samedi 15 octobre 2022

Chute de… l'esprit

Albert Schweitzer : « Lorsque nous pardonnons à nos ennemis, nous nous glorifions de notre grandeur d'âme ; quand nous rendons service à celui qui a besoin de nous, nous admirons notre générosité. » (Vivre, Albin Michel, 1995, p. 162)

« Dans sa lecture critique de la civilisation, on peut repérer cinq traits principaux caractérisant, d'après [Schweitzer], sa faillite.
Premièrement, l'asservissement de l'homme moderne qui se trouve victime d'une tragique aliénation et qui ne connaît plus de véritable indépendance personnelle […].
Deuxièmement, le surmenage, où le travail est vu sous l'angle du seul rendement, interdisant tout recueillement et toute concentration de l'esprit.
Troisièmement, une spécialisation à outrance avec des êtres humains morcelés, en quelque sorte, divisés en eux-mêmes et cloisonnés, dont, dans le respect total de la personne, on ne promeut pas l'élan créateur et artistique.
Quatrièmement, une déshumanisation de l'être humain de plus en plus gagné par l'indifférence aux autres, une sorte de froideur, d'insensibilité, de perte de l'esprit humanitaire.
Cinquièmement, enfin, une organisation, qui nous domine et nous échappe, de la société avec le règne totalitaire de l'administration, des intérêts économiques, du collectif : “Autrefois la société portait les individus, aujourd'hui elle les écrase.” » (Laurent Gagnebin, Albert Schweitzer, DDB, 1999, p. 69-70 - cit. Schweitzer, La civilisation et l'éthique, Colmar, 1976, p. 52)




« Quelle est la cause d'une telle situation ? Schweitzer ne se lasse pas de le démontrer et de le répéter : il s'agit d'un vide, d'un refus, d'une perte, d'une chute de… l'esprit. » (Gagnebin, ibid., p. 70)

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