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mardi 13 mai 2025

Comme le papillon dans la flamme


Simone Weil, Pensées sans ordre sur l’amour de Dieu et autres textes, folio sagesses 2013, p. 23 :
“Notre être même, à chaque instant, a pour étoffe, pour substance, l'amour que Dieu nous porte. L'amour créateur de Dieu qui nous tient dans l'existence n'est pas seulement surabondance de générosité. Il est aussi renoncement, sacrifice. Ce n'est pas seulement la Passion, c'est la Création elle-même qui est renoncement et sacrifice de la part de Dieu. La Passion n'en est que l'achèvement. Déjà comme Créateur Dieu se vide de sa divinité. Il prend la forme d'un esclave. Il se soumet à la nécessité. Il s'abaisse. Son amour maintient dans l'existence, dans une existence libre et autonome, des êtres autres que lui, autres que le bien, des êtres médiocres. Par amour il les abandonne au malheur et au péché. Car s'il ne les abandonnait pas, ils ne seraient pas. Sa présence leur ôterait l'être comme la flamme tue un papillon.”

Une réflexion de Simone Weil qui rejoint l’enseignement du judaïsme (que Simone Weil n’a pas reçu) sur le tsimtsoum, le retrait de Dieu pour que la Création advienne :
“Dieu commence par se retirer de lui-même, en lui-même. Par cet acte, il laisse au vide une place en son sein. Il se retire […], il crée un espace pour le monde à venir. […] Pour se manifester, il aura fallu qu'au préalable il se retire, qu'il laisse place à un néant à partir duquel la Création est possible.” (Marc-Alain Ouaknin, Tsimtsoum, Introduction à la méditation hébraïque, Albin Michel, 1992, p. 31)

Voir aussi, dans la mystique musulmane, Ahmad Ghazâli, Les intuitions des Fidèles d’amour, trad. Henry Corbin :
“Le papillon qui est devenu l’amant de la flamme, a pour nourriture, tant qu’il est encore à distance, la lumière de cette aurore. […] Mais il lui faut continuer de voler jusqu’à ce qu’il la rejoigne. Lorsqu’il y est arrivé, […] c’est lui qui est la nourriture de la flamme. […]”

C’est là « la nostalgie du “Trésor caché” aspirant à être connu [, qui] est le secret de la Création », nous dit Henry Corbin, dans L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn ‘Arabî, éd. Aubier [1958] 1993, p. 121. Ce trésor caché est la beauté de Dieu, ce secret de la Création, qui habite la quête de cette lignée mystique qui va de Hallaj à Ibn ‘Arabi.

Un enseignement qui donne la Création comme un don de Dieu qui partage sa splendeur. Une Création qui relève d’un don de bonté, comme malgré tout. Dieu s'absente, dans le tsimtsoum, pour que le monde puisse advenir — “s'il n’abandonnait pas les hommes, ils ne seraient pas” (S. Weil). Nous n’adviendrions pas…

Mais “Son amour maintient dans l'existence […] des êtres autres que lui, autres que le bien, des êtres médiocres” (S. Weil).

“Je ne me pardonne pas d’être né. C’est comme si, en m’insinuant dans ce monde, j’avais profané un mystère, trahi quelque engagement de taille, commis une faute d’une gravité sans nom. Cependant il m’arrive d’être moins tranchant : naître m’apparaît alors comme une calamité que je serais inconsolable de n’avoir pas connue.” (Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né, Œuvres p. 1279)

Un malgré tout du “trésor caché” qui se dévoile pour le bien, malgré tout, d’une Création à advenir. “Quelle est la principale fin de la vie humaine ? demande le premier point du catéchisme de Calvin :
C'est de connaître Dieu.
Pourquoi ?
Parce qu'il nous a créés et mis au monde pour être glorifié en nous. Et c'est bien raison que nous rapportions notre vie à sa gloire puisqu'il en est le commencement.
C’est là le souverain bien des hommes.”


