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samedi 23 décembre 2023

"Le message de Noël arrive juste au bon moment"



Texte proposé par Jean-Paul Sanfourche


« … aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né
un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur. » (Luc, 2,11)


C’est en ces termes émouvants que le pasteur Dietrich Bonhoeffer, du camp de concentration bavarois de Flossenburg, écrivait à sa fiancée, Maria von Wedemeyer :

« […] Combien est grand le danger de se sentir livré à un hasard aveugle, de quelle manière pernicieuse la méfiance et l’amertume s’insinuent-elles dans notre cœur, et avec combien de facilité cette idée puérile nous conquiert, comme si nous étions dans notre vie, nos chemins et nos destinées entre les mains des hommes – et lorsque tout cela nous assaille au point que nous ne pouvons guère plus nous défendre, alors le message de Noël arrive juste au bon moment. Il nous dit que toutes nos pensées sont fausses, que ce qui nous paraît mauvais et obscur est en vérité bon et lumineux, parce que cela vient de Dieu ; ce sont nos yeux seulement qui nous trompent ; Dieu est dans la crèche, la richesse dans la pauvreté, la lumière dans la nuit, le secours dans l’abandon ; il ne nous arrive rien de mal ; […] Il n’est pas question ici de l’impassibilité stoïque vis-à-vis de tous les événements extérieurs, mais d’une souffrance et d’une joie véritable, parce que nous savons que le Christ est là présent. Maria bien-aimée, fêtons Noël de cette manière. Sois au milieu des autres, aussi gaie qu’on ne peut l’être qu’à Noël. Ne t’imagine pas des images horribles de moi dans ma cellule, mais simplement que le Christ traverse aussi les prisons, et qu’il s’arrêtera dans la mienne. »

L’auteur du « Prix de la Grâce », fidèle à l’éthique de la « suivance » (Nachfolge) comme réponse à Celui qui appelle, y compris dans la souffrance, adresse cette lettre – une de ses dernières lettres – à sa fiancée, le 13 décembre 1944. Il savait que leurs « destinées » ne s’uniraient pas. Pour avoir défendu les juifs persécutés et conspiré pour mettre un terme à un régime abominable, ses jours étaient comptés. Il le pressentait. Et sur cet arrière-plan tragique, nul mieux que lui n’a parlé en si peu de mots du « message de Noël ». Tant d’épreuves, tant d’injustices, tant de douleurs et d’humiliations auraient pu être le terreau du doute – qu’il a connu et dépassé à la prison de Tregen. Faisant la part du monde et du Royaume, qu’il ne sépare jamais, les unissant dans une « réalité totale », il affirme et rappelle que nos destins ne dépendent pas des hommes mais de Dieu seul. Au venin des passions tristes, la méfiance, la crainte, l’amertume, le ressentiment, il oppose un détachement qui n’a rien de stoïque. Au creux même de sa vulnérabilité et de son impuissance, il se soustrait sans angoisse à l’injustice des hommes en se livrant avec une confiance sans réserve à Dieu, de tout son amour, de toute son âme, de toute sa pensée.

Noël, pour Bonhoeffer comme il le faudrait aussi pour nous, c’est l’affirmation de la présence vécue de Christ, déjà là, dans nos vies, dans nos moments lumineux et nos nuits intérieures. C’est le moment des vraies questions que nous devrions sans cesse nous poser à nous-mêmes : nous croyons penser juste mais peut-être nous trompons-nous ? Nos certitudes seraient-elles entachées d’erreur ? Car nous sommes incapables de penser « en vérité ». Nos faibles intelligences ne nous permettent pas de voir la lumière que masquent les ténèbres, ni de comprendre le dessein de Dieu. Nos certitudes ne seraient-elles que leurres ? Noël est le moment du dépassement de soi. Dépassement chez Bonhoeffer qui n’est pas le résultat d’un effort intellectuel et volontaire sur soi, ou l’aboutissement d’une philosophie, mais l’accomplissement intérieur d’une vraie liberté, celle que donne la foi. Accomplissement tel qu’un homme qui a tant donné, qui a tant souffert, qui sera pendu dans quelques jours, est capable, dans un raccourci impressionnant, dans une logique suggérée et fulgurante, de déclarer : « Dieu est dans la crèche […] il ne nous arrive rien de mal. »

