mercredi 3 août 2022

Patriarcat pour tous ?



« La GPA opère un “renversement des principes du droit qui ne dit pas son nom (‘novdroit’)” en méconnaissant l’article 56 du code civil selon lequel “la mère est celle qui accouche" » (Nathalie Heinich, Préface à Les marchés de la maternité, éd. O. Jacob, p. 11).

Cette affirmation de l'article 56 du code civil ouvre, ouvrait jusque là, sur une heureuse potentielle remise en cause du système patriarcal — système renforcé depuis, dans un apparent paradoxe, par le ”mariage pour tous” !

Jusque là : « "Le cœur du mariage, ce n'est pas le couple mais la présomption de paternité", disait Jean Carbonnier, le grand réformateur du droit de la famille » — ainsi que le rappelle Irène Théry ("Le mariage n'est plus le socle de la famille", JDD 2012/2017). Ce n’est plus le cas désormais, admet-elle (ibid.). Le "mariage pour tous” a rendu caduque cette conception du mariage, liée à ce que la mère est celle qui accouche — le père étant celui qui est présumé tel en tant qu’époux de la mère (ou qui reconnaît l'enfant de la mère).

Voilà qui est (était) potentiellement matrilinéaire, condition pour un dépassement, jamais arrivé jusque là, du système patriarcal — désormais renforcé suite au "mariage pour tous", puis, à présent, doublement renforcé par la GPA, qui de facto, abolit la mère comme celle qui accouche, au profit de la “mère d’intention”, ou du (des) “père(s) d’intention”.