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lundi 5 avril 2021

Rêves de locomotives…


En ces années 1880, dans le petit appartement en bordure de la voie ferrée qui traversait sa ville, l’enfant rêvait de conduire une de ces superbes locomotives, comme celle que, par la petite fenêtre, il regardait entrer au cœur de la cité. La puissance de la machine, portée par les magnifiques volutes de fumée que crachait sa cheminée, contrastait avec la faiblesse de l’enfant assis près du poêle à charbon de l'appartement sombre…

Son père et ses frères ramenaient le maigre salaire de leur travail de mineurs en extrayant le précieux combustible qu’était ce charbon si prometteur. Le progrès en marche suscitait des espoirs d’avenir et de grandeur, faisant briller des rêves dans les yeux des enfants. Dès 1870, les locomotives absorbaient à elles seules 42 % de la production de charbon, en constante augmentation, suivies par les cokeries (13 %), le reste allant aux autres industries et aux foyers domestiques. Les locomotives portaient, jusqu'au centre des villes, leur fumée, leurs escarbilles et leur bruit.

L'enfant rêvait, sous les yeux tristes de sa mère qui voyait la faiblesse du corps de ce fils dont elle n'osait décourager les rêves de locomotives. Elle ne savait pas, non plus que l’enfant, son père et ses frères, que la toux qui le secouait et le rachitisme qui déformait ses os et bloquait affreusement sa croissance étaient dus à la pollution carbonée, qui affectait ses poumons et piégeait la lumière du soleil qui aurait permis la calcification de ses os. Et on ne savait pas encore compenser le manque de calcium par l’huile de foie de morue… Tandis que l’enfant rêvait de ces superbes locomotives dont les effluves noirâtres alimentaient sa maladie…

RP
"Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible."
(Antoine de Saint-Exupéry)

samedi 15 décembre 2018

Prochain



1 Corinthiens 13
1 Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle des anges, s’il me manque l’amour,
je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante.
2 Quand j’aurais le don de prophétie,
la science de tous les mystères et de toute la connaissance,
quand j’aurais la foi la plus totale,
celle qui transporte les montagnes, s’il me manque l’amour,
je ne suis rien.
3 Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés,
quand je livrerais mon corps aux flammes,
s’il me manque l’amour,
je n’y gagne rien.
4 L’amour prend patience, l’amour rend service,
il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil,
5 il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt,
il ne s’irrite pas, il n’entretient pas de rancune,
6 il ne se réjouit pas de l’injustice,
mais il trouve sa joie dans la vérité.
7 Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.
8 L’amour ne disparaît jamais.
Les prophéties ? Elles seront abolies.
Les langues ? Elles prendront fin.
La connaissance ? Elle sera abolie.
9 Car notre connaissance est limitée, et limitée notre prophétie.
10 Mais quand viendra la perfection, ce qui est limité sera aboli.
11 Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant,
je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant.
Devenu homme, j’ai mis fin à ce qui était propre à l’enfant.
12 A présent, nous voyons dans un miroir et de façon confuse,
mais alors, ce sera face à face.
A présent, ma connaissance est limitée,
alors, je connaîtrai comme je suis connu.
13 Maintenant donc ces trois-là demeurent,
la foi, l’espérance et l’amour,
mais l’amour est le plus grand.


*

« Vois-tu, quoiqu’on doive aimer son prochain comme soi-même, et que parfois on l’aime à ce point, cela demeure toujours une duperie, et une duperie de soi-même, parce qu’il est impossible d’éprouver sa douleur s’il a mal à la tête ou à un doigt. Il est absolument intolérable de ne pouvoir participer réellement à l’être qu’on aime, et c’est aussi absolument simple. Le monde est ainsi fait. Nous portons notre peau de bête avec les poils à l’intérieur et nous ne pouvons pas l’arracher. Et cette panique au sein de la tendresse, ce cauchemar de l’impossible approche, les hommes légalement bons, les “bels et bons” ne l’éprouvent jamais. Ce qu’ils appellent la sympathie est même un succédané destiné à leur épargner le sentiment d’un manque ! » (Robert Musil, L’Homme sans qualités, tome 2)

« Si tu sais que l’autre […] ne peut être que ce qu’il est, comment lui en vouloir, comment ne pas lui pardonner ? […] Tu considéreras alors cet innocent avec une tendresse de pitié, et tu n’y auras nul mérite. » (Albert Cohen, Carnets 1978)

*

« Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux. » (Antoine de St-Exupéry, Le petit prince)

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L’amour / agapè n’est pas tant le « don de soi » que le fondement qui le permet : ce n’est rien d’autre que ce qu’écrit Paul : si je me donne et que je n’ai pas la charité, l’amour / agapè, je ne suis rien… Cet amour est donc autre chose, ou plutôt quelque chose en dessous — « quelque chose qui est invisible pour les yeux » mais qui donne son prix, qui ouvre sur le don, qui sinon est non seulement triste, mais même douteux. Quel est en effet le moteur de ce « don de soi », prétendu gratuit, que serait l’amour ? Ce qui est en dessous est décisif.

Eh bien, en fait, l’amour / agapè est quelque chose en dessous. C’est là ce qui explique que le mot est aussi employé pour Dieu : tu aimeras le Seigneur ton Dieu. A-t-on quelque chose à donner à Dieu de qui viennent toutes choses ? La réponse est dans la question ! C’est même carrément la trace de Dieu en laquelle se source l’amour pour le prochain, l’amour qui ne périt jamais. Et qui permet d’approcher le paradoxe qui veut que « Dieu est amour ».

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