« L'antisémitisme est le socialisme des imbéciles ». La célèbre citation est fréquemment attribuée à August Bebel (1840-1913), dirigeant du Parti social-démocrate d'Allemagne, mais vient probablement du social-démocrate autrichien Ferdinand Kronawetter. Elle était souvent utilisée parmi les sociaux-démocrates allemands dans les années 1890. Lénine rend hommage à Bebel lors de sa mort. Lorsque le journal socialiste new-yorkais The Forward érige son nouveau siège en 1912, il est orné de bas-reliefs figurant Marx, Engels, Lassalle et Bebel.
Extrait de “L'antisémitisme et les mouvements de gauche” de Valéry Rasplus, recension in Nonfiction de : Michel Dreyfus, L'antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe, de 1830 à nos jours, La Découverte, 2009 :
« “La fin de la Seconde Guerre mondiale connut un mélange de dégoût, d'abasourdissement et de rancœurs. L'heure était à l'épuration confuse et à l'occultation relative du génocide au profit de deux autres mémoires (…), celles de la Résistance et de la déportation". On trouvait à gauche encore de l'antisémitisme au sein de la SFIO ou au PCF qui, chez ce dernier, s'alignait directement sur la ligne soviétique telle qu'elle fut vécue lors du procès stalinien dit des "blouses blanches". Ce moment d'antisémitisme communiste remplaça subtilement "la désignation de juif par celle de sioniste" sans être soupçonné d'antisémitisme.
Restructuration de l'antisémitisme
« Dans les années soixante, alors que des structures pacifistes et anarchistes furent relativement négligeantes avec des sympathisants que l'on désigna comme "révisionnistes", une partie de l'ultra-gauche (La Veille Taupe, etc.) prit fait et cause avec l'idéologie "négationniste" (Robert Faurisson, etc.), niant l'existence des chambres à gaz (ce "mensonge", cette "invention", cette "imposture politico-financière") et ce que l'on a nommé l'Holocauste ou Shoah. Auschwitz servirait d'alibi à Israël pour justifier sa création et son existence sur la base de l'idéologie sioniste, "phénomène colonial [qui] a fondé un État sur des terres spoliées". La question de l'antifascisme est vue chez cette fraction de l'ultra-gauche comme "un mensonge idéologique et politique qui a permis au capitalisme de se maintenir au terme du conflit" permettant "à la bourgeoisie de paralyser le prolétariat" le détournant de son action révolutionnaire. L'antisémtisme circula progressivement du négationnisme, voué à un rôle marginal, à l'antisionisme dont l'audience, plus importante, traverse même aujourd'hui les partis politiques, les syndicats, les associations, etc. »
(Problème redoutable : l'ONU, Amnesty International, etc., ont succombé au vocabulaire de l'"antisionisme", ce nouveau cache-sexe de l'antisémitisme, qui conduit carrément dans leurs textes au détournement de termes comme "apartheid", mot afrikaans, étranger à la question israélo-palestinienne… Et personne n'interroge ces organismes internationaux, préférant viser ceux qui - hélas - les reprennent !)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire