mardi 2 septembre 2025

Il suffirait que le Hamas...



Il suffirait que le Hamas libère les otages et reconnaisse sa défaite militaire, inéluctable, en déposant les armes, et les souffrances des Palestiniens cesseraient ipso facto. Cela ne laisse aucun doute : quel intérêt aurait Israël, déjà défait médiatiquement, à continuer une guerre qui le ruine un peu plus chaque jour médiatiquement. La propagande du Hamas, relayée par son alliée théologique qatarie / PSG, Al-Jazira, est déjà universellement répercutée par les instances internationales de toute sorte. Une propagande médiatique qui se traduit par l'obtention de cette leur revendication : la reconnaissance par des pays de plus en plus nombreux d’un État palestinien, c’est-à-dire actuellement de facto d’un État-Hamas, comme le rappelle Salman Rushdie.

La guerre s’arrêterait si la haine islamiste d’Israël et des juifs n’était pas infiniment plus grande que le souci des Palestiniens. Le refus des chefs du Hamas de reconnaître leur défaite militaire inéluctable, déjà factuelle, ne traduit rien d’autre que cette haine d’Israël : quel qu'en soit le prix pour les civils palestiniens, faire payer à l'État hébreu le plus cher possible, en termes de discrédit mondial, sa supériorité militaire, sans laquelle Israël aurait été déjà rayé de la carte, “de la rivière à la mer” — par des répliques démultipliées du 7 octobre pour ceux qui ne pourraient pas fuir, par la confrontation pour ceux qui le pourraient à un antisémitisme, pardon “antisionisme”, décuplé dans le reste du monde (cf. par ex. leur accueil en Grèce), dès le 8 octobre, trois semaines avant la réplique de Tsahal (qui depuis sert de prétexte).

Aucun autre moteur que cet “antisionisme” : les Palestiniens ne sont pas le sujet ! Akram Belkaïd dans un éditorial du Monde diplomatique daté de Septembre 2025, intitulé “Complicités arabes”, écrit d’entrée, dans un article certes anti-israélien : « Les pays arabes ne porteront pas secours à Gaza. Aucun d’entre eux n’a engagé la moindre initiative diplomatique d’envergure pour empêcher la réoccupation de l’enclave et mettre fin au déluge israélien de feu et d’acier qu’elle subit depuis bientôt deux ans. […] Contrairement à ce qui advint en 1973 pendant la guerre d’Octobre [i.e. de Kippour], l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole (Opaep) ne cherche pas à convaincre les autres producteurs de restreindre les livraisons d’or noir […]. Certains événements symbolisent parfaitement ce changement d’époque : alors que les armes américaines continuent d’affluer en Israël […], l’USS Forrest Sherman, un destroyer de la marine de guerre des États-Unis, fait tranquillement escale à Alger en mai. […] Georges Ibrahim Abdallah fustige les peuples autant — sinon plus — que leurs dirigeants. “Les enfants de Palestine meurent de faim, déclarait-il à son arrivée à Beyrouth. C’est une honte pour l’histoire. Une honte pour les masses arabes, plus encore que pour les régimes. Les régimes, on les connaît. Combien de martyrs sont tombés dans les manifestations ? En tentant de franchir les frontières de Gaza ? Aucun.” » Complicité arabe certes pas pro-israélienne mais qui n’a que faire des Palestiniens. Comme en Occident, on s’auto-justifie en se considérant dans le “bon camp”, le même “bon camp” que pour les Occidentaux…

