolérance de ces fanatiques ! Est-ce que je l'empêche, moi, d'aller manger son Dieu tous les dimanches ? Est-ce que je te défends de fréquenter ta sœur parce qu'elle est mariée à un homme qui croit que le Créateur de l'Univers descend en personne, tous les dimanches, dans cent mille gobelets ? Eh bien, je veux lui montrer ma largeur d'esprit. Je le ridiculiserai par mon libéralisme. Non, je ne lui parlerai pas de l'Inquisition, ni de Calas, ni de Jean Huss, ni de tant d'autres que l'Église envoya au bûcher ; je ne dirai rien des papes Borgia, ni de la papesse Jeanne ! Et même s'il essaie de me prêcher les conceptions puériles d'une religion aussi enfantine que les contes de ma grand-mère, je lui répondrai poliment, et je me contenterai d'en rigoler doucement dans ma barbe !" » (Marcel Pagnol, Ibid.)

« Ces anti-cléricaux avaient des âmes de missionnaires. Pour faire échec à "Monsieur le Curé", ils vivaient eux-mêmes comme des saints, et leur morale était aussi inflexible que celles des premiers puritains. » (Marcel Pagnol, Ibid.)

jeudi 15 octobre 2020

Éternité du futur antérieur

« Le temps passe, et il fait tourner la roue de la vie comme l’eau celle des moulins. Cinq ans plus tard, je marchais derrière une voiture noire, dont les roues étaient si hautes que je voyais les sabots des chevaux. J’étais vêtu de noir, et la main du petit Paul serrait la mienne de toutes ses forces, on emportait notre mère pour toujours. De cette terrible journée, je n’ai aucun autre souvenir, comme si mes quinze ans avaient refusé d’admettre la force d’un chagrin qui pouvait me tuer. Pendant des années, jusqu’à l’âge d’homme, nous n’avons jamais eu le courage de parler d’elle. Puis, le petit Paul est devenu très grand. Il me dépassait de toute la tête, et il portait une barbe en collier, une barbe de soie dorée. Dans les collines de l’Etoile, qu’il n’a jamais voulu quitter, il menait son troupeau de chèvres ; le soir, il faisait des fromages dans des tamis de joncs tressés, puis sur le gravier des garrigues, il dormait, roulé dans son grand manteau : il fut le dernier chevrier de Virgile. Mais à trente ans, dans une clinique, il mourut. Sur la table de nuit, il y avait son harmonica. Mon cher Lili ne l’accompagna pas avec moi au petit cimetière de La Treille, car il l’y attendait depuis des années, sous un carré d’immortelles : en 1917, dans une noire forêt du Nord, une balle en plein front avait tranché sa jeune vie, et il était tombé sous la pluie, sur des touffes de plantes froides dont il ne savait pas les noms… Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants. » (Marcel Pagnol, Le Château de ma mère)

*

« La bibliothèque se perpétuera : éclairée, solitaire, infinie, parfaitement immobile, armée de volumes précieux, inutile, incorruptible, secrète. » (Borges, La bibliothèque de Babel)




« On se demande pourquoi cette absurde succession d’événements sans finalité transcendante qu’on appelle une vie humaine et dont le seul aboutissement parait être le néant ? Paradoxalement, c’est la mort elle-même, décidant pour l’éternité, qui à jamais nous sauve de l’inexistence. Entre le non-être et n’être plus, il y a toute la distance infinie de l’avoir été. Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été. Désormais, ce fait mystérieux et profondément obscur d’avoir vécu est son viatique pour l’éternité. Qui sait, l’unicité d’une vie irréversible et irrévocablement révolue est justement ce qui à l’instant de la mort nous sauve du non-être. Elle nous repêche elle-même dans les eaux noires du néant. Elle nous retient au bord de la nuit. Elle nous donne enfin de n’être pas englouti à jamais dans le lac des ténèbres. » (Vladimir Jankélévitch, L'Irréversible et la nostalgie)

mercredi 16 septembre 2020

Rosh Hashana 5781 - Shana Tova !



