samedi 27 janvier 2024
Khaybar et le 27 janvier 7 octobre
En ce 27 janvier, commémoration de la Shoah et de la libération du camp d'Auschwitz, Israël est toujours menacé de génocide, quoiqu'il en soit des tentatives de renversement de la réalité.
Le fameux cri dans les manifestations pro-Palestine en Europe, Khaybar Khaybar ya Yahud, jaysh Muhammad sawfa ya'ud (« Khaybar, Khaybar, ô Juifs, l'armée de Mahomet va revenir »), fait référence au passage ci-dessous de la Sira d’Ibn Hishâm (datant de deux siècles après les événements supposés — sans doute inventés). Khaybar est l'oasis où était la tribu juive des Banu Nadir (selon la Sira l'autre tribu juive massacrée outre celle des Banu Kurayza aux 900 égorgés par le prophète de l’islam). Le texte dit que Safiya est "prise pour épouse" par Muhammad le jour où sont assassinés son mari et son père (que serait-ce d'autre qu'un viol ?).
Chose sans rapport avec l’horreur du 7 octobre ? Les idiots utiles de l’Onu ne savent pas ? Non plus que les autres idiots utiles qui défilent avec des fanatiques qui hurlent cette référence comme menace actuelle !
“Histoire de Çafiyya, mère des Croyants (Sîra, II, 636)
Les captives de Khaybar furent largement réparties entre les musulmans. Le Prophète eut en partage Çafiyya, fille de Huyayy ibn Akhtab (l'un des chefs des Banû Nadir exilés de Médine à Khaybar) et deux de ses cousines. Il garda pour lui Çafiyya et donna les deux cousines à l'un de ses compagnons de combat, Dihya ibn Khalifa, qui avait pourtant souhaité avoir Çafiyya. Bilâl, le muezzin, l'avait ramenée avec l'une de ses compagnes. Il passa avec les deux captives au milieu des cadavres des juifs tués au combat. À cette vue, la compagne de Çafiyya éclata en sanglots, se déchirant le visage et couvrant de terre ses cheveux. La voyant dans cet état, le Prophète dit : « Éloignez de moi cette furie satanique ! » Et il fit venir Çafiyya, la fit asseoir derrière lui et jeta sur elle son manteau : les musulmans comprirent que le Prophète se la réservait. Puis, il fit des reproches à Bilâl : « As-tu donc, Bilâl, totalement perdu tout sentiment de pitié au point de faire passer ces femmes devant les cadavres de leurs hommes ? » Çafiyya avait vu en songe, lorsqu'elle était mariée à Kinâna ibn Rabî', qu'une lune était tombée dans son sein. Elle avait raconté ce songe à son mari. « Cela ne veut dire qu'une chose, c'est que tu désires avoir Muhammad, le roi du Hijâz. » Et, furieux, il lui avait donné une gifle si forte qu'elle en eut l'œil poché. Elle en portait encore la marque lorsqu'on l'amena auprès du Prophète. Et c'est elle qui lui raconta ce songe et son histoire.
Çafiyya fut peignée, maquillée et préparée pour le Prophète par Umm Anas ibn Mâlik. Il passa sa première nuit avec elle sous une tente ronde.
Abû Ayyûb, un compagnon du Prophète, passa la nuit, le sabre à la taille, à monter la garde autour de la tente. Le lendemain matin, à son réveil, le Prophète le vit rôder autour de sa tente :
Que fais-tu ici ? lui demanda-t-il.
Envoyé de Dieu, cette femme a suscité en moi des craintes pour ta vie. Tu as déjà tué son père, son mari et sa famille. Sa conversion à l'islam est toute récente et cela m'a inquiété pour toi.
Seigneur Dieu, protège Abû Ayyûb, comme il a passé la nuit à me protéger.
Auparavant, concernant le mari de Çafiyya : Hudaybiyya ou la trêve…
Le trésor des Banû Nadîr (Sira, II, 336-337)
On amena auprès du Prophète Kinâna ibn Rabî', le mari de Çafiyya, qui détenait le trésor des Banû Nadîr. Le Prophète lui demanda de révéler où était le trésor. Kinâna affirma n'en rien savoir. Un juif s'approcha et le dénonça au Prophète : J'ai vu Kinâna rôder tous les matins autour de cette maison en ruine.
Vois-tu, Kinâna, lui dit le Prophète, si nous trouvons le trésor chez toi, je te tuerai.