Les complices occidentaux des islamistes du Hamas — volens nolens, et même s’ils s’en défendent —, ont pour leur part repris en boucle la propagande de l’organisation terroriste : dès le 8 octobre, à l’instar des campus américains, la gauche "radicale" française parle, à propos de l’horreur du 7 octobre, de “résistance” (comme si en France la résistance avait consisté à violer massivement les femmes, à assassiner les enfants, et à publier fièrement cela — sur Internet en 2023 !). Dès le 8 octobre le NPA parle explicitement de “résistance”, quand LFI prend de longs jours avant de concéder du bout des lèvres le terme de terrorisme. On est avant la réplique d’Israël à Gaza, ayant pour but de libérer les otages et de défaire le Hamas ; Israël qui n’a plus le choix : c’est tout simplement sa survie qui est en jeu. Le Hamas ne s’en cache pas. Il préfère se cacher dans ses tunnels — creusés, en plus de l’achat d’armes, grâce aux énormes subventions reçues pendant des années (avec, à l'époque, l'aval de Netanyahou), et qui n’ont pas servi à la population qui sert à présent de bouclier humain pour discréditer un peu plus Israël, qui y joue rien moins que sa survie. Caché dans ses tunnels, le Hamas se cache médiatiquement derrière la souffrance des Gazaouis, dans une confusion avec ses victimes qui ne heurte pas les bonnes consciences occidentales, s’auto-justifiant sans risque derrière leur auto-proclamée “compassion” des Palestiniens qui ne dénonce jamais leurs bourreaux — façon flottilles qui s’auto-glorifient des “risques” qu’elles prennent, et qui consistent à être arraisonnés et accueillis avec café-croissants par Tsahal… Et les “antisionistes” occidentaux de s’auto-réjouir d’être si bons quand ils se contentent de faire d’Israël le bouc émissaire de leur culpabilité d’enfants de puissances ex-coloniales. Israël pourtant, de fait décolonisé en 1948 pour une décolonisation ipso facto refusée par les Arabes, qui ont rejeté toutes les propositions, refus aujourd’hui porté essentiellement par l’islamisme : un État juif souverain est, islamistement parlant, inconcevable.

Et les “antisionistes” occidentaux de ne pas voir qu’ils ne font que réactiver le plus classique des antisémitismes. Georges Bernanos, introduisant un sien propos célèbre, clame son antisionisme : « Il y a une question juive. Ce n'est pas moi qui le dis, les faits le prouvent. Qu'après deux millénaires le sentiment raciste et nationaliste juif soit si évident pour tout le monde que personne n'ait paru trouver extraordinaire qu'en 1918 les alliés victorieux aient songé à leur restituer une patrie, cela ne démontre-t-il pas que la prise de Jérusalem par Titus n'a pas résolu le problème ? Ceux qui parlent ainsi se font traiter d'antisémites. Ce mot me fait de plus en plus horreur, Hitler l'a déshonoré à jamais. » (Bernanos, 24 mai 1944 dans O Jornal, presse brésilienne, reproduit dans Le Chemin de la Croix-des-Âmes (1948), Gallimard, p. 421-422.)

L’antisémitisme déshonoré (qui aujourd’hui se déclarerait antisémite ?), en accord avec Bernanos on a trouvé le nouveau terme, inventé par Staline, puis dévoilé pour ce qu’il est par Jankélévitch (L'Imprescriptible, 1965) : « L'antisionisme est l'antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d'être démocratiquement antisémite. Et si les Juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. Il ne serait plus nécessaire de les plaindre ; ils auraient mérité leur sort. » On en est là…

vendredi 29 août 2025

Trois fléaux, trois menaces



« Notre anxiété fait écho à celle du Voyant dont nous sommes plus près que ne le furent nos devanciers, y compris ceux qui écrivirent sur lui, singulièrement l'auteur des Origines du christianisme, lequel eut l'imprudence d'affirmer : “Nous savons que la fin du monde n'est pas aussi proche que le croyaient les illuminés du premier siècle, et que cette fin ne sera pas une catastrophe subite. Elle aura lieu par le froid dans des milliers de siècles…” L'Évangéliste demi-lettré a vu plus loin que son savant commentateur, inféodé aux superstitions modernes. Point faut s'en étonner : à mesure que nous remontons vers la haute antiquité, nous rencontrons des inquiétudes semblables aux nôtres. La philosophie, à ses débuts, eut, mieux que le pressentiment, l'intuition exacte de l'achèvement, de l'expiration du devenir. » (Emil Cioran, Écartèlement, Gallimard, 1979, p. 60-61)

« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. » (2 Pierre 3.10)

1er fléau, la menace écologique que l’on ne corrigera pas. Trop inféodés au capitalisme consumériste (y compris les tenants de la gauche “radicale” comme l'avait été le communisme soviétique — cf., entre autres, Tchernobyl). Entre autres vérifications du fait qu’on ne corrigera rien : le refus récent, à Genève, de l'accord sur la limitation des plastiques (cf. l'analyse de J.-P. Sanfourche sur Forum protestant) : géré par autant de pays et lobbys qui ne veulent pas d’accord, tous inféodés à Mammon, y compris le commun des mortels qui tenons à notre consumérisme / « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » (Matthieu 6.24 ; cf. // Luc 16.13)

2e fléau, lié au premier, les replis identitaires sur les intérêts à court terme de chacun, chaque nation : « Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume » (Matthieu 14.7). Les identitarismes — russe, tentant de conquérir l’Ukraine, fût-ce au prix de bombardements des civils ; américain, taxant le monde entier et méprisant la menace écologique ; les nostalgiques des communismes meurtriers du XXe siècle (nostalgie russe aussi, et nord-coréenne ou chinoise), ne dédaignant pas de s’allier avec l’identitarisme de l’islam politique (pourtant auto-suicidé contre les tours de New York, cela confirmé le 7 octobre 2023), apparemment très opposé à toute gauche “radicale” ou “wokiste”, mais de facto similaire quant aux nostalgies meurtrières.