« Que tes yeux soient ouverts à la supplication de ton serviteur
et à la supplication de ton peuple Israël » (1 R 8, 52)

mardi 4 août 2020

Auto-déconstruction du déconstructivisme

Sur le FB Cathares et protestants, de Michel Jas — à la lecture de l'article « Innocent III, les "pestilentiels provençaux" et le paradigme épuisé du catharisme » de Marc Pegg, in Cahiers de Fanjeaux n° 50 :

« Le Pape aurait été violent, profiteur, menteur, paranoïaque…
Les autorités catholiques de l’époque toutes aussi violentes, profiteuses, menteuses, corrompues, paranoïaques…
Saint Dominique et son évêque d’Osma auraient été trompés, manipulés ! Les historiens de l’Ordre aussi…
L’erreur continuerait sur plusieurs siècles et durerait encore…
L’Église romaine aurait participé à un des premiers génocides de notre histoire… Elle aurait d’abord, à partir des textes anti-hérétiques des Pères de l’Eglise, et de chroniques diverses : ‘INVENTÉ’ une hérésie inexistante, et signalé, à partir d’une immense manipulation sa dangerosité et pour son éradication aurait suscité une guerre internationale, puis les horreurs de l’Inquisition qui aurait abusé de la torture à Carcassonne ou Albi pour extorquer des aveux inexacts !
Non, ce monde me semble beaucoup trop diabolique… »
(Michel Jas)

Et, référant au même (in Cahiers de Fanjeaux n° 55) : « Les victimes de la Croisade et de l’Inquisition auraient assimilé la ‘panoplie’ d’hérétiques dualistes dont les catholiques avaient eu l’idée de les accuser ! Ils ne se seraient pas seulement endurcis dans leur voie hérétique mais se seraient eux-mêmes soumis à l’image compromettante dont on voulait les affubler et dont ils étaient indemnes auparavant… Une personne peut-être, sous la torture, peut avouer un crime qu’elle n’a pas commis… Mais tout un groupe, plusieurs groupes, devant des tribunaux distincts… » (Michel Jas)


Voir aussi ICI


samedi 4 juillet 2020

Réactions physiologiques

« L'angoisse représente l'essence la plus dense, la plus concentrée, de l'égoïsme. La fierté de notre unicité et nos réactions physiologiques les plus élémentaires s'unissent dans sa protestation contre la lumière. Elle exprime une défense agressive de l'esprit et des instincts contre les puissances extérieures qui piétinent notre individualité et nos contours. L'univers est ainsi construit que toutes ses forces menacent la fragilité de l'individu. […] »
Emil Cioran, Fenêtre sur le Rien, Arcades Gallimard, p. 180

jeudi 2 juillet 2020

De la Jérusalem céleste à Babylone


Cet article, à l'origine une conférence donnée en 1998 : Roland Poupin, « De la Jérusalem céleste à Babylone », Colloque Le catharisme : nouvelle recherche, nouvelles perspectives, Carcassonne, 21.8.1998, a été publié dans Les cathares devant l'histoire, Mélanges offerts à Jean Duvernoy, Cahors, L'Hydre, 2005, p. 431-443. Extrait du début de l'article :


De la Jérusalem céleste à Babylone : on est là dans le cadre d'un thème et d'une imagerie classiques dans la Bible, qui en sont venus traditionnellement à renvoyer à ce qu'en termes plus abstraits, on nomme "exil métaphysique".

Si dans la Bible, on lirait, semble-t-il, plus volontiers la proposition dans l'autre sens : "de Babylone à la Jérusalem céleste", comme pour un bienheureux exode, - il y a dans le thème tout un aspect tragique dont l'histoire a enseigné, hélas, qu'il faut ne pas le négliger. On a donc parlé d'exil métaphysique - en termes religieux, de chute.

Participant de la tradition biblique, le catharisme, comme le judaïsme et le reste du christianisme, s'intéresse lui aussi plus particulièrement à l'aspect positif du thème, le retour d'exil, et notamment le retour de l'exil métaphysique, retour depuis l'aliénation, le malheur, etc. Cela dit, le catharisme, par son accentuation, en christianisme, de ce thème de l'exil, à travers son maintien de l'enseignement origénien de la chute des âmes, souligne plus particulièrement l'aspect tragique de l'exil. Par sa théologie, donc, mais aussi, et de la façon la plus cruelle, pour être incarnée, par son histoire, et plus particulièrement, on va le voir, par la fin de son histoire.

