samedi 8 mars 2025

Ressentiment ou gratitude

« L’homme moderne a fini par en vouloir à tout ce qui est donné, même sa propre existence – à en vouloir au fait même qu’il n’est pas son propre créateur ni celui de l’univers. Dans ce ressentiment fondamental, il refuse de percevoir rime ou raison dans le monde donné […], il proclame ouvertement que tout est permis et croit secrètement que tout est possible […].
L'alternative à un tel ressentiment, base psychologique du nihilisme contemporain, serait une gratitude fondamentale pour les quelques choses élémentaires qui nous sont véritablement et invariablement données, comme la vie elle-même, l'existence de l'homme et le monde. »

(Hannah Arendt, "En guise de conclusion" (1951), Les origines du totalitarisme, Quarto Gallimard p. 872)

On discerne aisément, dans ces propos de Arendt de 1951, le point commun entre le "wokisme", le trumpisme et le poutinisme : autant de dénis du réel, malgré des différences apparentes ; un même ressentiment fondamental contre ce qui est, ouvrant à un bout sur le refus de réalités allant jusqu'au déni de la sexuation factuelle, à l'autre sur l'usage systématique du rejet de faits avérés (subsumés ici aussi sous le "ressenti"). Autant de ressentiments qui se nourrissent les uns des autres, dans un même bannissement de la gratitude pour ce qui est donné…



Ubuesque !

(Application actuelle : écouter ICI le discours du sénareur Malhuret) <iframe width="575" height="350" src="https://www.youtube.com/embed/G-lh0TUTtvI" title="Guerre en Ukraine : &quot;Washington est devenu la cour de Néron&quot;, lance Claude Malhuret" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" referrerpolicy="strict-origin-when-cross-origin" allowfullscreen></iframe>

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