Tu me tueras, mais je n'en sais rien.
Puis le Prophète ordonna de creuser la terre dans la maison en ruine. On y trouva une partie du trésor. Où est le reste du trésor ? demanda le Prophète. Je ne sais pas, répondit Kinâna.
Le Prophète ordonna alors à Zubayr ibn al-'Awwâm de le torturer jusqu'à ce qu'il livre son secret. Zubayr lui brûlait sans cesse la poitrine avec la mèche d'un briquet, mais en vain. Voyant qu'il était à bout de souffle, le Prophète livra Kinâna à Muhammad ibn Maslama, qui lui trancha la tête.
”
(Ibn Hishâm, Sira, trad. Wahib Atallah, éd. Fayard p. 315-317)
lundi 15 janvier 2024
jeudi 11 janvier 2024
7 octobre - l’horreur des viols
Article par Julia Christ :
« Que dire des crimes sexuels perpétrés par les hommes du Hamas le 7 octobre – documentés un peu plus chaque jour par le travail d’un groupe israélien de gynécologues, médecins légistes, psychologues et juristes du droit international ? Et comment comprendre l’occultation de la violence faite aux femmes ce jour-là par une partie de l’opinion mondiale – supposées "féministes" comprises ? Cette occultation ne revient-elle pas à faire une deuxième fois violence à ces femmes, comme si leur calvaire ne comptait pas et était dépourvu de signification ? »
L'article complet ICI...
lundi 8 janvier 2024
Le 7 octobre et la théologie de la substitution
Le pogrom du 7 octobre n’est pas sans lien avec la théologie de la substitution en islam. Comme le christianisme a considéré unanimement jusqu'à il y a peu que l'Église aurait été substituée à Israël — c'est ce que l'on appelle à présent "théologie de la substitution" —, mutatis mutandis, l'islam a fait de même, considérant s'être substitué au judaïsme et au christianisme (ce qui fonde le statut de dhimmi et implique l'impossibilité, entre autres, d'un État juif souverain sur une terre revendiquée "musulmane"). Comme on apprend actuellement en christianisme à lire les Évangiles dans leur contexte juif (suite à Jules Isaac et à son Jésus et Israël) et non à partir du christianisme constitué par la suite, l'islam devra apprendre à lire le Coran dans son cadre historique initial (c'est la méthode proposée par Le Coran des historiens). Ainsi on doit pouvoir lire la guerrière (apparemment) Sourate 9 du Coran non à l’aune de textes tardifs comme la Sira d’Ibn Hichâm ou de hadiths guerriers et tardifs, mais en regard du contexte judéo-chrétien de l’islam en gestation…
Ibn Hichâm écrit : « […] le Prophète ordonna de tuer tous les hommes des Banu Quraydha [tribu juive], et même les jeunes […].
Le Prophète ordonna de faire descendre de leurs fortins les Banû Quraydha et de les enfermer dans la maison de Bint al-Hârith. Il alla ensuite sur la place du marché de Médine, la même que celle d'aujourd'hui (du temps d'Ibn Hichâm), et y fit creuser des fossés. Puis il fit venir les Banû Quraydha par petits groupes et leur coupa la gorge sur le bord des fossés. Parmi eux, il y avait Huyayy ibn Akhtab, l'ennemi de Dieu, et Ka'b ibn Asad, le chef des Quraydha. Ils étaient six cents à sept cents hommes. On dit huit cents et même neuf cents. Pendant qu'ils étaient amenés sur la place par petits groupes, certains juifs demandèrent à Ka'b, le chef de leur clan : - Que va-t-on donc faire de nous ?
- Est-ce-que cette fois vous n'allez pas finir par comprendre ? Ne voyez-vous pas que le crieur qui fait l'appel ne bronche pas et que ceux qui sont partis ne reviennent pas ? C'est évidemment la tête tranchée ! Le Prophète ne cessa de les égorger jusqu'à leur extermination totale. » (Ibn Hichâm, Sira, trad. Wahib Atallah, La biographie du Prophète Mahomet, éd. Fayard p. 277, chapitre « Le “jihad” contre les juifs… » — Sira, II, 240-241.)