On suivra ce développement historique du thème de l'exil dans le catharisme, à travers la participation de la théologie cathare aux trois courants traditionnels qui ont vu ce thème se développer : premier temps, son développement biblique, deuxième temps, son développement dans le christianisme origénien, troisième temps, son développement dans le christianisme occidental augustinien.

Pour illustrer le propos et ce qu'il a de tragique, on commencera par une parabole du Nouveau Testament, la parabole dite "des dix vierges", dont on verra par la suite à quel point la fin de l'histoire des Parfaits pourrait en être l'explicitation cruelle […]

À suivre ici…

vendredi 19 juin 2020

In memoriam - un inédit de Michel Roquebert


Michel Roquebert, éminent historien du catharisme, est décédé ce 15 juin 2020 à l'âge de 91 ans. Ses travaux demeurent incontournables. À l'oral, lors de ses conférences, comme à l'écrit, dans ses nombreux livres dont les cinq volumes de sa monumentale Épopée cathare, il était proprement passionnant. Le temps rendra indispensable son oeuvre pour laquelle déjà les hommages se multiplient. À titre d'exemple on trouvera ici, sous la plume d'Annie Cazenave : Michel Roquebert : monumental !


Inédit :
« Doit-on revisiter l’Histoire ? » par Michel Roquebert

« Doit-on revisiter l’Histoire ? » Ce thème judicieusement choisi touche à la fois à la finalité et aux méthodes de la recherche historique. Brûlante question, en un temps où l'on a tendance à tout vouloir « revisiter » (…)

L’Histoire « revisitée » ne manque pas d'exemples, même et surtout peut-être en ce qui concerne le catharisme, de révisions drastiques qui désorientent l'amateur d'histoire en dénaturant la matière historique elle-même. (…) Cette journée du 16 mars est aussi celle du souvenir, celle de l'hommage que des hommes et des femmes jugent nécessaire de rendre, à Montségur même, aux victimes de cet acte odieux qui fut perpétré le 16 mars 1244 au pied du pog. Vous savez que, de ces 225 victimes, 63 seulement ont pu, à ce jour, être identifiées. Vous ne trouverez leurs noms sur aucune plaque commémorative – plus tard, un jour, peut-être… – mais je peux vous dire que ces noms n'arrêtent pas de chanter dans ma tête. Parce que j'ai vécu ici dix ans, et qu'à la maison 120 de la Grand-Rue, – c'était alors le nom de la Rue du Village – j'ai obstinément cherché à arracher à l'oubli, autant que je l'ai pu, ces hommes et ces femmes, et ce qu'avait été leur existence au sommet du pog. Vous qui avez vécu et êtes morts auprès d’Esclarmonde et de Corba de Péreille : Pierre ARRAU, Raymonde BARBE, Étienne BOUTARRA, Pons CAPELLE, Jean COMBEL, Guillaume DELPECH, Guillaume GARNIER, Raymond ISARN, Jean LAGARDE, Jean REY, Bertrand MARTY, Pierre DUMAS, Martin ROLAND, Pierre SIRVEN, Guillaume DEJEAN, et plusieurs dizaines d’autres, vous ne vous doutiez pas que huit siècles après vous, vos noms sonneraient si familièrement à nos oreilles : ils ont l'air de sortir de l'annuaire téléphonique…

Si dix années durant vous avez habité avec moi le 120 de la Grand-Rue, c’est parce que vous y étiez les incontournables fantômes de mes rêveries et de mes recherches, et que depuis lors vous n'avez cessé de m'accompagner, de cette présence silencieuse et muette, et pourtant si éloquente, qui me dit toujours que vous êtes autant de symboles des atrocités auxquelles conduit la pensée lorsqu'elle est dévoyée.

Il y a 800 ans, le religieusement correct avait décidé que vous étiez le Mal absolu, et qu’il fallait se débarrasser de vous par tous les moyens. Alors on vous a brûlés vifs. On vous a brûlés vifs au nom des Évangiles, alors que les Évangiles, c’étaient vous.

