lundi 1 juillet 2019

Création & sortie

Maître Eckhart, Du détachement, trad. J. Ancelet-Hustache, Points Seuil, p. 179
& Sermon 52, trad. G. Jarczyk & P.-J. Labarrière, Rivages Poche p. 77

mercredi 19 juin 2019

jeudi 6 juin 2019

Au bout du renoncement philosophique...

« Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout de l'humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler.
Et, dès lors, une de ses phrases s'impose à moi :
"Nous aspirons, non pas à l'égalité, mais à la domination. Le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s'agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d'en faire une loi."
Cela sonne net, hautain, brutal, et nous installe en pleine sauvagerie hurlante. Mais descendons d'un degré.
Qui parle ? J'ai honte à le dire : c'est l'humaniste occidental, le philosophe "idéaliste". Qu'il s'appelle Renan, c'est un hasard. […] » (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, éditions Présence Africaine, 1955/2004 p. 14-15)

« Chaque fois qu’il y a au Viêt-nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et […] au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées, de tous ces prisonniers ficelés et “interrogés”, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent.
Et alors un beau jour, la bourgeoisie est réveillée par un formidable choc en retour : les gestapos s’affairent, les prisons s’emplissent, les tortionnaires inventent, raffinent, discutent autour des chevalets.
On s’étonne, on s’indigne. On dit : “Comme c’est curieux ! Mais, Bah ! C’est le nazisme, ça passera !” Et on attend, et on espère ; et on se tait à soi-même la vérité, que c’est une barbarie, mais la barbarie suprême, celle qui couronne, celle qui résume la quotidienneté des barbaries ; que c’est du nazisme, oui, mais qu’avant d’en être la victime, on en a été le complice ; que ce nazisme-là, on l’a supporté avant de le subir, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des peuples non européens ; que ce nazisme là, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la civilisation occidentale et chrétienne. » (Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, ibid. p. 12-13)

mercredi 22 mai 2019

Histoire des Albigeois



HISTOIRE DES ALBIGEOIS de JEAN CHASSANION (première réédition depuis le XVIe siècle)… !
Préface d'Anne Brenon,
introductions par Michel Jas et Roland Poupin
http://editionsampelos.com/contactez-nous/
Éditions AMPELOS 175 pages prix 25 €


4e de couverture :
Cette histoire des Albigeois a été préparée depuis 1562 et éditée en 1595 à Genève par le pasteur Jean Chassanion dit 'La Chasse' auvergnat d'origine (du Velay). Pour la composer, il utilisa un des manuscrits de la Chanson de la Croisade (copie d'un livre écrit à la main, en occitan) ainsi que les Recueils de la ville de Toulouse de Rebira (ouvrage aujourd'hui perdu, écrit lors de l'essor de l'humanisme toulousain, vers 1530-1538, qui rassemble les chroniques comme celles de Puylarens moins défavorables à l'égard des anciens hérétiques). Cet ouvrage est sans doute une première tentative d'histoire 'neutre' des croisades contre les Cathares.
Jean Chassanion exerça d'abord dans l'Église pré-calviniste de Meaux, puis à Montauban et structura en 1560 l'Église protestante de Montpellier. Il desservit ensuite Troyes et Metz, lieux stratégiques pour la Réforme à cette époque, avant de se retirer à Genève d'où il publia son Histoire des Albigeois.
La préface et les introductions sont de Anne Brenon, Michel Jas et Roland Poupin, tous trois spécialistes de l'histoire religieuse du catharisme.

samedi 11 mai 2019

jeudi 25 avril 2019

Du détachement


« Le mystique Hassan al-Basrî lui demanda : "te marieras-tu un jour ?" Elle répondit : "Le mariage est souhaitable à qui a la possibilité de choisir. Moi, je n'ai pas le choix. J'appartiens à mon Seigneur et je me tiens à l'ombre de ses commandements. Hors de cela, ma personne ne compte guère. Et comment es-tu parvenue à un tel degré de détachement ? dit-il. — Par mon extinction dans le Tout." » (Râbi’a al-Adawiyya, env. 713-801, Propos XL – trad. Salah Stétié)

« Aucune sortie, si petite qu’elle soit, ne peut rester sans dommage pour le détachement. […]
De par ma propre volonté, je sortis et reçus mon être créé. » (Maître Eckhart, XIVe s., Du détachement)

*

« Elle dit un jour au mystique Soufiâne : "Tu serais le meilleur des hommes n’était ton attachement au monde. — À quoi suis-je donc si attaché ?" demanda-t-il, étonné. "Aux hadîth(s)", lui répondit-elle […]. » (Râbi’a al-Adawiyya, Propos IX, ibid.)