(Voir aussi, toujours selon Ibn Hichâm, le sort des Banu Nadir (autre tribu juive) et de ses femmes…)
Sourate 9, At-Tawba (trad. Blachère) : Quand les mois sacrés seront expirés, tuez les Infidèles quelque part que vous les trouviez ! Prenez-les ! Assiégez-les ! Dressez pour eux des embuscades ! […] (Cela sur le modèle de la razzia antéislamique. NB : les infidèles ici désignent probablement les “idolâtres” — cf., dans le discours islamiste, par ex. les Yézidis ; mais l’idée peut s’entendre aussi des juifs, chrétiens ou musulmans non islamistes, donc “apostats”.)
Proposition sans théologie de la substitution : les textes difficiles du Coran, comme cette Sourate 9, ne sont pas à lire en regard de la Sira, écrite au 8e ou 9e s., ou des hadiths qui l’inspirent — qui font du prophète de l’islam un massacreur, mais à lire en regard, par ex. d’un texte comme Matthieu 13, 24-43, la parabole de l’ivraie et son explication, où la séparation du bon grain et du mauvais est renvoyée au jugement final. De même, les “mois sacrés” de la Sourate 9 pourraient être à percevoir comme symbole eschatologique (en effet quand les “mois sacrés” expirent-ils puisque leur rythme est cyclique ?). Proposition en regard de Matthieu : et si leur “expiration” était la fin du temps de grâce, du temps de la patience en quelque sorte — symbolisé par les “mois sacrés” ? Si c’était alors seulement après le temps de ce monde qu’intervient le jugement, effectué par les anges ? — auxquels s’adresserait cette parole coranique, selon une clef donnée par ce grand connaisseur de l’islam qu’était Henry Corbin. Je le cite :
« […] il n'y a pas des Anges séparés de la matière et des âmes destinées par nature à animer un corps matériel organique. Les uns et les autres sont des substantiae separatae : il y a des Anges demeurés dans le plérôme, et il y a des Anges déchus sur la Terre, des Anges en acte et des Anges en puissance. Ou bien encore cette scission peut s'entendre d'un même être, un unus ambo : le pneuma, l'Esprit ou l'Angelos […] est la personne ou l'Ange demeuré dans le Ciel, le “jumeau céleste”, tandis que l'âme désigne son compagnon déchu sur Terre, auquel il vient en aide et qui lui sera réuni, s'il sort finalement triomphant de l'épreuve. […] Si l'âme a pour fonction étymologiquement d'animer, si elle est substance complète indépendamment du corps matériel organique qui la fixe provisoirement, c'est qu'elle a laissé dans le monde de lumière son “vrai corps”, le corps céleste d'une pure matière encore “immatérielle”, ou le vêtement de lumière qu'elle doit revêtir. » (Henry Corbin, Temps cyclique et gnose ismaélienne, éd. Berg, p. 116-117)
Cf. Matthieu 18,10 : “leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux”.
La parabole — Matthieu 13, 24-30 — et son explication — Mt 13, 36-40 :
24 Jésus leur proposa une autre parabole : “Il en va du Royaume des cieux comme d’un homme qui a semé du bon grain dans son champ.
25 Pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu ; par-dessus, il a semé de la mauvaise herbe en plein milieu du blé et il s’en est allé.
26 Quand l’herbe eut poussé et produit l’épi, alors apparut aussi la mauvaise herbe.
27 Les serviteurs du maître de maison vinrent lui dire : Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il s’y trouve de la mauvaise herbe ?
28 Il leur dit : C’est un ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui disent : Alors, veux-tu que nous allions la ramasser ? —
29 Non, dit-il, de peur qu’en ramassant la mauvaise herbe vous ne déraciniez le blé avec elle.
30 Laissez l’un et l’autre croître ensemble jusqu’à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d’abord la mauvaise herbe et liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier. […]
36 Laissant les foules, il vint à la maison, et ses disciples s’approchèrent de lui et lui dirent : “Explique-nous la parabole de la mauvaise herbe dans le champ.”
37 Il leur répondit : “Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ;
38 le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les sujets du Royaume ; la mauvaise herbe, ce sont les sujets du Malin ;
39 l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges.
40 De même que l’on ramasse la mauvaise herbe pour la brûler au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde […].
*
Aune du jugement, la fidélité de Dieu à sa miséricorde — 2 Ti 2, 13 : « si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même ».
