samedi 29 décembre 2012
Trop tard...
"On se tue toujours trop tard". (Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né, Paris, Gallimard, 1973, p. 43.)
"Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible ;
Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse ;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! "
(Charles Baudelaire, "L'Horloge", Les Fleurs du Mal - LXXXV.)
"La mort est la chose dont l'arrivée prochaine est la plus sûre pour tous" (dicton africain - en substance) : inutile de la précipiter.
lundi 24 décembre 2012
Ange du don
Heureux Noël !
"Quand tu fais un acte de compassion, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite" (Matthieu 6, 3)
"Quand tu fais un acte de compassion, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite" (Matthieu 6, 3)
vendredi 21 décembre 2012
Procès d’intention ?
"Intention, levez-vous !"
Vous avez dit procès d’intention ? La question vaut d’être posée : je découvre que Mme Monique Zerner accuse Michel Roquebert, citation à l’appui, d’avoir attaqué indûment la thèse issue du colloque de Nice — « dénoncée […] en des termes scandaleux, écrit-elle : nous sommes accusés de former un courant hypercritique qui ferait le lit du "négationnisme" ». Et Michel Roquebert « n'est pas le seul des participants du colloque de Foix à nous avoir fait un procès d'intention et les autres intervenants s'en sont faits les complices en ne les faisant pas taire. » (Monique Zerner, « Mise au point sur Les cathares devant l'histoire et retour sur L'histoire du catharisme en discussion : le débat sur la charte de Niquinta n'est pas clos ». In : Journal des savants, 2006, n°2. p. 258. Cf. les actes du colloque de Foix : Les cathares devant l'histoire, Mélanges offerts à Jean Duvernoy, Textes rassemblés par Anne Brenon et Christine Dieulafait, publiés sous la direction de Martin Aurell.)
« Procès d’intention »... À ce point on peut concevoir un trouble : ayant moi-même signalé lors des discussions au colloque de Foix — pressentant sans doute la controverse qui allait naître — qu’il s’agit de rester circonspect quant au rapprochement qui pourrait risquer d'être fait entre le « déconstructionisme » appliqué aux études cathares et le négationnisme concernant la Shoah, je me suis retrouvé par la suite mis sur la sellette par M. Julien Théry : le voilà donc qui se saisit de mon propos pour accuser le colloque de Foix de faire — ce qu'il ne faisait pas et contre quoi je prévenais — la comparaison entre deux réalités dont je précisais au contraire qu’il s’agit de ne pas les comparer (in Les cathares devant l'histoire, p. 99) ! Et M. Théry... d’ « étayer » son réquisitoire d’une citation hors contexte de mon intervention d’introduction qui faisait référence aux bourreaux médiévaux (Les cathares devant l'histoire, p. 70) — « bourreaux » signifiant dans l’attaque de M. Théry référence aux nazis, naturellement !... et donc aux « déconstructionistes » qui les défendraient ! On voit le raisonnement !... Qu’il n’est peut-être pas excessif de qualifier d’alambiqué (façon détournée d'obtenir quand même le point Godwin qu'on voudrait coller aux autres). On voit aussi le degré de bonne foi ! Si cette attaque ne ressemble pas à un procès d’intention...
Sa diatribe, publiée d’abord dans le magazine Midi-Pyrénées Patrimoine n°3, a été ensuite mise en ligne par son auteur sur le site Halshs avant d’en être retirée par le directeur de publication auquel je demandais un droit de réponse : « inutile, m’écrivait-il : je fais retirer cet écrit qui n’a pas sa place sur un site scientifique ». Las ! M. Théry qui semble décidément en être fier l’a remis en ligne — pas sur Halshs, dont le directeur l’a alors mis en garde contre de telles publications…
Voilà les extrémités où conduit une controverse qui pour moi, jusque là étranger à ces enjeux mystérieux, a quelque chose de sidérant. En acceptant l’honneur que m’ont fait les historiens du colloque de Foix m’invitant à cet hommage à Jean Duvernoy, je n’en imaginais pas tant ! Me voilà « cité », si l’on peut dire, puisque je ne me reconnais pas dans le contresens — « involontaire » ? — par lequel on me fait dire l’inverse de ce j’avançais !
Je ne perçois pas non plus le « scandale » dont il serait question dans les propos qui ont été échangés à Foix. S’ils ne reflètent certes pas le point de vue de ceux qui se sentent « scandaleusement » mis en cause, il me semble n’y avoir pas lieu d’y voir un enjeu autre qu’historien... Mais c’est là sans doute que des choses m’échappent — qui ne relèvent vraisemblablement pas de l’histoire. Des enjeux sous-jacents — lesquels ? — qu’il me semblerait opportun de laisser de côté quand il est censé s’agir de controverse sur la lecture d’événements datant de huit siècles !
Voilà qui justifie a posteriori la première phrase de mon intervention d’introduction au colloque de Foix : « Huit siècles après la croisade contre les Albigeois et la mise en place de l'Inquisition exempte, la question des origines cathares n’est pas pleinement dégagée d’enjeux originels récurrents. La distance dans le temps n'a pas été entièrement suivie de celle des esprits. » (Les cathares devant l'histoire, p. 59.)
Vous avez dit procès d’intention ?
R. Poupin
jeudi 20 décembre 2012
Mémoire oubliée
"Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront; mais les morts ne savent rien, et il n'y a pour eux plus de salaire, puisque leur mémoire est oubliée." (Ecclésiaste 9, 5)
"La mémoire du sage n’est pas plus éternelle que celle de l’insensé, puisque déjà les jours qui suivent, tout est oublié. Eh quoi ! le sage meurt aussi bien que l’insensé !" (Ecclésiaste 2, 16)
mercredi 19 décembre 2012
Englouti entre romantisme individualiste et société technicienne...
samedi 8 décembre 2012
dimanche 2 décembre 2012
Sur le concept...
(Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu / Salvator Mundi, peint par Antonello da Messina)
Luc 18:32
Le Fils de l’homme sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui,
Matthieu 16:22-23
Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit: A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas.
Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes.
Jean 18:10-11
Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l’oreille droite. Ce serviteur s’appelait Malchus.
Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée à boire ?
"Dans la pièce de Castelucci, ce qui m'a vraiment interpellé positivement, c'est que la déchéance d'un homme qui perd ses moyens prend à témoin le visage de Dieu fait homme." (François Boespflug, Eglise en Poitou, 28.11.12 n° 194 p. 27.)
"Ce regard du Christ est central et rencontre chaque spectateur, individuellement." (Castelucci, cité par Danielle Vergniol, Le Protestant de l'Ouest, 11.12 n° 309, p.12.)