mercredi 10 juillet 2024

"Un État de type taliban"

« S’il existait aujourd’hui un État palestinien, il serait dirigé par le Hamas et nous aurions un État de type taliban. Un État satellite de l’Iran. Est-ce ce que les mouvements progressistes de la gauche occidentale veulent créer ? », s’est interrogé Salman Rushdieinterview au journal allemand Bild (19.05.2024).

« Il n’y a pas beaucoup de réflexions profondes à ce sujet, mais surtout une réaction émotionnelle aux morts à Gaza. C’est normal. Mais quand cela dérape vers l’antisémitisme et parfois même vers le soutien au Hamas, cela devient problématique », a-t-il ajouté.




lundi 8 juillet 2024

L'histoire d'un massacre


7 octobre 2023. Israël attaqué par le Hamas


Le plus grand pogrom de Juifs depuis la Shoah, raconté minute par minute. Film ICI :

mercredi 26 juin 2024

vendredi 21 juin 2024

Un antisémite est forcément négrophobe



« De prime abord, il peut sembler étonnant que l’attitude de l’antisémite s’apparente à celle du négrophobe. C’est mon professeur de philosophie, d’origine antillaise, qui me le rappelait un jour : “Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous.” Et je pensais qu’il avait raison universellement, entendant par là que j’étais responsable, dans mon corps et dans mon âme, du sort réservé à mon frère. Depuis lors j’ai compris qu’il voulait tout simplement dire : “un antisémite est forcément négrophobe.” Et il précisait : “Chacun de mes actes engage l’homme. Chacune de mes réticences, de mes lâchetés manifeste l’homme.” » (Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, 1952 [Points Seuil 2015 p. 119])

Quand LFI s'avère avoir glissé à l'extrême droite


*

Jean-Paul Sanfourche m'écrit :

La lecture de Fanon, en ces temps troublés, pourrait assurément aider certains sourds et aveugles à trouver aujourd’hui quelques repères, à moins qu’ils n’entretiennent leurs handicaps pour cultiver leurs radicalités sournoises !

J’ai retrouvé le passage de Peau noire, masques blancs (1952) – que tu connais évidemment – dans lequel Fanon fait l’expérience personnelle de ce rapprochement, même si les Réflexions sur la question juive de Sartre (1946) l’ont aussi certainement influencé. Dans le malaise profond et préoccupant que nous traversons, peut-être serait-il bon que nous le relisions tous :

« C’est au nom de la tradition que les antisémites valorisent leur "point de vue". C’est au nom de la tradition, de ce long passé d’histoire, de cette parenté sanguine avec Pascal et Descartes, qu’on dit aux Juifs : vous ne sauriez trouver place dans la communauté. Dernièrement, un de ces bons Français déclarait, dans un train où j’avais pris place : "Que les vertus vraiment françaises subsistent, et la race est sauvée ! À l’heure actuelle, il faut réaliser l’Union nationale. Plus de luttes intestines ! Face aux étrangers (et, se tournant vers mon coin), quels qu’ils soient."
Il faut dire à sa décharge qu’il puait le gros rouge ; s’il l’avait pu, il m’aurait dit que mon sang d’esclave libéré n’était pas capable de s’affoler au nom de Villon ou de Taine.
Une honte !
Le Juif et moi : non content de me racialiser, par un coup heureux du sort, je m’humanisais. Je rejoignais le Juif, frères de malheur.
Une honte !
De prime abord, il peut sembler étonnant que l’attitude de l’antisémite s’apparente à celle du négrophobe. C’est mon professeur de philosophie, d’origine antillaise, qui me le rappelait un jour : "Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Et je pensais qu’il avait raison universellement, entendant par-là que j’étais responsable dans mon corps et dans mon âme, du sort réservé à mon frère. Depuis lors, j’ai compris qu’il voulait tout simplement dire : un antisémite est forcément négrophobe." »


Fanon évoque l’antisémitisme « canal historique », si l’on peut dire, qui a nourri le Front National, avec lequel le Rassemblement National aurait rompu. L’antisémitisme de LFI, sous les oripeaux de l’antisionisme, est une stratégie électorale, instrumentalisant politiquement le conflit Hamas-Israël. Ce ne serait, selon Arié Alimi et Vincent Lemire, « qu’un antisémitisme contextuel » (Le Monde, 21 juin 2024). Comment cette pseudo distinction politiquement opportuniste pourrait-elle nous faire oublier que toute judéophobie est porteuse de haines et de violences ? Oui, tu as raison, LFI a « glissé » vers l’extrême droite et l’a rejointe.

Ceux qui instillent la haine (xénophobie et antisémitisme), la suscitent et l’exploitent sans complexe, la banalisent en en faisant un argument électoral voire un élément de programme politique à part entière, portent la responsabilité des futures fractures sociales et des violences qu’elles entraîneront immanquablement, quelle que soit l’issue de ces élections législatives à haut risque.

Fanon à raison de penser spontanément que le propos de son professeur avait une portée universelle. Portée qu’il conserve d’ailleurs dans le constat final qu’« un antisémite est forcément négrophobe ». C’est cette universalité qui doit éveiller nos consciences. Car, quand le ressentiment et la haine inspirent des campagnes politiques et motivent des choix électoraux, alors il n’y a plus ni juifs, ni noirs, ni blancs, ni jaunes, etc.., il n’y a plus que la haine et le rejet de l’autre. Et l’autre ce peut-être nous, c’est aussi nous, ce sera nous peut-être au bout d’un terrible chemin, pour peu que nous pensions différemment et que nous osions l’exprimer au nom de nos valeurs, de nos cultures et nos identités profondes.