RP
mardi 2 janvier 2024
Alliance éternellement nouvelle
“En parlant d’une alliance nouvelle, il a rendu ancienne la première ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître.” (Hébreux 8, 13)
Face à l'alliance éternellement nouvelle (scellée d'éternité dans les cœurs), la forme temporelle de l'alliance, avec ses rites, qu'ils soient juifs, chrétiens, etc, est renvoyée à sa temporalité, à sa réalité passagère. Or, pour l'épître aux Hébreux, la manifestation de l'alliance éternelle est advenue - en ces jours qui sont les derniers (cf. Hé 1, v. 2). Dès lors, le temps étant à son terme, tout ce qui se déploie dans le temps – y compris les rites (qu'ils soient juifs, chrétiens ou autres), qui ne sont que l'ombre du modèle céleste et éternel, est près de disparaître. Si le "pas encore" subsiste encore provisoirement, le déjà est tout proche, qui verra disparaître ce qui relève de ce temps.
L’Alliance nouvelle n'est pas le christianisme, et ne date pas du moment de l'épître, ni de celui de Jérémie (cf. Jr 33). Elle est la signification éternelle de tout rite (cf. la réalité ultime signifiée par "le modèle sur la montagne" du Sinaï – Exode 25, 40). Le christianisme a des rites terrestres, comme baptême, cène (etc.), qui signifient une réalité éternelle, comme les rites juifs. Les uns comme les autres sont terrestres et symboliques. Les rites chrétiens, exprimant la foi en Christ, reçus de la foi en Christ, sont consécutifs à cette foi en Christ (qui voit en lui l'officiant du tabernacle éternel). Cela n'est pas la foi des juifs, qui eux, reçoivent les rites de la Torah. La distinction que fait l’épître aux Hébreux, écrite avant l'instauration du christianisme et de son rituel (et donc la nouvelle alliance n'est pas le christianisme), n'est pas entre alliance juive et alliance chrétienne, mais entre alliance temporelle (sous forme juive ou chrétienne), dotée de rites symboliques, et alliance éternelle, sans rite terrestre aucun.
RP
Cf. Henry Corbin, L’Homme et son Ange :
“C'est un charisme dispensé aux intelligences que de se vouer à la recherche (la Quête) ; le dénouement de la recherche, c'est de trouver. Le signe qui marque l’acte de trouver, c’est la douceur que l’on goûte dans ce que l’on trouve. De toute eau douce l’apparent est un breuvage. Mais le caché en est voilé. Quiconque le cherche, ne se fatigue jamais de méditer, tandis que le commun des gens ne comprennent rien à ce qu’il cherche” (Le Livre du Sage et du disciple, IXe-Xe s.). Et le prône de préciser : cette recherche de la gnose est un droit, et parce qu’elle est un droit elle est un devoir. (Henry Corbin, L’Homme et son Ange, Fayard, 1983, p. 136-137)
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Pour la gnose ismaélienne, le sens intérieur, le sens spirituel […] est aussi le vrai sens ; c'est cela même qui la différencie du littéralisme de la religion islamique officielle et majoritaire, dont on peut dire [qu'il] a “perdu la Parole”, puisqu'il refuse le sens vrai, le sens caché du Verbe divin dans le Qôran. On pourrait dire [que] le Verbe divin apparaît revêtu d'un vêtement teinté de sang, signe des violences qu’a subies le Verbe divin de la part des exotéristes et des docteurs de la Loi qui le mutilent, en refusant ce qui […] est l’Esprit et la Vie. […] de cette Parole divine dont les docteurs de la Loi ont fait un cadavre. (Ibid., p. 85)
“T'imagines-tu donc […] que les Paroles de Dieu et les Livres de Dieu se contredisent l’un l'autre, ou bien que le Livre le plus ancien dément le plus récent et réciproquement ?” (Ibid., p. 102) Cf. note 1 : la Parole appartient au monde de l'Impératif créateur, tandis que le Livre appartient au monde créaturel. […] la différence entre la Parole et le Livre correspond, en un certain sens, à la différence entre l'Impératif et l'Acte. L'Acte est dans le temps et est récurrent. L'Impératif créateur est exempt de changement et de renouvellement. La Parole n'est susceptible ni d’abrogation ni de substitution, à la différence du Livre”.
=> Les différentes expressions rituelles relèvent du temps : les différentes religions sont aussi temporelles les unes que les autres, expressions temporelles ne faisant que signifier des référents cultuels, dont aucun n’annule la validité du référent précédent — RP.