Noël est « le bon moment » dans l’âme humaine. Mais n’oublions pas ce que prêche aussi Maître Eckhart : « Noël, c’est chaque jour. »

Jean-Paul Sanfourche

dimanche 26 décembre 2021

"Et Joseph dit : 'pas de ma faute non plus'…"

Desmond Tutu (7.10.1931-26.12.2021)

mardi 21 décembre 2021

Il se joignit à l'ange une multitude...


« Il se joignit à l'ange une multitude de l'armée céleste, qui louait Dieu et disait :



"Gloire à Dieu au plus haut des cieux
et sur la terre paix pour ses bien-aimés."
»
(Luc 2, 13-14)





Veillée de Noël le 24 décembre à 18h30 au temple, 5 rue des Écossais, Poitiers






“La philosophie spontanée de l'historien relève d'un réalisme critique qui fait front de deux côtés.
Sur un premier front, l'historien présuppose la factualité de l'événement, au sens large de ce au sujet de quoi quelqu'un témoigne, cela dont il est question dans les documents. En ce premier sens, l'historien ne peut trouver qu'un mauvais recours dans la linguistique saussurienne qui réduit le signe au couple signifiant/signifié à l'exclusion du référent. […]
Sur l'autre front, l'historien sait que sa preuve relève d'une logique de la probabilité plutôt que de la nécessité logique, la probabilité portant moins sur le caractère aléatoire des événements que sur le degré de fiabilité du témoignage et, de proche en proche, de toutes les propositions du discours historique. […]”

(Paul Ricœur, “L'écriture de l'histoire et la représentation du passé”, Annales, 2000, 55-4, pp. 731-747)


jeudi 24 décembre 2020

Parole devenue chair

‭Temps unique et éternel…
« la parole est devenue chair…
‭Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans l'intimité du Père, est celui qui l’a exprimé.‭ »
(Jean 1, 14 & 18)


Une rose a fleuri…



Bach - Messe en si mineur - Et incarnatus est | Philippe Herreweghe

mardi 24 décembre 2019

Les Mages, le Père Noël et les autres


oilà que se présentent les fameux Mages venus d’Orient (Matthieu 2, 1-12). Les voilà bientôt sacrés rois (en regard d'Ésaïe 60, du Psaume 72, etc.), trois rois représentant les trois continents d’alors (Afrique, Asie, Europe), là où Matthieu les présentait comme des sortes de prêtres – des savants dira-t-on bientôt, miraculeusement présents, grâce à leur science des étoiles, la nuit du 25 décembre -0001. Car voilà qu'on s’est mis à enseigner aussi que Jésus est né un 25 décembre. Mais, nous disent les savants, les successeurs des Mages en quelque sorte, le 25 décembre c'est impossible : les bergers de Luc ne pouvaient être dans les champs en cette saison. Et de nous faire remarquer que le 25 décembre est la date d'une fête païenne en l'honneur du soleil – vénéré alors sous la forme de telle ou telle divinité solaire, comme Mithra, une des figures de la religion mazdéenne d'alors, la religion des Mages.

Alors, fête du Messie biblique, Messie de Bethléem, ou fête païenne ? Controverse sempiternelle, d’autant plus vigoureuse que selon toute vraisemblance, non seulement il n'est pas né un 25 décembre, mais qu'en plus ce n'était d'ailleurs même pas en -0001 ! Et si alors, le problème était toujours celui de savoir si Jésus est le Messie biblique ou celui qui concerne aussi les païens ? Et si c'était toujours autant un faux débat qu'à l'époque ?