3e fléau, tous ces identitarismes ont “bénéficié” de la prolifération nucléaire et se sont dotés, ou essaient de se doter de la Bombe (de beaucoup de bombes, de nos jours toutes 100 fois plus puissantes que celle d'Hiroshima)… jusqu’au jour où, si les guerres en multiplication et la menace écologique n’ont pas accompli la catastrophe, tel ou tel “dérapage” nucléaire s’en chargera… hâtant le jour où « les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront » (2 Pierre 3.12).


Søren Kierkegaard, « nous demande d'imaginer un très grand navire confortablement aménagé. C'est vers le soir. Les passagers s'amusent, tout resplendit. Ce n'est que liesse et réjouissance. Mais sur le pont, le capitaine voit un point blanc grossir à l'horizon et dit : "La nuit sera terrible". Il distribue les ordres nécessaires aux membres de l'équipage. Puis, ouvrant sa Bible, il lit juste ce passage : "Cette nuit-même, ton âme te sera redemandée". Pendant ce temps. Dans les salons on continue de festoyer. Les bouchons de champagne sautent. L’orchestre joue de plus en plus fort. On boit à la santé du capitaine. Et "La nuit sera terrible".

« Kierkegaard imagine alors une situation plus effrayante encore. Les conditions sont exactement les mêmes avec cette différence que, cette fois-ci, le capitaine est au salon, rit et danse, il est même le plus gai de tous. C'est un passager qui voit le point menaçant à l'horizon. Il fait demander au capitaine de monter un instant sur le pont. Il tarde ; enfin il arrive. Mais il ne veut rien entendre et plaisantant, il se hâte de rejoindre en bas la société bruyante et désordonnée des passagers qui boivent à sa santé dans l'allégresse générale. Et il adresse ses remerciements chaleureux".

« Le monde occidental en général et ses Églises en particulier
— commente le professeur Jean Brun qui cite Kierkegaard en 1976, deux ans après le premier “choc pétrolier” — ressemblent de plus en plus à ce navire que le point menaçant à l'horizon engloutira lorsqu'il deviendra typhon. Tout le monde danse dans les salons. Les capitaines sablent le champagne et maudissent les pessimistes qui scrutent l'horizon et qui n'ont confiance ni dans le dieu Progrès ni dans les capacités des Grands Timoniers qui prétendent tenir solidement la barre et diriger fermement le navire social alors qu'ils ne font que l'infléchir selon les courants définis par les sondages d'opinions, cette boussole sans Nord prise aujourd'hui comme compas suprême. » (Jean Brun, citant Søren Kierkegaard, Note du Journal de 1855, dans L'Instant, trad. P.-H. Tisseau, 1948, p. 247 — in « Sablons le champagne », Foi et vie, Janvier-Février 1976.)

jeudi 28 août 2025

À propos des citadelles du vertige classées par l'Unesco comme "forteresses royales"

Une tribune de l'Obs, écrite par Arnaud Fossier, nous affirme "que nous ne les connaissons [les hérétiques cathares] qu’au travers de traités rédigés par des clercs catholiques à la fin du XIIe siècle, qui leur sont naturellement très hostiles".
C'est nettement incomplet, pour ne pas dire faux ! Les cathares nous ont laissé, notamment :

deux traités de théologie en latin : un "traité anonyme" conservé dans un Liber Contra Manicheos (daté selon les spécialistes soit du début XIIIe soit de la fin du XIIe siècle, Occitanie), et, développant une théologie similaire, le Livre des deux Principes / Liber de duobus Principiis (XIIIe siècle, Italie), au titre éloquent sur leur théologie ;
trois rituels : un en latin, en annexe du Livre des deux Principes ; deux en occitan, un dit de Lyon (où il est conservé), en annexe d'un Nouveau Testament traduit en occitan par les cathares, un dit de Dublin (où il est conservé) ;
d'autres traités de théologie produits par les cathares accompagnant le "rituel de Dublin" : une longue glose du Pater, une Apologie de la vraie Église de Dieu. (voir les PRÉCISIONS ICI).

