jeudi 26 mars 2020

Angélologie et révolution astronomique

« […] si merveilleux que puissent être l'ordonnance et les relations qui règnent dans le monde des corps, lequel est le monde de la nuit et des ténèbres, celles qui règnent dans le monde des pures Lumières sont nécessairement antérieures et supérieures à celles-là. Or que peuvent faire les philosophes péripatéticiens avec un plérôme d’Intelligences limité à un nombre aussi dérisoire [55 Intelligences angéliques au plus (Averroès)] ? Non, les relations et proportions qui règnent dans le monde de la Lumière sont infiniment plus merveilleuses, plus réelles et plus complexes que celle que nous découvrons en ce monde-ci et qui n'en sont que l'ombre projetée.
[…] l'angélologie, [Sohrawardî (1155-1191)] le rappellera en maintes occasions, était par excellence ce qui inspirait la pensée et réglait le culte des anciens Perses. Notons-le : Sohrawardî a eu le pressentiment des merveilles insondables du "Ciel des Fixes" (appellation groupant aussi bien tous les systèmes et galaxies qui sont en dehors de notre système solaire). Sa découverte de l'angélologie allait de pair avec une révolution astronomique faisant éclater les Cieux limités de l’astronomie d’Aristote ou de Ptolémée, tandis qu'en Occident la révolution astronomique se fit aux dépens de l'angélologie. »
(Henry Corbin, En islam iranien II, Sohrawardî et les platoniciens de la Perse, Tel Gallimard, p. 97.)

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