Le dicton "il pleut, il fait soleil, le diable bat sa femme et il marie sa fille", a pour fondement une tradition mythologique rapportée d’après un fragment de Plutarque qu’Eusèbe de Césarée nous a conservé dans sa Préparation évangélique (liv. III, ch. 1). Jupiter (grec Zeus) était brouillé avec Junon (gr. Héra) qui se tenait cachée sur le mont Cythéron. Errant dans le voisinage, le dieu rencontra le sculpteur Alalcomène qui lui dit que, pour la ramener, il fallait la tromper et feindre de se marier avec une autre. Jupiter trouva le conseil fort bon et voulut le mettre sur l’heure en pratique.
Aidé d’Alalcomène il coupa un grand chêne, forma du tronc de cet arbre la statue d’une belle femme, lui donna le nom de Dédala, et l’orna de la brillante parure de l’hyménée. Après cela, le chant nuptial fut entonné, et des joueurs de flûte, que fournit la Béotie, l’accompagnèrent du son de leurs instruments.
Junon instruite de ces préparatifs descendit à pas précipités du mont Cythéron, vint trouver Jupiter, se livra à des transports de jalousie et de colère, et fondit sur sa rivale pour la maltraiter ; mais ayant reconnu la supercherie, elle changea ses cris en éclats de rire, se réconcilia avec son époux, se mit joyeusement à la tête de la noce qu’elle voulut voir achever, et institua, en mémoire de l’événement, la fête des dédales ou des statues qu’on célébra depuis, tous les ans, en grande pompe, à Platée en Béotie.
La dispute de Jupiter et de Junon est, selon Plutarque / Eusèbe, une allégorie de la lutte du principe igné représenté par Zeus / Jupiter, et du principe humide représenté par Héra / Junon. Lorsque ces deux principes, ne se tempérant pas l’un par l’autre, ont rompu l’harmonie qui doit régner entre eux, il y a trouble et désordre dans les régions atmosphériques. La domination du premier produit une sécheresse brûlante, et celle du second amène des torrents de pluie.
Ce dernier accident survint sans doute dans la Béotie qui fut inondée, ainsi que l’indique le séjour de Junon sur le Cythéron ; et lorsque la terre dégagée des eaux eût reparu, on dit que la sérénité rendue à l’air par le calme était l’effet de la réconciliation des deux divinités, comme le mauvais temps avait été l’effet de leur division.
Après cette explication, il est presque superflu d’ajouter que Jupiter qui triomphe du courroux de Junon, ou, suivant l’expression de Plutarque, le principe igné qui se montre plus fort que le principe humide, est le diable qui bat sa femme, qui l’emporte sur sa femme, tandis que le même dieu qui fait la noce de la statue, dont il est l’auteur ou le père, est le diable qui marie (épouse) sa fille. On sait que Jupiter a reçu le nom de diable et de grand diable dans le langage des chrétiens.
Fille (comme cause de la brouille plutôt que remède à la brouille ?) : l'arbre d'Alalcomène, ou : Sémélé (gr. étymologie chtonienne), fille d'Harmonie, fille d'Arès (lat. Mars) et d'Aphrodite (lat. Venus), Aphrodite / Venus fille de Zeus selon Homère (mais fille d'Ouranos, donc tante de Zeus selon Hésiode) — Sémélé, donc, fille de Venus, et de Cadmos, roi-fondateur légendaire de la cité de Thèbes, est amante de Zeus / Jupiter. Héra / Junon, jalouse, emprunta les traits de Béroé, la nourrice de Sémélé, et conseilla à sa rivale de demander à Zeus de lui montrer son vrai visage. Épouvanté, mais n'osant refuser car il lui avait promis de lui accorder tout ce qu'elle désirerait, Zeus se présenta donc devant elle avec sa foudre et ses éclairs : celle-ci, ne supportant pas la vue des éclairs, brûla.