L’antisémitisme équivaut au rejet de l’autre quel qu’il soit dans sa différence. Ce qui me fait dire ce que je pense et vis aujourd’hui profondément, douloureusement – et ce n’est pas un slogan de réseaux sociaux - : « Nous sommes tous juifs ».

Car nous serons tous, à des degrés divers, les victimes de décisions irréfléchies, d’impardonnables renoncements politiques, moraux, éthiques, d’abjects ralliements ou marchandages contre nature, et d’inavouables lâchetés.
JP.Sanfourche



King Crimson - Epitaph (1969)



Cf. Boris Cyrulnik : « Mélenchon, c’est l’extrême droite »
Et ICI, la menace qui pèse.


samedi 8 juin 2024

Israël-Palestine, un passé qui ne passe pas



Face aux idées reçues à propos du conflit israélo-palestinien, il faut rétablir quelques vérités historiques concernant la Nakba, le droit au retour ou les intentions génocidaires, explique l’historien Georges Bensoussan.

Extraits :

[…] Dans le narratif arabe, la mémoire des Juifs du monde arabe a disparu, comme si les Israéliens n’étaient habités que par la seule mémoire de la Shoah, comme si l’État d’Israël s’était figé à l’heure du procès Eichmann en 1961. En oubliant que la moitié de la population israélienne d’aujourd’hui est constituée de descendants de Juifs arabes évincés (et spoliés pour beaucoup) de leurs patries de naissance.

Évoquer la Nakba sans un mot pour ces Israéliens originaires du monde arabe (ou leurs descendants) laisse entendre que les États arabes n’auraient aucune responsabilité dans le départ de ces antiques communautés présentes bien avant l’arrivée de l’islam. C’est penser que seuls les Arabes palestiniens auraient l’apanage d’une mémoire traumatique. Or l’épuration ethnique des Juifs du monde arabe est pourtant une réalité reconnue, y compris même aujourd’hui par des Juifs antisionistes et sévères contempteurs de l’État d’Israël. « À la lumière des preuves récemment publiées par le Sénat irakien et par la police de l’époque, je pense qu’il est temps de repenser le sens de cet exode « volontaire ». « C’était une expulsion, note en avril 2024 l’universitaire d’extrême gauche Zvi Ben-Dor Benite , d’origine irakienne. Il ne fait aucun doute que l’État d’Israël nouvellement créé a attiré les Juifs et conclu des accords au-dessus de leurs têtes. Mais l’Irak a quand même déporté ses Juifs. »

La Franco-Syrienne Rima Hassan, native de Syrie, à la grande « surprise » des opposants à la dictature syrienne, comme Omar Youssef Souleimane, entre et sort librement de cet État ultrapolicier et militarisé. Cet étendard des droits de l’homme n’a visiblement aucune mémoire du calvaire enduré par les Juifs de son pays à l’époque de Hafez el-Assad. Toutefois, on n’en serait pas là si les Juifs avaient accepté de demeurer des dhimmis, comme le préconise l’article 31 de la charte du Hamas (adoptée le 18 août 1988), annulant, ce faisant, les réformes de l’empire ottoman de 1856.

L’amnésie fait tache d’huile et occulte systématiquement, comme le note l’historien français Pierre Vermeren, que les États arabes « ont chassé ou vendu leurs Juifs nationaux [un million de personnes au départ], ce qui a doublé la population juive israélienne ». Tandis que ces mêmes pays arabes, ajoute-t-il, « trouvent normal que l’État hébreu héberge des millions d’Arabes palestiniens ». Une amnésie qui alimente une stupéfiante inversion victimaire quand la purification ethnique prêtée à l’État d’Israël est bel et bien une réalité du monde arabo-musulman d’hier et d’aujourd’hui, comme lorsqu’en septembre 2023, dans une indifférence quasi générale, 120 000 Arméniens chrétiens du Haut-Karabakh étaient expulsés par l’Azerbaïdjan d’une patrie où leur présence est attestée bien avant l’arrivée de l’islam. […]

Article complet ICI. Et le "Que sais-je" de Georges Bensoussan Les origines du conflit israélo-arabe (1870-1950) ICI.

jeudi 6 juin 2024

Deux États ?

Solution à 2 États : “On se trompe ” : “On feint de ne pas comprendre que l’absence de 2 États n’est pas la cause du conflit, mais la conséquence.” (Ferghane Azihari)

Vidéo ici : https://x.com/i/status/1798407888320237793



… Suite : "Il y a bien plus d'Arabes qui prospèrent dans la petite nation juive qu'il n'y a de Juifs en sécurité dans le vaste monde que l'islam a forgé depuis les conquêtes du 7e siècle. Certains ont plus de boulot pour soigner leur rapport à l'Autre. Taire ce fait, c'est honnir la paix." (Ferghane Azihari)

Vidéo ici : https://x.com/i/status/1798431851452985541


Voir d'indispensables éléments d'histoire ICI.