t si, comme tout en étant né à Bethléem en Judée, Jésus est aussi galiléen, – si sous un certain angle, un angle bien réel, Jésus était vraiment né un 25 décembre ? Si nos païens d'ancêtres dans la foi, avaient vraiment été saisis par l'Esprit de Dieu, Esprit par lequel on perçoit que ce Messie biblique concerne aussi les païens ? Qu'est-ce en effet que le 25 décembre ? C'est la fête du solstice d'hiver, selon un ancien calendrier romain (avant la mise en place par Jules César du calendrier julien qui fixe le solstice au 21 décembre – mais l’habitude de le fêter le 25 décembre a alors perduré), marquant le moment où la nuit cesse de croître et où le jour augmente, le moment où la lumière nous rejoint dans nos ténèbres. Ne dit-on pas que Jésus est le soleil de justice ? Voilà que dans l'Empire romain, on fêtait ce jour-là la fête du soleil, et voilà que le christianisme a triomphé dans l'Empire même, après trois siècles de suspicion et de persécutions récurrentes. Certes le temps est resté le temps, l’Empire est resté l’Empire, persécutant à leur tour bientôt, hélas, tous ceux qui n’étaient pas chrétiens, juifs comme païens. Mais les plus sages ont discerné quand même dans cette rencontre d’une fête solaire un signe que ceux qui se veulent les plus savants d'aujourd'hui ne savent pas reconnaître parce que cela ne correspond pas à la rigueur de l'Histoire.

Dans l'Histoire historienne, Jésus n'est pas né un 25 décembre ? Certes. Mais si l'on est attentif on peut être à même de percevoir qu'il est aussi une autre dimension. Rappelons-nous que les anges ont empli les cieux de leur louange au jour de la naissance de Jésus. Et que le temps des anges n'est pas le nôtre, qu'il est entre le nôtre et celui de Dieu, où « mille ans sont comme un jour » (Psaume 90 / 2 Pierre 3). Si, en toute rigueur historienne, Jésus n'est effectivement sans doute pas né un 25 décembre, ne sont-ils pas éclairés de ce qu'il est des réalités au-delà des nôtres, ceux qui ont soupçonné les vérités de ce temps des anges, un temps dont le vrai signe dans notre temps est effectivement le 25 décembre. Ici le jour nouveau se lève, brillant d'une lumière dont on ne soupçonnait pas même l'existence, on passe des temps nocturnes aux temps solaires, au temps du soleil de justice, qui concerne tous les peuples, qui concerne les païens.

Et voilà que l’on date à présent nos siècles à partir de sa naissance. Et que l’on est passé avec le Christ à un calendrier solaire – car le calendrier biblique est lui un calendrier lunaire, luni-solaire, au cœur duquel est inscrite aussi la promesse de la lumière, exprimée par la fête juive de Hanoukka, célébrée aussi en ces temps de solstice d’hiver. Voici, avec Jésus, un nouveau calendrier, solaire, dont le premier mois, janvier, est celui qui succède immédiatement à celui de sa naissance, huit jours après, c’est-à-dire le jour de sa circoncision – selon le temps angélique s'entend –, là où auparavant l'année commençait en avril. Que celui-là voie, qui a des yeux pour voir, est-on tenté de dire, pour dépasser, comme l'ont dépassé les Évangiles, le problème de savoir si c'est là le Messie biblique ou s'il concerne les païens.

oint de contradiction ici : le Messie de la Bible concerne bien aussi les païens. C'est vers lui, vers sa lumière, que sont venus, guidés par l'étoile confuse de leur confuse astrologie, les Mages, ces païens d'Orient. C'est vers lui que se dresse l'arbre de Jessé, père de David, comme l'arbre de toute la création qui se dresse vers sa lumière qu'annonce cette même étoile des Mages.

Et à y regarder de près, les yeux de la foi découvrent alors que cette fête que l'on voudrait dénoncer comme païenne est celle de la bonne nouvelle du salut de Dieu pour les païens, que représentent ici les Mages. Elle est celle du chant de toute la création à la rencontre de la lumière à laquelle elle est appelée.