Sémélé ou, autre hypothèse, Latone (gr. Léto) — selon Plutarque / Eusèbe : "les partisans du sens figuré trouvent à celle-ci une explication moins obscène [qu'amante de Zeus] et plus conforme à la nature. Ils font de Junon et de Latone une seule et même chose : et voici de quelle manière. Junon est la terre comme nous l'avons déjà vu. Latone est la nuit parce que la nuit produit l'oubli (léthô) dans ceux qui se livrent au sommeil : or, la nuit n'est autre chose que l'ombre de la terre. Car lorsque la terre arrive vers le couchant, elle nous dérobe le soleil, et par l'interposition de sa masse elle produit l'obscurité. C'est elle aussi qui opère la décroissance de la pleine lune ; parce qu'à mesure que la lune tourne, l'ombre de la terre se projette sur sa lumière et finit par la faire disparaître entièrement." D'où possiblement ("moins obcène"), l'arbre d'Alalcomène, "fille" de Zeus…
Aidé d’Alalcomène il coupa un grand chêne, forma du tronc de cet arbre la statue d’une belle femme, lui donna le nom de Dédala, et l’orna de la brillante parure de l’hyménée. Après cela, le chant nuptial fut entonné, et des joueurs de flûte, que fournit la Béotie, l’accompagnèrent du son de leurs instruments.
Junon instruite de ces préparatifs descendit à pas précipités du mont Cythéron, vint trouver Jupiter, se livra à des transports de jalousie et de colère, et fondit sur sa rivale pour la maltraiter ; mais ayant reconnu la supercherie, elle changea ses cris en éclats de rire, se réconcilia avec son époux, se mit joyeusement à la tête de la noce qu’elle voulut voir achever, et institua, en mémoire de l’événement, la fête des dédales ou des statues qu’on célébra depuis, tous les ans, en grande pompe, à Platée en Béotie.
La dispute de Jupiter et de Junon est, selon Plutarque / Eusèbe, une allégorie de la lutte du principe igné représenté par Zeus / Jupiter, et du principe humide représenté par Héra / Junon. Lorsque ces deux principes, ne se tempérant pas l’un par l’autre, ont rompu l’harmonie qui doit régner entre eux, il y a trouble et désordre dans les régions atmosphériques. La domination du premier produit une sécheresse brûlante, et celle du second amène des torrents de pluie.
Ce dernier accident survint sans doute dans la Béotie qui fut inondée, ainsi que l’indique le séjour de Junon sur le Cythéron ; et lorsque la terre dégagée des eaux eût reparu, on dit que la sérénité rendue à l’air par le calme était l’effet de la réconciliation des deux divinités, comme le mauvais temps avait été l’effet de leur division.
Après cette explication, il est presque superflu d’ajouter que Jupiter qui triomphe du courroux de Junon, ou, suivant l’expression de Plutarque, le principe igné qui se montre plus fort que le principe humide, est le diable qui bat sa femme, qui l’emporte sur sa femme, tandis que le même dieu qui fait la noce de la statue, dont il est l’auteur ou le père, est le diable qui marie (épouse) sa fille. On sait que Jupiter a reçu le nom de diable et de grand diable dans le langage des chrétiens.
Fille (comme cause de la brouille plutôt que remède à la brouille ?) : l'arbre d'Alalcomène, ou : Sémélé (gr. étymologie chtonienne), fille d'Harmonie, fille d'Arès (lat. Mars) et d'Aphrodite (lat. Venus), Aphrodite / Venus fille de Zeus selon Homère (mais fille d'Ouranos, donc tante de Zeus selon Hésiode) — Sémélé, donc, fille de Venus, et de Cadmos, roi-fondateur légendaire de la cité de Thèbes, est amante de Zeus / Jupiter. Héra / Junon, jalouse, emprunta les traits de Béroé, la nourrice de Sémélé, et conseilla à sa rivale de demander à Zeus de lui montrer son vrai visage. Épouvanté, mais n'osant refuser car il lui avait promis de lui accorder tout ce qu'elle désirerait, Zeus se présenta donc devant elle avec sa foudre et ses éclairs : celle-ci, ne supportant pas la vue des éclairs, brûla.
Sémélé ou, autre hypothèse, Latone (gr. Léto) — selon Plutarque / Eusèbe : "les partisans du sens figuré trouvent à celle-ci une explication moins obscène [qu'amante de Zeus] et plus conforme à la nature. Ils font de Junon et de Latone une seule et même chose : et voici de quelle manière. Junon est la terre comme nous l'avons déjà vu. Latone est la nuit parce que la nuit produit l'oubli (léthô) dans ceux qui se livrent au sommeil : or, la nuit n'est autre chose que l'ombre de la terre. Car lorsque la terre arrive vers le couchant, elle nous dérobe le soleil, et par l'interposition de sa masse elle produit l'obscurité. C'est elle aussi qui opère la décroissance de la pleine lune ; parce qu'à mesure que la lune tourne, l'ombre de la terre se projette sur sa lumière et finit par la faire disparaître entièrement." D'où possiblement ("moins obcène"), l'arbre d'Alalcomène, "fille" de Zeus…
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