samedi 8 juin 2024

Israël-Palestine, un passé qui ne passe pas



Face aux idées reçues à propos du conflit israélo-palestinien, il faut rétablir quelques vérités historiques concernant la Nakba, le droit au retour ou les intentions génocidaires, explique l’historien Georges Bensoussan.

Extraits :

[…] Dans le narratif arabe, la mémoire des Juifs du monde arabe a disparu, comme si les Israéliens n’étaient habités que par la seule mémoire de la Shoah, comme si l’État d’Israël s’était figé à l’heure du procès Eichmann en 1961. En oubliant que la moitié de la population israélienne d’aujourd’hui est constituée de descendants de Juifs arabes évincés (et spoliés pour beaucoup) de leurs patries de naissance.

Évoquer la Nakba sans un mot pour ces Israéliens originaires du monde arabe (ou leurs descendants) laisse entendre que les États arabes n’auraient aucune responsabilité dans le départ de ces antiques communautés présentes bien avant l’arrivée de l’islam. C’est penser que seuls les Arabes palestiniens auraient l’apanage d’une mémoire traumatique. Or l’épuration ethnique des Juifs du monde arabe est pourtant une réalité reconnue, y compris même aujourd’hui par des Juifs antisionistes et sévères contempteurs de l’État d’Israël. « À la lumière des preuves récemment publiées par le Sénat irakien et par la police de l’époque, je pense qu’il est temps de repenser le sens de cet exode « volontaire ». « C’était une expulsion, note en avril 2024 l’universitaire d’extrême gauche Zvi Ben-Dor Benite , d’origine irakienne. Il ne fait aucun doute que l’État d’Israël nouvellement créé a attiré les Juifs et conclu des accords au-dessus de leurs têtes. Mais l’Irak a quand même déporté ses Juifs. »

La Franco-Syrienne Rima Hassan, native de Syrie, à la grande « surprise » des opposants à la dictature syrienne, comme Omar Youssef Souleimane, entre et sort librement de cet État ultrapolicier et militarisé. Cet étendard des droits de l’homme n’a visiblement aucune mémoire du calvaire enduré par les Juifs de son pays à l’époque de Hafez el-Assad. Toutefois, on n’en serait pas là si les Juifs avaient accepté de demeurer des dhimmis, comme le préconise l’article 31 de la charte du Hamas (adoptée le 18 août 1988), annulant, ce faisant, les réformes de l’empire ottoman de 1856.

L’amnésie fait tache d’huile et occulte systématiquement, comme le note l’historien français Pierre Vermeren, que les États arabes « ont chassé ou vendu leurs Juifs nationaux [un million de personnes au départ], ce qui a doublé la population juive israélienne ». Tandis que ces mêmes pays arabes, ajoute-t-il, « trouvent normal que l’État hébreu héberge des millions d’Arabes palestiniens ». Une amnésie qui alimente une stupéfiante inversion victimaire quand la purification ethnique prêtée à l’État d’Israël est bel et bien une réalité du monde arabo-musulman d’hier et d’aujourd’hui, comme lorsqu’en septembre 2023, dans une indifférence quasi générale, 120 000 Arméniens chrétiens du Haut-Karabakh étaient expulsés par l’Azerbaïdjan d’une patrie où leur présence est attestée bien avant l’arrivée de l’islam. […]

Article complet ICI. Et le "Que sais-je" de Georges Bensoussan Les origines du conflit israélo-arabe (1870-1950) ICI.

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