RP

(Sur ces citadelles du vertiges, VOIR ICI)


mardi 26 août 2025

Mémoire de la St-Barthélémy 1572


D'après l'historien Jérémie Foa

Diffusé le mardi 26 août à 21h10 sur France 2 :

première partie
deuxième partie

Le titre du film, très juste, ouvrira sur la tentation de certains de renvoyer dos-à-dos les bourreaux et les victimes, croyants les uns comme les autres. Tentation qui fait bon marché de ce que le fanatisme totalitaire, débuté en effet en Occident moderne avec le catholicisme de l'Inquisition, a connu des concurrents athées au XXe siècle (nazisme, marxismes, etc.), qui ont battu tous les records antécédents, et de loin, en nombre de massacres — athées aujourd'hui concurrencés à leur tour par l'islam partout où il est au pouvoir : Iran, Afghanistan, etc., et partout où il essaie d'y être, universellement : projets salafistes et fréristes d'al Qaïda, Daesh, Boko Haram, Hamas, etc., etc. (sans oublier ceux qui les soutiennent), qui eux justifieraient bien le titre du film, légèrement repensé par ceux qui n'oublient pas le passage athée du XXe : tuer au nom d'une idéologie, i.e. (c'est rendu clairement visible par le totalitarisme islamique) : au nom d'une idole, fût-elle idole unique.

*

Sur la St-Barthélémy 1572 proprement dite, n’oublions pas la thèse essentielle de Jean-Louis Bourgeon, appuyée sur des lettres et témoignages qui montrent que la royauté n'aurait pas exécuté les chefs protestants, mais s’est vantée a posteriori d’un contrôle qu’elle n’avait pas réellement afin de garder la légitimité politique.
Jean-Louis Bourgeon s'appuie notamment sur la lettre de Louis de Gonzague, duc de Nevers, écrite à Catherine de Médicis le 20 août 1573, un an après la Saint-Barthélemy, pour montrer que la royauté a surtout cherché à “sauver la face” et à se présenter comme en contrôle, alors qu'en réalité elle était dépassée par les événements (cf. Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, tome 160, 2014, pp. 709-732).
Le duc de Nevers décrit la Saint-Barthélemy comme une “sédition”, une “rébellion” et une “émeute générale”, au lieu du fruit d’une décision de la famille royale. Selon cette source, la royauté fut une cible des violences et de la manipulation des grands seigneurs catholiques, et non le véritable instigateur du massacre.
Il extrait de la lettre la notion d’une “querelle du bien public couverte du manteau de Religion”, où la royauté doit se justifier face à une population qui la considère comme “faillible” ou “complice”.
Bref, la politique de communication royale aurait consisté à donner l’illusion d’une maîtrise, notamment en revendiquant l’exécution des chefs huguenots pour rassurer le public et éviter d’apparaître impuissant devant le peuple et les factions radicales.

*

Retour à l'actualité… La haine fanatique vertueuse contre l'hérésie que souligne le film évoque redoutablement la haine antisémite vertueuse actuelle, fanatique de même, qui semble ne plus connaître de frein contre un terrible déchaînement…

Ci-dessous, comme arrière-plan : l'affaire Mortara… Voir le film de Marco Bellocchio sur l'histoire d'Edgardo Mortara. Dans le film, intitulé L'enlèvement, parmi les musiques qui l'accompagnent :

— la scène onirique de la décrucifixion d'un crucifix, musique d'après Arvo Pärt, Cantus in Memoriam Benjamin Britten :


— la scène de l'enlèvement nocturne d'Edgardo Mortara, musique d'après Sergei Rachmaninov, L'île des morts :


samedi 23 août 2025

Vie juste ?

“Il n’y a pas de vie juste dans un monde faux.” (Theodor Adorno, Minima Moralia, 1944, Payot 1983)

Relecture par Adorno de ce que l’on doit à Augustin… On doit à Augustin la relecture lucide comme péché originel, c’est-à-dire fait moral, participé par tous (“un monde faux”), de l’exil métaphysique et de son illustration par le mythe origénien de la chute depuis la préexistence. On sait où conduit le rejet moderne du péché originel… et de la morale !…

Le péché orginel dit à juste titre la dégradation morale, aspect incontournable, le pôle ex-nihilo de l’être émané du créateur, selon un acte volontaire qui le produit selon son image, mais ipso facto dégradée.