« Oui, j'ai "revisité" l'histoire de Montségur »

Et pourtant, pour vous trouver, vous retrouver, il m'a fallu « revisiter » l’Histoire… Oui, aussi paradoxal que cela puisse paraître après ce que j’ai dit de « Carmen », je crois qu'il est nécessaire de la revisiter sans cesse. Parce que l'histoire n'est jamais écrite une fois pour toutes. Pour la simple raison que le temps historique lui-même bouge, et que la matière de l'histoire est un paysage qui change sans cesse au fur et à mesure que le grand wagon du Temps avance sur ses rails. Tout, la perspective, les couleurs, la lumière changent. Le regard sur l'histoire change, d'abord, bien sûr, parce qu'il y a les découvertes qui nécessairement le modifient. Mais pas seulement : l’historien ne peut s'abstraire de son époque. Les concepts changent, de nouveaux apparaissent, les moyens et les méthodes de la recherche évoluent. Et puis il y a aussi, malheureusement, l'air du temps, les modes, les nouvelles idées reçues : il n'est pas toujours facile d'y échapper…

Oui, j'ai « revisité » l'histoire de Montségur. Ce n'est pas le moment de vous infliger les détails de mes démarches. Sachez simplement que j'ai évité les modes, au demeurant contradictoires, qui, à mes yeux, polluaient une saine recherche : la mode qui poussait à alimenter les dérives ésotériques, à flatter le goût du mystère et les fantasmes des chercheurs de trésor, et celle qui, inversement, si l'on peut dire, tentait de réduire l’histoire de Montségur à quelque épisode insignifiant et même à nier la réalité du bûcher.

« Citoyen de Montségur »

Entre les délires de l'imagination d’une part, de l'autre le radicalisme critique qui conduit certains à écrire qu’il n'y a jamais eu de catharisme que dans l'esprit des clercs du XIIIème siècle, la voie est parfois étroite. Et parfois elle conduit à des révisions déchirantes, difficiles à assumer. J'ai vécu de très près celle qui a trait à la date de la construction du château que nous voyons toujours au sommet du pog. Un jour où il y avait une conférence sur Montségur, je ne me rappelle pas si c'était à Toulouse ou à Carcassonne, le hasard m'a fait rencontrer René Nelli. « Tu vas à la conférence ? », lui ai-je demandé. « Oh non, me dit-il avec un sourire un peu triste, je sais ce qui va s'y dire… »

Pardonnez-moi si j'évoque un peu trop mon histoire personnelle !... Mais je me sens si proche de vous que je ne peux m'empêcher de revivre en pensée les heures, les jours, les années passées ici, et de saluer les amis qui y demeurent encore, (…) Enfin, tous ceux que je ne connais pas, à qui j’adresse le salut fraternel d’un homme fier que le maire Michel François** l’ait fait, il y a quelques années, « citoyen de Montségur ».

« Je demeure donc, à jamais, l’un des vôtres. »

Michel Roquebert

(** Michel François a été maire de Montségur de 2008 à 2014)

mardi 9 juin 2020

Le racisme, c’est quand ça ne compte pas

« Le racisme, c’est quand ça ne compte pas. Quand ils ne comptent pas. Quand on peut faire n’importe quoi avec eux, ça ne compte pas, parce qu’ils ne sont pas comme nous. Tu comprends ? Ils ne sont pas des nôtres. On peut s’en servir sans déchoir. On ne perd pas sa dignité, son “honneur”. Ils sont tellement différents de nous qu’il n’y a pas à se gêner, il ne peut y avoir… il ne peut y avoir jugement voilà. On peut leur faire faire n’importe quelle besogne parce que de toute façon, le jugement qu’ils portent sur nous, ça n’existe pas, ça ne peut pas salir… C’est ça, le racisme. » (Romain Gary)




vendredi 5 juin 2020

La prochaine fois, le feu

De Minneapolis à Washington et à Paris, des deux côtés de l’Atlantique et ailleurs, des années 1960 à aujourd'hui, même constat… Même déni d'un héritage esclavagiste et colonial à exorciser enfin de l'inconscient collectif…

C'est dans le contexte de la lutte pour les Droits civiques de M.-L. King et des obstacles qu'il rencontre que James Baldwin écrit La prochaine fois, le feu, en 1963. Extrait :

