mardi 25 février 2020

"Lève-toi, prends ta natte et marche !"



Jean 5, 2-9
2 Or il existe à Jérusalem, près de la porte des Brebis, une piscine qui s’appelle en hébreu Bethzatha. Elle possède cinq portiques,
3 sous lesquels gisaient une foule de malades, aveugles, boiteux, impotents. [… 4]
5 Il y avait là un homme infirme depuis trente-huit ans.
6 Jésus le vit couché et, apprenant qu’il était dans cet état depuis longtemps déjà, lui dit : « Veux-tu guérir ? »
7 L’infirme lui répondit : « Seigneur, je n’ai personne pour me plonger dans la piscine au moment où l’eau commence à s’agiter ; et, le temps d’y aller, un autre descend avant moi. »
8 Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ta natte et marche. »
9 Et aussitôt l’homme fut guéri ; il prit sa natte, il marchait.


JMP 2020 - vendredi 6 mars
Poitiers - à église Saint-Porchaire à 18 h 00
Châtellerault - au temple à 18 h 30


vendredi 14 février 2020

Jeanne d'Arc… protestante

« Elle refusa de céder aux prêtres son lien direct avec Dieu ; elle refusa de céder à l’Église son lien direct avec la volonté de Dieu ; elle refusa de céder sa conscience personnelle à la règle de l’Église ou à la pratique de l’Église ou à la politique de l’Église. George Bernard Shaw parle de "son protestantisme inconscient" [in Sainte Jeanne, 1924|1939]. Mais sa rébellion était plus simple et plus profonde que celle de Luther, car le droit qu’elle revendiquait – le droit à l’intimité de sa conscience et de son lien avec Dieu – était ancré dans un droit à l’intimité physique, un droit fondamental, mais que n’avait encore réclamé aucune femme, ce droit à l’intimité physique étant essentiel à l’intimité personnelle et à l’autodétermi­nation. » (Andrea Dworkin, Coïts [1987], trad. M. Duquesne, éd. Syllepse, 2019, p. 120)

jeudi 13 février 2020

Thomas d’Aquin préoccupé par les "manichéens"


À la table du roi de France

« À propos de cette abstraction mentale et de cette contemplation, merveilleuses et inouïes, on raconte qu’une fois que saint Louis, roi de France, l’avait invité à sa table, il s’excusa humblement en raison du travail que représentait la Somme de théologie, qu’il était en train de dicter à ce moment-là. Mais le roi et le prieur du couvent de Paris obtinrent du maître à la fois humble et sublime dans sa contemplation qu’il s’inclinât devant leur volonté. Il quitta donc son étude, et, gardant à l’esprit les pensées qu’il avait formées quand il était dans sa cellule, il se rendit chez le roi. Comme il était assis à sa table, une vérité de foi lui fut tout à coup divinement inspirée. Alors il frappa la table de son poing en disant : "Cette fois, c’en est fait de l’hérésie des manichéens !" Alors le prieur lui dit en le touchant : "Prenez garde, maître, vous êtes à la table du roi de France !" Et il tira vivement sur sa chape, pour le faire sortir de son abstraction. Alors le maître, semblant revenir à ses sens, s’inclina devant le saint roi en le priant de lui pardonner d’avoir eu une telle distraction à la table royale. Le roi fut admiratif et édifié par la conduite du maître, car celui-ci, qui appartenait à la noblesse, aurait pu se laisser charmer par l’invitation royale et être distrait de sa contemplation. Et pourtant ce fut l’abstraction de l’esprit qui domina en lui, à ce point que ses sens ne purent faire descendre son esprit des hauteurs où il se trouvait pendant le repas. Le saint roi fut assez avisé pour ne pas laisser perdre la méditation qui avait pu ainsi absorber l’esprit de notre docteur. Il appela donc son secrétaire, voulant faire consigner par écrit, en sa présence, ce que le docteur gardait en secret – bien que rien ne pérît dans la mémoire du docteur de ce qui lui était infusé par l’Esprit divin – pour qu’il le conservât. »

Guillaume de Tocco, L'Histoire de saint Thomas d'Aquin (texte écrit entre 1318 et 1323), Cerf 2005, extrait par Isolde Cambournac

samedi 8 février 2020

Cathares - quelle nostalgie ?