RP


mercredi 20 août 2025

Les ex-châteaux cathares devenus "forteresses royales"

“L'an 1244 fut pris, dans le diocèse de Toulouse, un castrum inexpugnable. Deux cent vingt quatre hérétiques y furent brûlés”. Gérard de Frachet, o.p., décédé en 1271 (cité par Michel Roquebert, L'épopée cathare, vol.IV)
Image : reconstitution hypothétique de la butte de Montségur avant la conquête royale



… Œuvre d'un “comité scientifique” (Association Mission Patrimoine Mondial) chargé du dossier en vue d'un classement par l'Unesco, l'institution est censée suivre la thèse voulant qu'avant la conquête de ces lieux par la royauté française, il n'y ait rien eu sous les nouveaux remparts : captation ? remplacement ? substitution ? Comment faut-il appeler cela ? L'Unesco semble coutumière de l'adoption de ce genre d'avis “scientifiques”…

… On remplace, on substitue… Car AVANT cette substitution et reconstruction, il y avait bien quelque chose en ces lieux changés par la suite en “forteresses royales”. C'était des places fortes, nombreuses à avoir servi de refuge aux persécutés cathares (*) (encore faut-il qu'on leur concède d'avoir bien existé !), d'où la légitimité de l'ancienne appellation : “châteaux cathares”, même si les cathares n'étaient évidemment pas des bâtisseurs de châteaux. Ils y ont pourtant bien été pourchassés.

L'Unesco est apparemment coutumière du fait, disais-je :
Le 18 octobre 2016 la même Unesco approuvait une résolution sur les problèmes Israël-Palestine, postulant qu'avant la colonisation arabe de ladite terre au VIIe siècle, colonisation arabe qui faisait elle-même suite à la colonisation romaine puis byzantine, il n'y a aurait rien eu : la destruction des symboles juifs, comme le temple en 70, aurait vu disparaître la population juive : sa soumission par Rome puis par les Arabes aurait impliqué qu'il n'y avait plus de juifs (il y en a toujours eu, leurs descendants fussent-il parfois, pour certains, pas pour tous, convertis au christiansime sous la colonisation byzantine ou à l'islam sous la colonisation arabe, puis turque).
L'Unesco suivait donc, en 2016, la thèse de l'occultation totale du fait qu'il y avait là d'abord un temple, thèse qui se traduisait par la disparition du nom “Mont du Temple" pour ne retenir que celui de sa reconstruction ultérieure en Al-Aqsa Mosque/Al-Haram Al Sharif

Comme aujourd'hui, en ex-terre d'Oc, les forteresses reconstruites — comme l'a montré Michel Roquebert écrivant sur ces “citadelles du vertige” (**) — en “forteresses royales”, recouvrent sous l'oubli et l'occultation, selon la thèse “scientifique” proposée à l'Unesco, plusieurs lieux de refuge (*) des cathares disparus.

RP

(*) Châteaux ayant servi de refuge aux cathares :
Montségur : C’est le plus célèbre, véritable place forte cathare. Il abrita la communauté et l’Église cathare, assiégée en 1243-1244. Plus de 200 cathares y périrent sur le bûcher à la reddition.
Quéribus : Après la chute de Montségur, il servit de dernier refuge à certains cathares qui s’y replièrent. Il fut l’une des deux dernières places fortes à tomber.
Puilaurens : A accueilli des cathares persécutés, bien que le château n’ait pas subi d’assaut majeur. Il reste un site avéré d’accueil de cathares.
Roquefixade : Également mentionné comme ayant servi de refuge et de lieu de résistance pour les albigeois cathares.
Lastours (ensemble de 4 châteaux) : Ce site fut un pôle important pour l’activité religieuse cathare et a abrité notamment des maisons d’évêques cathares. Il fut assiégé à deux reprises, résistant longtemps à la Croisade.
Termes : Fut soutenu par des seigneurs favorables aux cathares et subit un siège, mais il est plus symboliquement associé à la Croisade qu’à un refuge actif de cathares.
D’autres châteaux, comme Peyrepertuse ou Aguilar, sont aujourd’hui inclus dans le parcours touristique dit du Pays cathare, mais leur rôle d’abri effectif pour les cathares est discuté.

(**) Pourquoi ne pas proposer ce titre, “citadelles du vertige”, qui aurait l'avantage de ne pas se prononcer sur la question de l'avant ou après conquête ?