« Les Blancs furent et sont encore stupéfaits par l’holocauste dont l’Allemagne fut le théâtre. Ils ne savaient pas qu’ils étaient capables de choses pareilles. Mais je doute fort que les Noirs en aient été surpris ; au moins au même degré. Quant à moi, le sort des juifs et l’indifférence du monde à leur égard m’avaient rempli de frayeur. Je ne pouvais m’empêcher, pendant ces pénibles années, de penser que cette indifférence des hommes, au sujet de laquelle j’avais déjà tant appris, était ce à quoi je pouvais m’attendre le jour où les États-Unis décideraient d’assassiner leurs nègres systématiquement au lieu de petit à petit et à l’aveuglette. » (James Baldwin, La prochaine fois, le feu, éd. folio, p. 77)

lundi 1 juin 2020

In memoriam

George Floyd était un homme de 46 ans. Il a trouvé la mort alors qu’un officier de police américain l’avait cloué au sol, un genou sur le cou pendant presque 7 minutes, jusqu’à ce qu’il suffoque. Voici ses derniers mots :

"Mon visage
Je n’ai rien fait de grave
S’il vous plaît
S’il vous plaît
S’il vous plaît je ne peux plus respirer
S’il vous plaît
S’il vous plaît quelqu’un
S’il vous plaît
Je ne peux pas respirer
Je ne peux pas respirer
S’il vous plaît
(inaudible)
Peux plus respirer, mon visage
Lève-toi
Je ne peux pas respirer
S’il vous plaît (inaudible)
M*rde, je ne peux pas respirer
Je...
Je ne peux pas bouger
Maman
Maman
Je ne peux pas
Mes genoux
Mes bourses



Ça y est
Ça y est
Je suis claustrophobe
J’ai mal au ventre
J’ai mal au cou
J’ai mal partout
De l’eau, quelque chose
S’il vous plaît
S’il vous plaît
Officier je ne peux plus respirer
Ne me tuez pas
Vous allez me tuer
Allez
Je ne peux plus respirer
Je ne peux plus respirer
Ils vont me tuer
Ils vont me tuer
Je ne peux plus respirer
Je ne peux plus respirer
S’il vous plaît monsieur
S’il vous plaît
S’il vous plaît
S’il vous plaît je ne peux plus respirer"
Ses yeux se sont alors fermés. Ses supplications ont cessé. Quelques instants plus tard, George Floyd était déclaré mort.

jeudi 21 mai 2020

"Tu étais en moi, je te cherchais dehors"

« C'est bien tard lorsque je t'ai aimée, beauté si ancienne et si neuve, c'était bien tard ! Tu étais en moi, mais moi j'étais dehors et c'est là que je te cherchais ! Tu étais avec moi, mais moi j'étais sans toi ! Tu m'as appelé et de ton cri tu as percé ma surdité. Tu as flamboyé et la splendeur de ton éclat a vaincu ma cécité. Tu m'as touché et je me suis enflammé pour la paix que tu donnes. Quand je me serai attaché à toi de tout mon être, il n'y aura plus pour moi ni douleur, ni peine et ma vie sera une vie toute pleine de toi. Ce n'est pas encore le cas et je me pèse à moi-même ! Seigneur, aie pitié de moi ! Je ne cache pas mes blessures. Tu es le médecin et c'est moi le malade. Qui désire les chagrins et les peines ? Tu commandes de les supporter, non de les aimer. Personne n'aime ce qu'il doit supporter. Et quand on se réjouirait de supporter, on préférerait n'avoir pas à supporter. Dans l'adversité je désire le bonheur, dans le bonheur j'ai peur de l'adversité. Y a-t-il un juste milieu où la vie de l'homme ne serait pas une tentation ?
Malheur aux succès d'ici bas : Ils redoutent l'adversité et leur joie s'évapore. Et surtout malheur aux adversités d'ici bas : Elles sont nostalgie du bonheur. Elles sont bien dures et lassent la patience. La vie de l'homme sur la terre n'est-elle qu'une tentation sans fin ? »
Augustin d'Hippone, Les Confessions, 10, 27

samedi 2 mai 2020

Oubli, mémoire & éternité


"Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever la mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Et quelqu'un d'autre leur écrit d'autres livres, leur donne une autre culture et leur invente une autre Histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu'il est et ce qu'il était. Le monde autour de lui l'oublie encore plus vite."
(Milan Hübl, cité par Milan Kundera in Le livre du rire et de l'oubli, folio, p. 244)

"Chacun souffre à l'idée de disparaître, non entendu et non aperçu, dans un univers indifférent, et de ce fait il veut, pendant qu'il est encore temps, se changer lui-même en son propre univers de mots.
(Milan Kundera, Le Livre du rire et de l'oubli, folio, p. 167)