Matthieu 13, 44 : “Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché”.

PS :
"Mes brebis écoutent ma voix ; je les connais, et elles me suivent." (Jean 10, 27)
Or, quelle est la fin des brebis en ce temps ? Donner leur lait, leur laine, leur viande… par leur mort…
Cela pour entrer dans la vie d'éternité : "Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront pas pour l'éternité, et personne ne les ravira de ma main." (Jean 10, 28)

mardi 2 janvier 2024

Alliance éternellement nouvelle


“En parlant d’une alliance nouvelle, il a rendu ancienne la première ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître.” (Hébreux 8, 13)

Face à l'alliance éternellement nouvelle (scellée d'éternité dans les cœurs), la forme temporelle de l'alliance, avec ses rites, qu'ils soient juifs, chrétiens, etc, est renvoyée à sa temporalité, à sa réalité passagère. Or, pour l'épître aux Hébreux, la manifestation de l'alliance éternelle est advenue - en ces jours qui sont les derniers (cf. Hé 1, v. 2). Dès lors, le temps étant à son terme, tout ce qui se déploie dans le temps – y compris les rites (qu'ils soient juifs, chrétiens ou autres), qui ne sont que l'ombre du modèle céleste et éternel, est près de disparaître. Si le "pas encore" subsiste encore provisoirement, le déjà est tout proche, qui verra disparaître ce qui relève de ce temps.
L’Alliance nouvelle n'est pas le christianisme, et ne date pas du moment de l'épître, ni de celui de Jérémie (cf. Jr 33). Elle est la signification éternelle de tout rite (cf. la réalité ultime signifiée par "le modèle sur la montagne" du Sinaï – Exode 25, 40). Le christianisme a des rites terrestres, comme baptême, cène (etc.), qui signifient une réalité éternelle, comme les rites juifs. Les uns comme les autres sont terrestres et symboliques. Les rites chrétiens, exprimant la foi en Christ, reçus de la foi en Christ, sont consécutifs à cette foi en Christ (qui voit en lui l'officiant du tabernacle éternel). Cela n'est pas la foi des juifs, qui eux, reçoivent les rites de la Torah. La distinction que fait l’épître aux Hébreux, écrite avant l'instauration du christianisme et de son rituel (et donc la nouvelle alliance n'est pas le christianisme), n'est pas entre alliance juive et alliance chrétienne, mais entre alliance temporelle (sous forme juive ou chrétienne), dotée de rites symboliques, et alliance éternelle, sans rite terrestre aucun.

RP

Cf. Henry Corbin, L’Homme et son Ange :

“C'est un charisme dispensé aux intelligences que de se vouer à la recherche (la Quête) ; le dénouement de la recherche, c'est de trouver. Le signe qui marque l’acte de trouver, c’est la douceur que l’on goûte dans ce que l’on trouve. De toute eau douce l’apparent est un breuvage. Mais le caché en est voilé. Quiconque le cherche, ne se fatigue jamais de méditer, tandis que le commun des gens ne comprennent rien à ce qu’il cherche” (Le Livre du Sage et du disciple, IXe-Xe s.). Et le prône de préciser : cette recherche de la gnose est un droit, et parce qu’elle est un droit elle est un devoir. (Henry Corbin, L’Homme et son Ange, Fayard, 1983, p. 136-137)

*

Pour la gnose ismaélienne, le sens intérieur, le sens spirituel […] est aussi le vrai sens ; c'est cela même qui la différencie du littéralisme de la religion islamique officielle et majoritaire, dont on peut dire [qu'il] a “perdu la Parole”, puisqu'il refuse le sens vrai, le sens caché du Verbe divin dans le Qôran. On pourrait dire [que] le Verbe divin apparaît revêtu d'un vêtement teinté de sang, signe des violences qu’a subies le Verbe divin de la part des exotéristes et des docteurs de la Loi qui le mutilent, en refusant ce qui […] est l’Esprit et la Vie. […] de cette Parole divine dont les docteurs de la Loi ont fait un cadavre. (Ibid., p. 85)