Car c'est bien là le sens de l'arbre de Noël, figure de celui de Jessé et de celui de toute la création que Dieu fait croître à sa rencontre. Symbole païen ? Introduit en fait par la réforme luthérienne pour symboliser la vérité du 25 décembre, celle de la naissance du Christ. Un arbre qui se dresse vers la lumière annoncée par l'étoile, comme celui de la famille de Jessé et de David vers le Messie et celui de toute la création vers son salut. Cela en passant par la faute même qu'il s'agit de couvrir, symbolisée par les boules de nos arbres, qui sont au départ simplement des pommes stylisées – pommes (malum en latin), pommes du bien et du mal, mal (malum aussi en latin) – englouti par le Christ dans la lumière, qui dès lors parcourt toute la création, lumière figurée elle par les guirlandes de lumière qui courent dans tout l'arbre.

t le père Noël, avec ses allures de lutin des cultes scandinaves ? On a évoqué l’histoire des Mages, ces païens qui menaient des cadeaux aux pieds du Messie biblique, aux pieds d'un enfant né dans les ténèbres de l'humilité – la nuit, donc, dans le temps angélique – pour couvrir de lumière jusqu'à sa Galilée païenne.

Il enseignera, ce Messie, que les plus petits que nous croisons sont lui-même venu dans le secret. C'est là ce qu'a très bien compris un évêque de l'Antiquité, nommé Nicolas, devenu saint Nicolas parce qu'il ne supportait pas, lui disciple d'un enfant pauvre, de voir la misère, plus particulièrement celle des enfants. Alors en secret, il leur faisait des cadeaux qui allégeaient leur peine, comme les Mages offrant leurs dons au Christ.

Plus tard, toujours la réforme luthérienne – fructueuse en pays scandinave – découvrait que saint Nicolas, dans son humilité, dévoilait des actions angéliques. Derrière saint Nicolas, un simple homme, s'ouvre le monde angélique, dévoilant lui-même la réalité de Dieu. Un ange est derrière saint Nicolas, comme derrière les Mages, étrangers en visite, rappelant les étrangers visitant Abraham, et dans lesquels le patriarche reconnaissait le présence angélique, et la présence de Dieu même lui annonçant la naissance de son enfant. Un ange est derrière saint Nicolas, ange qui sera figuré sous les traits des anges scandinaves, elfes et lutins. C'est la figure du père Noël, que dévoile saint Nicolas, une figure angélique du don gratuit.

lors contrairement à ce que s'imaginent certains de ceux qui croient savoir, le père Noël existe, manifestation angélique de l'art de donner dans le secret, de l'art de donner de la joie à ceux qui ressemblent au Messie nouveau-né dans sa crèche.

Et derrière cette figure angélique, il y a au plus haut des cieux, comme le crient les anges effectivement présents à Noël selon les Évangiles, la présence du don suprême, le grand cadeau de Dieu par lequel la paix vient sur la terre aux hommes dans sa bienveillance – don de Dieu réconciliant le monde avec lui-même (2 Co 5), rassemblant le monde de la Bible et celui des païens, le cadeau par lequel il déploie éternellement son amour envers nous.

RP


lundi 24 décembre 2018

Joyeux Noël


« Car un enfant nous est né, un fils nous est donné » (Ésaïe 9, 5)

samedi 16 décembre 2017

"Un enfant nous est né"


« Car un enfant nous est né » (Ésaïe 9, 5).

« Le nouveau apparaît […] toujours comme un miracle. Le fait que l'homme est capable d'action signifie que de sa part on peut s'attendre à l'inattendu, qu'il est en mesure d'accomplir ce qui est infiniment improbable ». Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne

« Tout acte, dans la mesure où il interrompt l'automatisme de la chaîne des probabilités est un "miracle". Et s'il est vrai que l'action et le commencement sont essentiellement la même chose, il faut en conclure qu'une capacité d'accomplir des miracles compte aussi au nombre des facultés humaines ». Hannah Arendt, Crise de la culture

« C'est cette espérance et cette foi […] qui ont trouvé sans doute leur expression la plus succincte, la plus glorieuse dans la petite phrase des Évangiles annonçant leur "bonne nouvelle" : "un enfant nous est né" ». Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne

lundi 24 décembre 2012

Ange du don

Heureux Noël !


"Quand tu fais un acte de compassion, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite" (Matthieu 6, 3)