"Je sais que ma naissance est un hasard, un accident risible, et cependant, dès que je m’oublie, je me comporte comme si elle était un événement capital, indispensable à la marche et à l’équilibre du monde."
(Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né, in Œuvres, Quarto Gallimard, p. 1273)

"Votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu." (Épître aux Colossiens, ch. 3, v. 3)

dimanche 12 avril 2020

C’est la porte du SEIGNEUR…

Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour raconter les œuvres du Seigneur

Psaume 118, 17



Pâques confinées

Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour raconter les œuvres du Seigneur
:
Certes le Seigneur m’a corrigé,
mais il ne m’a pas livré à la mort.
Ouvrez-moi les portes de la justice,
j’entrerai pour célébrer le Seigneur.
– C’est la porte du Seigneur ;
que les justes entrent !

Psaume 118, 17-20

jeudi 2 avril 2020

"Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme"



« Le fléau n’est pas à la mesure de l’homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c’est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent […]. Nos concitoyens […] oubliaient d’être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l’avenir, les déplacements et les discussions ? » (Albert Camus, La peste)


Cène virtuelle

samedi 28 mars 2020

Un mètre de distance

jeudi 26 mars 2020

Angélologie et révolution astronomique

« […] si merveilleux que puissent être l'ordonnance et les relations qui règnent dans le monde des corps, lequel est le monde de la nuit et des ténèbres, celles qui règnent dans le monde des pures Lumières sont nécessairement antérieures et supérieures à celles-là. Or que peuvent faire les philosophes péripatéticiens avec un plérôme d’Intelligences limité à un nombre aussi dérisoire [55 Intelligences angéliques au plus (Averroès)] ? Non, les relations et proportions qui règnent dans le monde de la Lumière sont infiniment plus merveilleuses, plus réelles et plus complexes que celle que nous découvrons en ce monde-ci et qui n'en sont que l'ombre projetée.
[…] l'angélologie, [Sohrawardî (1155-1191)] le rappellera en maintes occasions, était par excellence ce qui inspirait la pensée et réglait le culte des anciens Perses. Notons-le : Sohrawardî a eu le pressentiment des merveilles insondables du "Ciel des Fixes" (appellation groupant aussi bien tous les systèmes et galaxies qui sont en dehors de notre système solaire). Sa découverte de l'angélologie allait de pair avec une révolution astronomique faisant éclater les Cieux limités de l’astronomie d’Aristote ou de Ptolémée, tandis qu'en Occident la révolution astronomique se fit aux dépens de l'angélologie. »
(Henry Corbin, En islam iranien II, Sohrawardî et les platoniciens de la Perse, Tel Gallimard, p. 97.)

mercredi 25 mars 2020

Succession des jours

"Quand l'homme réconcilié avec le devenir, reçoit la succession des jours comme un cadeau gratuit qui lui est fait, dit merci à la nouvelle lumière du nouveau matin et au nouveau printemps, accepte la nouvelle saison de l'année comme un don auquel il n'avait pas droit, lorsque sa gratitude pour cette grâce imprévue lui rend perceptible le joyeux avènement de quelque chose d'autre, alors l'homme converti au caractère insolite de l'instant s'émerveille de trouver l'aventure dans la vie la plus quotidienne ; il la trouve en ouvrant ses persiennes le matin, et il rend grâce à Dieu d'avoir permis qu'il vive jusqu'à cette nouvelle aurore." (Vladimir Jankélévitch, L'aventure, l'ennui, le sérieux)


lundi 16 mars 2020

Dans le silence et la nuit…


… de la pandémie et des concerts annulés - à Poitiers (prévu initialement au temple pour le 31 mars)

Ou ici aussi, en Californie, Orchestre Corona :




Quelques gouttes de lumière…



Mary Vanhoozer-Rodriguez - Suite Bergamasque de Claude Debussy

vendredi 6 mars 2020

En toute circonstance

"On doit se ranger du côté des opprimés en toute circonstance même quand ils ont tort, sans pour autant perdre de vue qu’ils sont pétris de la même boue que leurs oppresseurs."
(Cioran, De l'inconvénient d'être né, folio p. 149)


Avertissement ignoré par l'élite de l'art littéraire, cinématographique, etc., qui, après s’être vue obligée de se détourner de Matzneff – dépourvu d'un passé de victime qui excuserait tout –, s'auto-acquitte de ses approbations passées (et présentes) en (re-)couronnant Polanski.