“T'imagines-tu donc […] que les Paroles de Dieu et les Livres de Dieu se contredisent l’un l'autre, ou bien que le Livre le plus ancien dément le plus récent et réciproquement ?” (Ibid., p. 102) Cf. note 1 : la Parole appartient au monde de l'Impératif créateur, tandis que le Livre appartient au monde créaturel. […] la différence entre la Parole et le Livre correspond, en un certain sens, à la différence entre l'Impératif et l'Acte. L'Acte est dans le temps et est récurrent. L'Impératif créateur est exempt de changement et de renouvellement. La Parole n'est susceptible ni d’abrogation ni de substitution, à la différence du Livre”.

=> Les différentes expressions rituelles relèvent du temps : les différentes religions sont aussi temporelles les unes que les autres, expressions temporelles ne faisant que signifier des référents cultuels, dont aucun n’annule la validité du référent précédent — RP.


jeudi 28 septembre 2023

Interview

… par Michel Jas / Théologie en liberté, sur Radio Alliance +20 & 27 septembre 2023 | <a href="https://radioallianceplus.fr/audio/roland-poupin-theologien-philosophe-pas-comme-les-autres-1/" target="_blank">1</a> & <a href="https://radioallianceplus.fr/audio/roland-poupin-theologien-philosophe-pas-comme-les-autres-2/" target="_blank">2</a>

ICI (1) (Orgue, pas guitare)
&
ICI (2) <audio controls="" src="https://drive.google.com/uc?id=1SUbMSBwPVyr7_Vl9ONuvqI4n7SUaHdeL"> ... </audio><br /> (claviers, pas guitare !) <br> <audio controls="" src="https://drive.google.com/uc?id=1Toc9fNeeHRYxBJNcB8aDik-QjAVCaDn1"> ... </audio><br />





jeudi 26 mars 2020

Angélologie et révolution astronomique

« […] si merveilleux que puissent être l'ordonnance et les relations qui règnent dans le monde des corps, lequel est le monde de la nuit et des ténèbres, celles qui règnent dans le monde des pures Lumières sont nécessairement antérieures et supérieures à celles-là. Or que peuvent faire les philosophes péripatéticiens avec un plérôme d’Intelligences limité à un nombre aussi dérisoire [55 Intelligences angéliques au plus (Averroès)] ? Non, les relations et proportions qui règnent dans le monde de la Lumière sont infiniment plus merveilleuses, plus réelles et plus complexes que celle que nous découvrons en ce monde-ci et qui n'en sont que l'ombre projetée.
[…] l'angélologie, [Sohrawardî (1155-1191)] le rappellera en maintes occasions, était par excellence ce qui inspirait la pensée et réglait le culte des anciens Perses. Notons-le : Sohrawardî a eu le pressentiment des merveilles insondables du "Ciel des Fixes" (appellation groupant aussi bien tous les systèmes et galaxies qui sont en dehors de notre système solaire). Sa découverte de l'angélologie allait de pair avec une révolution astronomique faisant éclater les Cieux limités de l’astronomie d’Aristote ou de Ptolémée, tandis qu'en Occident la révolution astronomique se fit aux dépens de l'angélologie. »
(Henry Corbin, En islam iranien II, Sohrawardî et les platoniciens de la Perse, Tel Gallimard, p. 97.)

