
“L'an 1244 fut pris, dans le diocèse de Toulouse, un castrum inexpugnable. Deux cent vingt quatre hérétiques y furent brûlés”. Gérard de Frachet, o.p., décédé en 1271 (cité par Michel Roquebert, L'épopée cathare, vol.IV)
Image : reconstitution hypothétique de la butte de Montségur avant la conquête royale
Image : reconstitution hypothétique de la butte de Montségur avant la conquête royale
… Œuvre d'un “comité scientifique” (Association Mission Patrimoine Mondial) chargé du dossier en vue d'un classement par l'Unesco, l'institution est censée suivre la thèse voulant qu'avant la conquête de ces lieux par la royauté française, il n'y ait rien eu sous les nouveaux remparts : captation ? remplacement ? substitution ? Comment faut-il appeler cela ? L'Unesco semble coutumière de l'adoption de ce genre d'avis “scientifiques”…
… On remplace, on substitue… Car AVANT cette substitution et reconstruction, il y avait bien quelque chose en ces lieux changés par la suite en “forteresses royales”. C'était des places fortes, nombreuses à avoir servi de refuge aux persécutés cathares (*) (encore faut-il qu'on leur concède d'avoir bien existé !), d'où la légitimité de l'ancienne appellation : “châteaux cathares”, même si les cathares n'étaient évidemment pas des bâtisseurs de châteaux. Ils y ont pourtant bien été pourchassés.
L'Unesco est apparemment coutumière du fait, disais-je :
Le 18 octobre 2016 la même Unesco approuvait une résolution sur les problèmes Israël-Palestine, postulant qu'avant la colonisation arabe de ladite terre au VIIe siècle, colonisation arabe qui faisait elle-même suite à la colonisation romaine puis byzantine, il n'y a aurait rien eu : la destruction des symboles juifs, comme le temple en 70, aurait vu disparaître la population juive : sa soumission par Rome puis par les Arabes aurait impliqué qu'il n'y avait plus de juifs (il y en a toujours eu, leurs descendants fussent-il parfois, pour certains, pas pour tous, convertis au christiansime sous la colonisation byzantine ou à l'islam sous la colonisation arabe, puis turque).
L'Unesco suivait donc, en 2016, la thèse de l'occultation totale du fait qu'il y avait là d'abord un temple, thèse qui se traduisait par la disparition du nom “Mont du Temple" pour ne retenir que celui de sa reconstruction ultérieure en Al-Aqsa Mosque/Al-Haram Al Sharif…
Comme aujourd'hui, en ex-terre d'Oc, les forteresses reconstruites — comme l'a montré Michel Roquebert écrivant sur ces “citadelles du vertige” (**) — en “forteresses royales”, recouvrent sous l'oubli et l'occultation, selon la thèse “scientifique” proposée à l'Unesco, plusieurs lieux de refuge (*) des cathares disparus.
RP
(*) Châteaux ayant servi de refuge aux cathares :
Montségur : C’est le plus célèbre, véritable place forte cathare. Il abrita la communauté et l’Église cathare, assiégée en 1243-1244. Plus de 200 cathares y périrent sur le bûcher à la reddition.
Quéribus : Après la chute de Montségur, il servit de dernier refuge à certains cathares qui s’y replièrent. Il fut l’une des deux dernières places fortes à tomber.
Puilaurens : A accueilli des cathares persécutés, bien que le château n’ait pas subi d’assaut majeur. Il reste un site avéré d’accueil de cathares.
Roquefixade : Également mentionné comme ayant servi de refuge et de lieu de résistance pour les albigeois cathares.
Lastours (ensemble de 4 châteaux) : Ce site fut un pôle important pour l’activité religieuse cathare et a abrité notamment des maisons d’évêques cathares. Il fut assiégé à deux reprises, résistant longtemps à la Croisade.
Termes : Fut soutenu par des seigneurs favorables aux cathares et subit un siège, mais il est plus symboliquement associé à la Croisade qu’à un refuge actif de cathares.
D’autres châteaux, comme Peyrepertuse ou Aguilar, sont aujourd’hui inclus dans le parcours touristique dit du Pays cathare, mais leur rôle d’abri effectif pour les cathares est discuté.
(**) Pourquoi ne pas proposer ce titre, “citadelles du vertige”, qui aurait l'avantage de ne pas se prononcer sur la question de l'avant ou après conquête ?
Merci ; le parallèle peut provoquer des polémiques
RépondreSupprimerPolémique ou pas, le parallèle reste indubitable, et frappant !
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