
Traduction française ICI. Cf. texte ci-dessous :
« Deux hommes armés et masqués du Hamas sont venus à la porte de mon appartement de Gaza en juillet et m’ont ordonné de me présenter à l’hôpital al-Shifa pour un interrogatoire ce soir-là. J’avais été actif dans les manifestations anti-Hamas qui avaient éclaté dans toute la bande ce mois-là, appelant le groupe à accepter un cessez-le-feu et à quitter Gaza. Le Hamas considérait les manifestants comme une menace.
Comme dans la plupart des hôpitaux de Gaza, le Hamas maintient une salle de de torture à al-Shifa, dissimulée parmi les services hospitaliers et les blocs opératoires. Je connais cet endroit car j’ai été arrêté par le Hamas à vingt reprises et torturé plus d’une fois. Étant donné la tension croissante dans la bande et la répression brutale du Hamas contre l’opposition, je savais ce que signifiait obéir aux hommes armés : j’aurais de la chance si je m’en sortais avec seulement des os brisés cette nuit-là.
Pendant la guerre, le nombre de dissidents assassinés par les agents de l’unité Arrow du Hamas a fortement augmenté, leurs corps étant jetés dans la rue ou livrés à la porte de leurs familles. À mesure que le Hamas perd le contrôle de Gaza, la violence s’aggrave. Dans les jours et les semaines précédant la visite chez moi, des militants du Hamas ont torturé le journaliste local Ahmed al-Masri pour avoir rejoint les manifestations, lui brisant les pieds et lui tirant dans les jambes, selon les témoignages. Ils ont poignardé à mort l’activiste Uday al-Rubaie et ont jeté son corps du haut d’une tour. Le Hamas est une mafia terroriste qui se nourrit de la peur, et je reconnais que j’étais effrayé cette nuit-là en envisageant mes options. J’ai choisi de tenter ma chance en fuyant la ville, sans savoir où je trouverais sécurité ou abri. Depuis, je suis resté en mouvement, gardant un profil bas et me réfugiant dans des zones qui ne sont plus contrôlées par le Hamas.
Mais au milieu des destructions généralisées, j’ai vu des signes de renouveau. Certains quartiers gèrent désormais eux-mêmes leurs approvisionnements alimentaires et ont rouvert des écoles et des mosquées. Certaines zones se sont même armées pour empêcher le Hamas de revenir et de ramener la guerre avec lui.
À Rafah Est, Khan Younis Est et dans certaines parties du nord de Gaza, les gens peuvent accéder aux soins médicaux et acheter leur nourriture sur les marchés à des prix normaux, plutôt qu’aux tarifs exorbitants pratiqués dans les territoires contrôlés par le Hamas. Seules quelques milliers de personnes vivent dans ces zones plus stables, mais sur les réseaux sociaux, les publications de Gazaouis cherchant à s’y installer pour fuir la guerre sont innombrables. Tout le monde n’y parvient pas : un couple âgé que je connaissais à Gaza a été tué par le Hamas en tentant de fuir vers l’une de ces zones. Ces villes ne devraient pas être une exception — c’est pourquoi le plan de paix en 20 points du président Trump a ravivé l’espoir des Gazaouis d’un avenir plus stable.
La force du plan de M. Trump réside dans la clause 17 : même si le Hamas refuse de signer l’accord, les États-Unis, avec leurs partenaires régionaux, établiront une administration civile indépendante pour gérer les vastes zones de Gaza déjà débarrassées des combattants du Hamas. Un corps de maintien de la paix international composé de forces palestiniennes et arabes soutiendra la nouvelle administration civile, garantissant que le Hamas ne reprenne jamais le contrôle. En retour, Israël retirera ses forces de ces zones.
Il est difficile de surestimer à quel point cela serait révolutionnaire. La population civile pourrait, en relativement peu de temps, vivre en paix sans pénuries dans la grande majorité de Gaza.
Israël ayant déjà accepté le plan de M. Trump, la proposition peut être mise en œuvre dans les zones contrôlées par les Forces de défense israéliennes, même si les dirigeants du Hamas refusent de signer. Mon espoir est que cette guerre se termine par la libération des otages, la fin de la tyrannie du Hamas et la renaissance de Gaza comme lieu ouvert à la paix et à la prospérité. Un jour, je rêve que les Israéliens reviennent à Gaza comme amis et visiteurs, traversant librement une terre qui ne serait plus gouvernée par la terreur. Ce long processus peut commencer aujourd’hui, avec ou sans le consentement du Hamas.
Au nom des Palestiniens que la peur des cachots de torture et de l’unité Arrow a réduit au silence : Monsieur Trump, nous acceptons votre proposition. »
— Moumen Al-Natour est avocat à Gaza et président de la Jeunesse palestinienne pour le développement.
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