samedi 5 novembre 2022

Ministère de victime consentante



« Si j’avais su au début, quand j’ai commencé d’écrire, ce que j’ai maintenant éprouvé et vu, à savoir à quel point les gens haïssent la Parole de Dieu et s’y opposent aussi violemment, je m’en serais tenu en vérité au silence (…) Mais Dieu m’a poussé de l’avant comme une mule à qui l’on aurait bandé les yeux pour qu’elle ne voie pas ceux qui accourent contre elle (…) C’est ainsi que j’ai été poussé en dépit de moi au ministère d’enseignement et de prédication ; mais si j’avais su ce que je sais maintenant, c’est à peine si dix chevaux auraient pu m’y pousser. C’est ainsi que se plaignent aussi Moïse et Jérémie d’avoir été trompés. » (Luther, Propos de table (cité par Volz dans son commentaire de Jérémie, p. 208, in Henry Mottu, Les "confessions" de Jérémie : une protestation contre la souffrance, Labor & Fides, 1985, p. 123)

« L'ambassadeur, dans l'administration des sacrements, comme dans ses autres offices, représente le Maître qui l'envoie. En parlant des pasteurs, Calvin écrit : “Et quand il a commandé à ses disciples de faire, en célébrant la cène, ce qu'il avait fait, il les a sans doute voulu instruire qu'à son exemple il y en eût un qui dispensat le sacrement aux autres (Mat. 28: 19; Luc. 22:19).” L'ambassadeur fait ce que son Maître avait fait. » (in Léopold Schümmer, Le ministère pastoral dans l'Institution chrétienne de Calvin à la lumière du troisième sacrement, Wiesbaden, 1965, p. 59)

Nous qui avons reçu l'ordination de reconnaissance de notre ministère, nous dont la vocation interne au ministère pastoral a été marquée comme vocation externe, nous avons été admis dans le triple ministère du Souverain Pasteur (1 P 5, 4) — royal (Lc 22, 25-26), prophétique (Jr 20, 7-8), sacerdotal (Hé 5, 8). Quant à la dimension royale, elle consiste en service (i.e. “ministère”) selon le Christ (“qu’il n’en soit pas parmi vous comme parmi les rois des nations”). Quant à la dimension prophétique, elle consiste à dire une parole qui peut déplaire, et nous rendre déplaisants (“tout le monde se moque de moi”, Jr 20, 7). Quant à la dimension sacerdotale, je ne me souviens pas qu'un pasteur ait jamais dit : "J'ai été ordonné victime", ou : "J'étudie pour être victime". Cela semblerait presque étranger au fait d'être pasteur. Les instituts de formation au ministère nous ont enseigné d'être de “bons” pasteurs ; mais on ne nous a pas dit d'être des victimes consentantes. Et pourtant, le Christ, le Souverain Pasteur, n'était-il pas une victime ? N'est-il pas venu pour mourir ? Il n'a offert ni agneau, ni taureau, ni colombes ; il n'a rien offert d'autre que lui-même… Célébrons-nous la sainte Cène, annonçant la mort Seigneur (1 Co 11, 26) pour le péché (2 Co 5, 21), comme si cela n'avait aucun lien avec nous ? Présentons-nous le Christ Sauveur en présence du Père comme si nous n'étions pas en train de mourir avec lui ? (Adapté de Fulton Sheen)

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