« Ce que je voudrais faire c’est crier… » (A. Dworkin)

mardi 25 février 2020

"Lève-toi, prends ta natte et marche !"



Jean 5, 2-9
2 Or il existe à Jérusalem, près de la porte des Brebis, une piscine qui s’appelle en hébreu Bethzatha. Elle possède cinq portiques,
3 sous lesquels gisaient une foule de malades, aveugles, boiteux, impotents. [… 4]
5 Il y avait là un homme infirme depuis trente-huit ans.
6 Jésus le vit couché et, apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit : « Veux-tu guérir ? »
7 L’infirme lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau commence à s’agiter ; et, le temps d’y aller, un autre descend avant moi. »
8 Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ta natte et marche. »
9 Et aussitôt l’homme fut guéri ; il prit sa natte, il marchait.


JMP 2020 - vendredi 6 mars
Poitiers - à église Saint-Porchaire à 18 h 00
Châtellerault - au temple à 18 h 30


vendredi 14 février 2020

Jeanne d'Arc… protestante

« Elle refusa de céder aux prêtres son lien direct avec Dieu ; elle refusa de céder à l’Église son lien direct avec la volonté de Dieu ; elle refusa de céder sa conscience personnelle à la règle de l’Église ou à la pratique de l’Église ou à la politique de l’Église. George Bernard Shaw parle de "son protestantisme inconscient" [in Sainte Jeanne, 1924|1939]. Mais sa rébellion était plus simple et plus profonde que celle de Luther, car le droit qu’elle revendiquait – le droit à l’intimité de sa conscience et de son lien avec Dieu – était ancré dans un droit à l’intimité physique, un droit fondamental, mais que n’avait encore réclamé aucune femme, ce droit à l’intimité physique étant essentiel à l’intimité personnelle et à l’autodétermi­nation. » (Andrea Dworkin, Coïts [1987], trad. M. Duquesne, éd. Syllepse, 2019, p. 120)

jeudi 13 février 2020

Thomas d’Aquin préoccupé par les "manichéens"


À la table du roi de France

« À propos de cette abstraction mentale et de cette contemplation, merveilleuses et inouïes, on raconte qu’une fois que saint Louis, roi de France, l’avait invité à sa table, il s’excusa humblement en raison du travail que représentait la Somme de théologie, qu’il était en train de dicter à ce moment-là. Mais le roi et le prieur du couvent de Paris obtinrent du maître à la fois humble et sublime dans sa contemplation qu’il s’inclinât devant leur volonté. Il quitta donc son étude, et, gardant à l’esprit les pensées qu’il avait formées quand il était dans sa cellule, il se rendit chez le roi. Comme il était assis à sa table, une vérité de foi lui fut tout à coup divinement inspirée. Alors il frappa la table de son poing en disant : "Cette fois, c’en est fait de l’hérésie des manichéens !" Alors le prieur lui dit en le touchant : "Prenez garde, maître, vous êtes à la table du roi de France !" Et il tira vivement sur sa chape, pour le faire sortir de son abstraction. Alors le maître, semblant revenir à ses sens, s’inclina devant le saint roi en le priant de lui pardonner d’avoir eu une telle distraction à la table royale. Le roi fut admiratif et édifié par la conduite du maître, car celui-ci, qui appartenait à la noblesse, aurait pu se laisser charmer par l’invitation royale et être distrait de sa contemplation. Et pourtant ce fut l’abstraction de l’esprit qui domina en lui, à ce point que ses sens ne purent faire descendre son esprit des hauteurs où il se trouvait pendant le repas. Le saint roi fut assez avisé pour ne pas laisser perdre la méditation qui avait pu ainsi absorber l’esprit de notre docteur. Il appela donc son secrétaire, voulant faire consigner par écrit, en sa présence, ce que le docteur gardait en secret – bien que rien ne pérît dans la mémoire du docteur de ce qui lui était infusé par l’Esprit divin – pour qu’il le conservât. »

Guillaume de Tocco, L'Histoire de saint Thomas d'Aquin (texte écrit entre 1318 et 1323), Cerf 2005, extrait par Isolde Cambournac

samedi 8 février 2020

Cathares - quelle nostalgie ?