mercredi 15 août 2018

Voile

« Rûzbehan […] entendit une mère donner ce conseil à sa fille : “Ma fille, garde ton voile, ne montre ta beauté à personne, de peur qu'elle ne soit ensuite méprisée.” Alors, Shaykh Rûzbehan de s'arrêter et de dire : “Ô femme ! la beauté ne peut souffrir d'être séquestrée dans la solitude ; tout son désir est que l'amour se conjoigne à elle, car dès la prééternité, beauté et amour se sont fait la promesse de ne jamais se séparer.” »
(Rûzbehân Baqlî Shîrazî cité par Henry Corbin, En islam iranien, Gallimard tel, vol. III, p. 28)

mercredi 26 avril 2017

Liturgie cosmique


« Alors Ohrmazd chante la strophe Ahuvar, et l'incantation sonore ébranlant l'espace intermédiaire de la rencontre, Ahriman retombe terrassé au fond de ses Ténèbres où il reste prostré pendant trois millénaires […]. Or, nous avons appris que l'archétype céleste de la strophe sacrée Ahuvar est "en personne" le Temps d'Ohrmazd et sa Sagesse éternelle. Le Temps est donc bien le médiateur de la défaite d'Ahriman.
[…] Que la strophe sacrée d'une liturgie éternelle intérieure à Ohrmazd soit "en personne" le Temps, instrument de la ruine des Démoniaques, cela définit également l'être essentiellement liturgique de ce Temps. L'œuvre de la Création et l'œuvre de la Rédemption constituent d'un terme à l'autre une Liturgie cosmique. C'est en célébrant la liturgie céleste qu'Ohrmazd et ses Archanges instaurent la Création tout entière, et notamment éveillent à l'individualité, à la conscience différenciée de leur moi perdurable, les Fravartis, à la fois prototypes célestes et Anges tutélaires des humains. Et c'est par la célébration des Cinq liturgies du nycthémère que le dernier Saoshyant accomplira la Résurrection. » (Henry Corbin, Temps cyclique et gnose ismaélienne, Berg, p. 18-19.)

mardi 25 avril 2017

Angélologie et physique céleste


« Avicenne semble avoir longuement hésité sur la structure angélologique qu'il convenait de déduire a posteriori des données astronomiques : que l'on adoptât la physique céleste d’Aristote ou la théorie de Ptolémée, fallait-il admettre dix Intelligences sans plus ? ou bien, avec Aristote, un peu plus de cinquante [cf. Averroès : cinquante-cinq] selon le nombre d'orbes secondaires requis pour expliquer l'irrégularité des mouvements des planètes ?
[…] Sohrawardî formule le pressentiment que même par-delà le "Ciel des Fixes" foisonnent d’autres univers encore plus merveilleux. L'angélologie dont son intuition saisit a priori la nécessité, eût pu être à la mesure des dimensions vertigineuses calculées par l'astronomie moderne, à l'inverse de ce qui s'est passé lors de la "révolution astronomique" en Occident, qui élimina l'angélogogie. » (Henry Corbin, En islam iranien II, Tel/Gallimard, p. 120.)

lundi 24 avril 2017

Idée et Matière, Lumière et Ténèbres


« Il faut se garder de réduire le contraste [du mazdéisme zoroastrien entre monde céleste (pehlevi : mênôk) et monde terrestre (pehlevi : gêtîk) à un schéma platonicien tout court. Il ne s'agit exactement ni d'une opposition entre Idée et Matière, ni entre universel et sensible [mais entre un] état céleste, invisible, subtil, spirituel, mais parfaitement concret [et] un état terrestre, visible, matériel certes, mais d'une matière qui en soi est toute lumineuse, matière immatérielle par rapport à ce que nous connaissons en fait. Car […] le transfert à [cet état terrestre] ne signifie nullement par soi-même une déchéance, mais achèvement et plénitude. L'état d'infirmité, de moins d'être et de ténèbres que représente la condition actuelle du monde matériel, tient non pas à sa condition matérielle comme telle, mais au fait qu'il soit la zone d'invasion des Contre-Puissances démoniaques, le théâtre et l'enjeu de la lutte. L’étranger à cette Création n'est pas ici le Dieu de Lumière, mais le Principe de Ténèbres. La rédemption fera éclore […] le "corps à venir", corpus resurrectionis […]. » (Henry Corbin, Temps cyclique et gnose ismaélienne, Berg, p. 12-13.)