Texte ici

mardi 4 février 2020

Mila, Caïphe et Ponce-Pilate


Blasphème ! Tel est, selon les Évangiles, le prétexte de la condamnation de Jésus. En fait, le vrai motif est politique : Jésus dérange le désordre établi dans une complicité entre Rome, la vraie puissance régnante, et les pontifes judéens, avec leur chef Caïphe, qui doivent leur trône au pouvoir romain. Car c'est bien là le motif officiel de la condamnation de Jésus, inscrit sur la croix : « Jésus de Nazareth, roi des Judéens ». C'est la véritable raison, que l'on retrouve dans la bouche de ce même Caïphe, selon l'Évangile de Jean : « il vaut mieux qu'un seul homme meure que tout le peuple » (Jean 18, 14), dit-il face à la menace d'une opération massive de la police romaine si les rumeurs messianiques autour de Jésus, perçues comme politiques, persistent. Ce même Caïphe qui s’exclame par ailleurs (Matthieu 26, 65) : « Il a blasphémé. Qu’avons-nous encore besoin de témoins ! Vous venez d’entendre le blasphème. » Prétexte que ce blasphème qui consiste, toujours d'après Caïphe selon les Évangiles, à s'être appliqué une prophétie du Livre de Daniel (cf. Matthieu 26, 64). Quant au pouvoir réel, Ponce-Pilate, représentant attitré de Rome, il s'en lave les mains.

Que nous dit cet épisode, outre le fait que Jésus a été condamné au prétexte au fond politique de blasphème ? Cet épisode enseigne précisément que l'accusation de blasphème est un prétexte éminemment politique, toujours ! Dès la Torah, disant Dieu comme irreprésentable, le blasphème est subverti et dévoilé comme il est à nouveau dévoilé lors du procès de Jésus. Que blasphémer en effet ? que caricaturer de Dieu si nul ne sait comment il est ? Aussi lorsque la notion de blasphème est maintenue par la Torah, manque la précision de ce à quoi elle s'adresse : des figures représentées ? un monarque absolu, fût-il figure céleste ? Il n'y en a plus ! La pointe du déchaînement contre les blasphémateurs et les blasphématrices qui déboucherait sur la violence à leur endroit est bel et bien émoussée. Ainsi entre un Dieu invisible, au-delà de tout nom, et donc inblasphémable, et un crucifié pour blasphème, est dévoilée la réalité éminemment politique de ce prétexte immémorial de toute lâcheté.

Jésus dénoncé pour blasphème, comme prétexte, le blasphémateur s'avère n'être rien d'autre que celui qui met en cause un pouvoir qui ne tient que de la terreur qu'il fait peser lâchement en prétextant défendre un Dieu qu'ipso facto il prétend décrire. Où l’accusation de blasphème, à bien y regarder, s'avère idolâtre, en plus d'être lâche, prétexte à ne pas dire clairement une volonté d'imposer un pouvoir sur les cœurs et les âmes… suscitant par la menace une lâcheté supplémentaire, celle de ceux qui ont bien senti le problème et qui jouent les fiers à bras en blasphémant là où il n'y a pas de risque ! Quel risque à offenser ceux qui professent tendre l'autre joue ? En revanche, les mêmes fiers à bras sont bien plus timorés quand le blasphème vaut menace de mort ! Où se vérifie à nouveau qu'il est bien en tout cela question de pouvoir, question indubitablement politique.

Où une Mila s'avère malgré elle vraie dénonciatrice de veaux d'or, d'idoles de la force brute (figures de pouvoir, à commencer par celui du jeune mâle, vexé d'être éconduit par le courage avec lequel elle mettait le holà au pouvoir sur elle auquel il prétendait) ; elle en devient témoin du Dieu inrisible ! contre quelque idole (fût-elle idole unique) que ce soit…

RP