samedi 28 octobre 2023

"Comme le papillon"


« Quand Dieu prend un cœur, Il le vide de ce qui n’est pas Lui ; quand Il aime un serviteur, Il incite les autres à le persécuter, pour que ce serviteur vienne se serrer contre Lui seul ». (Akhbâr al-Hallâj. 36. Cité par Louis Massignon, “Étude sur une courbe personnelle de vie : le cas Hallâj, martyr mystique de l’islam”, in Écrits mémorables, I, coll. Bouquins, Robert Laffont, 2009, p. 389).

« Hallâj, qui se substitue [en pensée à Muhammad qui s'est arrêté au seuil de l'incendie divin sans oser "devenir" le Buisson Ardent de Moïse], l'exhorte à avancer, à pénétrer dans le feu du vouloir divin jusqu'à en mourir, comme le papillon mystique, et à se "consommer en son Objet" » (Massignon, ibid., p. 394).

jeudi 26 octobre 2023

Eumdem salvatorem crucifixisse se speravit


Louis Massignon rapporte ce témoignage :
« Un homme était allé se poster devant al-Hallâj, qui était sur le gibet et avait crié : “Louange à Dieu ! Qui t’a fait exposer là — en exemple aux hommes et aux anges, — en avertissement pour ceux qui regardent !” — Mais voici qu’il sentit par-derrière lui al-Hallâj lui-même, dont la main s'était posée sur son omoplate, — et qui lui récitait (le verset du Qorân sur Jésus) : […]
“Non ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, mais il leur a paru qu’il en avait été ainsi… et ils ne l’ont pas tué véritablement ; mais Dieu l’a enlevé à Lui, car Dieu est puissant et juste…” […]
Et c’est là le sens de ce qu’une ancienne légende dit d’al-Hallâj en croix : “Il tourna sa face vers la foule et déclara : “celui qui est visible (ici) a sa profession de foi rejetée : celui qui est (ici) invisible a sa profession de foi agréée (par Dieu) !” [Le mot des anciens : ceci est la moitié d'un homme (…) ]. »
(Louis Massignon, “Al-Hallâj le phantasme crucifié des Docètes et Satan selon les Yezidis”, Revue de l'histoire des religions, 1911, in Écrits mémorables, I, coll. Bouquins, Robert Laffont, 2009, p. 505-506)

Massignon réfère aussi à Manès :
« Inimicus quippe, qui eumdem salvatorem judicum patrem crucifixisse se speravit, - ipse est crucifixus , quo tempora aliud ostensum actum est, atque aliud ostensum. » [Trad. : Pour l'ennemi, qui espérait avoir crucifié le même sauveur, le père des juges, — il fut lui-même crucifié, et à cette époque l'acte montré fut accompli, et un autre fut montré.] (Manès, Epistola fundamenti, extrait ap. S. Augustini, De fide contra Manichaeos, XXVIII, PL t. XLIII, 1147 […], in Louis Massignon, ibid., p. 507.)

La proximité d’avec Dieu, terrible en ce monde, est en cela-même signe d’élection, de vie indestructible auprès de Dieu. Témoin à travers les temps, Israël : Christian Jambet : “Le peuple juif, Israël, dépositaire incontestable de l’élection” (in Massignon, ibid. p. viii).

mardi 24 octobre 2023

Origines XXe s.


« Non, Massignon n'a point milité contre Israël, mais contre la partition de la Terre sainte […]. Israël et Ismaël, les chrétiens, les juifs, les musulmans sont aussi responsables les uns que les autres d'une partition voulue par les grandes puissances, embarrassées des juifs qu'elles ont abandonnés à leurs bourreaux, et rejetant sur les Arabes de Palestine le legs de leurs politiques criminelles. » (Christian Jambet, Préface à : Louis Massignon, Écrits mémorables, I, coll. Bouquins, Robert Laffont, 2009, p. xiv)

… Regard lucide, repris encore en 2009, ancré en un temps hélas révolu, quand à la cause palestinienne qui en est née se substitue un antisémitisme assumé, n'ayant plus rien à voir avec la cause palestienienne, et désormais dévoilé, au détour d'un immense pogrom, aux yeux de qui ne refuse pas de voir…

lundi 23 octobre 2023

Fanatismes assassins


Ils sévissent contre leur peuple partout où ils sont au pouvoir, quelle que soit leur secte. Actuellement, Afghanistan, Iran, Gaza. Aucune difficulté pour eux dans le génocide des Ouighours ou dans les massacres de musulmans dans le Sahel. Un seul problème, obsessionnel, celui qui heurte leur antisémitisme et leur vaut l'approbation des obsessionnels d'Occident et les actes aveugles des fanatisés (qui ne sont pas à l'abri où leurs chefs se cachent). Ce problème, leur obsession : Israël, les juifs.