Texte ici

mardi 4 février 2020

Mila, Caïphe et Ponce-Pilate


Blasphème ! Tel est, selon les Évangiles, le prétexte de la condamnation de Jésus. En fait, le vrai motif est politique : Jésus dérange le désordre établi dans une complicité entre Rome, la vraie puissance régnante, et les pontifes judéens, avec leur chef Caïphe, qui doivent leur trône au pouvoir romain. Car c'est bien là le motif officiel de la condamnation de Jésus, inscrit sur la croix : « Jésus de Nazareth, roi des Judéens ». C'est la véritable raison, que l'on retrouve dans la bouche de ce même Caïphe, selon l'Évangile de Jean : « il vaut mieux qu'un seul homme meure que tout le peuple » (Jean 18, 14), dit-il face à la menace d'une opération massive de la police romaine si les rumeurs messianiques autour de Jésus, perçues comme politiques, persistent. Ce même Caïphe qui s’exclame par ailleurs (Matthieu 26, 65) : « Il a blasphémé. Qu’avons-nous encore besoin de témoins ! Vous venez d’entendre le blasphème. » Prétexte que ce blasphème qui consiste, toujours d'après Caïphe selon les Évangiles, à s'être appliqué une prophétie du Livre de Daniel (cf. Matthieu 26, 64). Quant au pouvoir réel, Ponce-Pilate, représentant attitré de Rome, il s'en lave les mains.

Que nous dit cet épisode, outre le fait que Jésus a été condamné au prétexte au fond politique de blasphème ? Cet épisode enseigne précisément que l'accusation de blasphème est un prétexte éminemment politique, toujours ! Dès la Torah, disant Dieu comme irreprésentable, le blasphème est subverti et dévoilé comme il est à nouveau dévoilé lors du procès de Jésus. Que blasphémer en effet ? que caricaturer de Dieu si nul ne sait comment il est ? Aussi lorsque la notion de blasphème est maintenue par la Torah, manque la précision de ce à quoi elle s'adresse : des figures représentées ? un monarque absolu, fût-il figure céleste ? Il n'y en a plus ! La pointe du déchaînement contre les blasphémateurs et les blasphématrices qui déboucherait sur la violence à leur endroit est bel et bien émoussée. Ainsi entre un Dieu invisible, au-delà de tout nom, et donc inblasphémable, et un crucifié pour blasphème, est dévoilée la réalité éminemment politique de ce prétexte immémorial de toute lâcheté.

Jésus dénoncé pour blasphème, comme prétexte, le blasphémateur s'avère n'être rien d'autre que celui qui met en cause un pouvoir qui ne tient que de la terreur qu'il fait peser lâchement en prétextant défendre un Dieu qu'ipso facto il prétend décrire. Où l’accusation de blasphème, à bien y regarder, s'avère idolâtre, en plus d'être lâche, prétexte à ne pas dire clairement une volonté d'imposer un pouvoir sur les cœurs et les âmes… suscitant par la menace une lâcheté supplémentaire, celle de ceux qui ont bien senti le problème et qui jouent les fiers à bras en blasphémant là où il n'y a pas de risque ! Quel risque à offenser ceux qui professent tendre l'autre joue ? En revanche, les mêmes fiers à bras sont bien plus timorés quand le blasphème vaut menace de mort ! Où se vérifie à nouveau qu'il est bien en tout cela question de pouvoir, question indubitablement politique.

Où une Mila s'avère malgré elle vraie dénonciatrice de veaux d'or, d'idoles de la force brute (figures de pouvoir, à commencer par celui du jeune mâle, vexé d'être éconduit par le courage avec lequel elle mettait le holà au pouvoir sur elle auquel il prétendait) ; elle en devient témoin du Dieu inrisible ! contre quelque idole (fût-elle idole unique) que ce soit…

RP

lundi 27 janvier 2020

27 janvier 1945


« Un historien étudie tous les documents disponibles et en tire des conclusions. Mais Robert Faurisson [et consorts] n’est pas un historien, c’est un idéologue. Il fait l’inverse : décidé à prouver son propos, il ne retient que les documents qui semblent confirmer ses thèses. »

(Cf. ici : Aux origines du négationnisme… et ici : Mécaniques du complotisme)


Auschwitz Facts: 25 Important Facts About Auschwitz ...

mercredi 15 janvier 2020

Les cathares ? État de la question



Texte ici