dimanche 6 novembre 2016

Jumeau céleste


« C'est lui [le Jumeau céleste] que le Catharisme désigne comme le Spiritus sanctus ou angelicus particulier pour chaque âme, le distinguant avec soin du Spiritus principalis, l'Esprit-Saint qui est celui que l'on invoque en nommant les trois personnes de la Trinité. »
Henry Corbin, L'homme de lumière dans le soufisme iranien, éd. Présence, 1971, p. 44

vendredi 4 novembre 2016

Manichéisme & mazdéisme


« Le manichéisme, […], s'il pousse l'opposition [entre le Dieu bon et le démiurge] à l'extrême, en la durcissant en celle de deux principes radicalement distincts, l'un du Bien, l'autre du Mal, l'interprétera différemment : pour lui, le responsable de la chute, de la catastrophe qui est à l'origine du monde matériel et de la suite des malheurs qu'y subit l'humanité, est bien le « Prince des Ténèbres », mais l'organisation de ce monde où se mêlent éléments bons et éléments mauvais, le pis-aller qu'elle représente, est l’œuvre d'entités émanées du Dieu suprême, et dont l'une porte même, à l'occasion, le nom de « Démiurge ». Sans doute ce gauchissement dans un sens relativement optimiste s'est-il opéré sous l'influence du mazdéisme. »
« Son sauvetage [ de l'Homme Primordial déchu] va être le motif unique de la création du monde ».

Henri-Charles Puech, « Le manichéisme », Histoire des religions, Pléiade, vol II, p. 554-565

« Ohrmazd sait […] que pour réduire à l'impuissance la Contre-Puissance d'Ahriman, il lui faut le Temps, ce Temps limité qu'il crée à l'image du Temps éternel » Henry Corbin, Temps cyclique et gnose ismaélienne, Berg, 1982, p. 18 (À propos du mazdéisme zervanite)

mardi 10 novembre 2015

Ange et double


"[...] il n'y a pas des Anges séparés de la matière et des âmes destinées par nature à animer un corps matériel organique. Les uns et les autres sont des substantiae separatae : il y a des Anges demeurés dans le plérôme, et il y a des Anges déchus sur la Terre, des Anges en acte et des Anges en puissance. Ou bien encore cette scission peut s'entendre d'un même être, un unus ambo : le pneuma, l'Esprit ou l'Angelos [...] est la personne ou l'Ange demeuré dans le Ciel, le "jumeau céleste", tandis que l'âme désigne son compagnon déchu sur Terre, auquel il vient en aide et qui lui sera réuni, s'il sort finalement triomphant de l'épreuve. [...] Si l'âme a pour fonction étymologiquement d'animer, si elle est substance complète indépendamment du corps matériel organique qui la fixe provisoirement, c'est qu'elle a laissé dans le monde de lumière son "vrai corps", le corps céleste d'une pure matière encore "immatérielle", ou le vêtement de lumière qu'elle doit revêtir."

Henry Corbin, Temps cyclique et gnose ismaélienne, éd. Berg, p. 116-117
(Étonnamment proche de l'anthropologie/angélologie cathare)

(Cf. Mathieu 18,10 : "leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux".)

mardi 2 avril 2013

De l’événement


« On éprouve le sentiment d’une tragédie devant l’effort contemporain d’une école (celle de R. Bultmann) […] parfaitement consciente de l’impasse de l’historicisme […]. Nous voyons [le théologien] succomber à l’historicisme au moment même où il prétend le combattre […]. [Ladite] théologie […] en est réduite à juxtaposer l’événement de la Croix du Calvaire comme étant un fait historique, et l’événement de la Résurrection comme n’en étant pas un, parce que sa seule trace historique, ce sont les visions des premiers disciples. Ce suprême exemple est aussi bien l’aveu d’une démission, l’aveu d’une totale impuissance à concevoir que les visions aient la réalité plénière d’événements […] » (Henry Corbin, En islam iranien, éd. Gallimard 1971, coll. « Tel », vol I, p. 163-164).