Cioran, qui s'y connait en matière de fanatisme pour y avoir succombé lui-même dans sa jeunesse grevée d'adhésions fascistes qu'il hait par la suite, écrit :
“Il me suffit d'entendre quelqu'un […] dire 'nous' avec une inflexion d'assurance, d'invoquer les 'autres', et s'en estimer l'interprète, — pour que je le considère mon ennemi. J'y vois un tyran manqué, un bourreau approximatif […].
Le fanatique, lui, est incorruptible : si pour une idée il tue, il peut tout aussi bien se faire tuer pour elle ; dans les deux cas, tyran ou martyr, c'est un monstre. Point d'êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance : les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n'a pas coupé la tête. Loin de diminuer l'appétit de puissance, la souffrance l'exaspère […]. Excédé du sublime et du carnage, il rêve d'un ennui de province à l'échelle de l'univers, d'une Histoire dont la stagnation serait telle que le doute s'y dessinerait comme un événement et l'espoir comme une calamité…”

(Emil Cioran, “Généalogie du fanatisme”, Précis de décomposition, Œuvres, p. 583)

Si on avait opposé autant de "oui, mais" aux exactions des nazis qu'a côtoyés Cioran qu'aux assassins d'aujourd'hui, la Shoah aurait peut-être été menée à son terme, le révisionnisme l'aurait emporté et Hitler serait peut-être resté au pouvoir !

28 octobre 2023, Armita Garavand, 16 ans (image ci-dessus), est décédée.

vendredi 20 octobre 2023

Aux confins de la perdition


“— Besièrs est tombée voilà trois ou quatre jours. Nul n'y a survécu.”
Alaïs tituba vers un banc.
“Ils ont tous… trépassé ? bégaya-t-elle, horrifiée. Femmes et enfants ?
— Nous touchons là aux confins de la perdition, déclara Pelletier. Si l'on peut perpétrer de telles atrocités sur des innocents…”
(Kate Mosse, Labyrinthe, LdP p. 490 — à propos du sac de Béziers, 22 juillet 1209)

“Le diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre,‭ ‭et lui dit : Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.‭ ‭Si donc tu te prosternes devant moi, elle sera toute à toi.” ‭
(Luc 4, 5-7)

“Le monde entier gît sous le pouvoir du Mauvais.”
(1 Jean 5, 19)

“Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge.”
(Jean 8, 44)

Il y eut un temps où le mensonge “argumentait”, où le révisionnisme tentait de la sorte de cacher les crimes qu'il voulait nier, ou ce qui gênait sa conception du monde et de l'histoire. Vient le temps où le mensonge ne se donne même plus cette peine !
Dix jours après l'innommable massacre antisémite perpétré par les terroristes du Hamas, apparaissent, comble du révisionnisme, des propos soutenant, devant la peur de la menace qui pèse sur les assassins cachés derrière les civils et les otages, que les atrocités du 7 octobre n'ont jamais eu lieu ! De sorte que la victime passe pour le coupable quand elle tente de se défendre !
Surprenante inaccessibilité à la compassion pour les victimes de ce pogrom de la part de ceux qui n'en ont pas manqué pour les victimes du Bataclan et qui n'ont alors rien trouvé à redire à la volonté équivalente d'en finir avec Daech. Aucune opposition alors contre les attaques de Mossoul et Raqqa avec leurs victimes civiles. Pour ne rien dire des bombardements indiscriminés au Yémen, des millions d'assassinés au Congo, ou du nettoyage ethnique contre les Arméniens, etc., pas plus qu'en 1970 contre la Jordanie s'en prenant… aux Palestiniens. À croire que les survivants de la Shoah, comme ces grand-mères prises en otage, sont restés quantité négligeable ! (Ignominie supplémentaire des geôliers, "libérant" le 24 octobre pour les entendre dire qu'elles ont été "traitées humainement", leurs proies enlevées dans la violence qui massacrait leurs proches !)

--> Origines…

Entrer dans l'Histoire c'est entrer dans le malheur (“car la gloire de ces royaumes m’a été donnée”, dit le diable en Luc 4, 6), d'autant plus sûrement qu'on est proche de la Source l'Être — redoutable élection ! Avoir été contaminé par la présence de la Source de l'Être au Sinaï, en avoir contaminé une terre. “Je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples ; tous ceux qui la soulèveront seront meurtris” (Zacharie 12, 3). Voir qui s'est approché de la Source de l'Être, ou y aspire, entrer en contradiction avec l'Histoire, au près ou au loin. “Le besoin de pureté du pays occitanien trouva son expression extrême dans la religion cathare, occasion de son malheur.” (Simone Weil, En quoi consiste l'inspiration occitanienne ?, 1942)

Être sorti de l'Histoire, en avoir été chassé, appauvri (Ro 11, 12 & 15) par les empires, Rome et les nations enrichies en l'attente de la plénitude d'au-delà de l'Histoire… jusques à quand ?

RP, octobre 2023

mardi 10 octobre 2023

Sidération


Une jeunesse pacifiste rassemblée à une fête musicale de la paix, la paix avec les Palestiniens pour laquelle plaident ces jeunes Israéliens (et autres), massacrés comme, dans les pogroms alentour, leurs parents et petits frères et sœurs dans les villages et kibboutz (i.e. de gauche : comment des gens "de gauche" en France peuvent ne pas dénoncer cette horreur ?) par des assassins fanatiques antisémites, voulant "tuer des juifs", en s'arrogeant la prétention de représenter les Palestiniens qu'ils souillent de honte à la face d'un monde qu'ils couvrent de sang !

Écouter Joann Sfar à 1:08:00

Joann Sfar, Le chat du rabbin

dimanche 8 octobre 2023

Communiqué de l'AJCF

Suite ici…

Voir aussi le communiqué de la FPF