« La distinction entre maladies du “cerveau” et maladies “mentales”, entre problèmes “neurologiques” et “psychologiques”, relève d’un héritage culturel malheureux qui imprègne toute la société, en général, et la médecine en particulier. Elle reflète une méconnaissance fondamentale des rapports entre le cerveau et l’esprit. Dans le cadre de cette tradition, on estime que les maladies du cerveau sont des affections dont on ne peut blâmer ceux qui en sont atteints, tandis que les maladies psychologiques, et surtout celles qui touchent à la façon de se conduire et aux réactions émotionnelles, sont des troubles de la relation interpersonnelle, dans lesquels les malades ont une grande part de responsabilité. Dans ce contexte, il est courant de reprocher aux individus leurs défauts de caractère, le déséquilibre de leurs réactions émotionnelles, et ainsi de suite ; le manque de volonté est considéré comme la source primordiale de tous leurs problèmes. »
(Antonio R. Damasio, L'erreur de Descartes, Odile Jacob Poches Sciences, p. 67)