dimanche 13 novembre 2016
Faut-il une "nouvelle" Déclaration de Foi ?
Faut-il vraiment une « nouvelle » Déclaration de Foi (« F » majuscule, s'agissant de la Foi comme donné reçu) ? Que faut-il de « nouveau » – qui rajouterait quoi ? – à ce que l'on a déjà ?
Si l’Église se veut – en comprenant cela diversement – Église confessante, c'est en s'inscrivant dans un héritage, un héritage commun, œcuménique, déclarant sa Foi « avec » selon l'étymologie du mot « confessant », qui distingue une confession de Foi d'une Déclaration de Foi : « confesser » dit « déclarer avec/cum ». Distinction utile pour saisir que si l'on se veut d'une approche confessante, on ne se veut pas pour autant ipso facto confessionnaliste : les Confessions de Foi historiques auxquelles renvoient nos Déclarations de Foi sont des Confessions œcuméniques, que ce soit les Symboles œcuméniques proprement dits ou les Confessions de Foi de la Réforme, qui se voulaient œcuméniques, fussent-elles inscrites dans des traditions linguistiques ou nationales données. Cela est explicite de la Confession luthérienne d'Augsbourg et des livres symboliques luthériens, cela vaut pour les Confessions réformées – agrégées aux Confessions luthériennes dans L'Harmonie des Confessions de Foi de 1581. Volonté œcuménique des Confessions de Foi du XVIe siècle qui redisent la Foi reçue en regard des référents de la Réforme que sont le Sola fide et le Sola Scriptura. Bref, les Symboles œcuméniques et les Confessions de Foi de la Réforme, textes auxquels renvoient les Déclarations ultérieures sont et se veulent des textes œcuméniques, ce que les Déclarations ultérieures ne prétendent pas être – renvoyant pour leur œcuménicité participée aux Confessions de Foi, dont le préfixe cum indique leur vocation œcuménique.
Les Déclarations de Foi n'entendent donc pas dire un tout de la foi où tous se reconnaîtraient, mais un minimum où l'on puisse s'accorder pour une vocation ecclésiale donnée, celle d'une Église qui se reconnaît comme « l'un des visages de l'unique Église du Christ » comme le dit on ne peut mieux la Déclaration d'Union de l'EPUdF, de 2013, adoptée par toutes nos Églises luthéro-réformées en France « de l'intérieur » dans une remarquable réussite. Réussite qu'au regard de l'histoire, pourtant brève depuis 2013, on peut considérer comme étonnante – doit-on dire « miraculeuse » ? En tout cas exceptionnelle, quand on sait que les deux Déclarations de Foi antécédentes (réformées) connues dans le protestantisme français ont été, en regard de leur capacité de rassemblement, un échec. Il s'agit de la Déclaration de Foi de 1872 et de celle de 1938. Dans les deux cas, il s'agit de Déclarations et pas de Confessions à vocation œcuménique, Déclarations du protestantisme français (sans les luthériens). La Déclaration de 1872, qui visait à réunifier lors de son premier synode d’Églises reconnues, un protestantisme français divisé, suite à sa dispersion intérieure due à la persécution, en différents courants, orthodoxes, libéraux, mouvements de Réveil... L'échec patent a voulu être dépassé dans ce qu'on a appelé « l'Union », en 1938 autour de la Déclaration de Foi de l'ERF, union partielle puisqu'elle n'a pas réussi à rassembler toutes les Églises, laissant de nouvelles divisions. C'est en considération de cela que la Déclaration d'Union de 2013 a quelque chose de remarquable au regard de l'histoire : elle a réussi. Il s'agit bien d'une Union réussie, résumée dans une Déclaration, Déclaration d'Union qui est bien une Déclaration de Foi d'une Église unie – qui n'est pas pour autant parfaite : tous ne se reconnaissent pas forcément intégralement dans la lettre de chaque formule. Cette Déclaration de Foi, ou d'Union, n'en rassemble pas moins des Églises séparées depuis près de cinq siècles.
Cela peut conduire à s'interroger sur l'opportunité de se donner, trois ou quatre ans après, une « nouvelle » Déclaration de Foi, sur laquelle, on le voit bien, on peine à s'accorder – au point qu'il a fallu une seconde rédaction entièrement différente de la première proposition. Arrivera-t-on à un nouveau texte qui fasse l'unanimité ? Et surtout est-il utile, quand on a une Déclaration qui a réussi en 2013 à résumer ce qui fait l'Union luthéro-réformée en France ?
C'est pourquoi, sauf à entendre une argumentation propre à convaincre de la nécessité d'une « nouvelle » Déclaration de Foi, il semblerait sage et opportun de recevoir la Déclaration d'Union comme la Déclaration de Foi de l'EPUdF.
RP
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