samedi 31 mars 2012

Axe du temps

jeudi 29 mars 2012

Être dans la lune




mardi 27 mars 2012

Crise ? Quelle crise ?

Supertramp, Crisis ? What Crisis ? - The meaning

Apocalypse 18, 10 : "dans la crainte de son tourment, ils diront : Malheur ! malheur ! La grande ville, Babylone, la ville puissante ! En une seule heure est venu ta crise !"

jeudi 22 mars 2012

Atom Heart Mother



Pink Floyd - Atom Heart Mother - par Raphaël Allain




Pink Floyd - Atom Heart Mother

mercredi 21 mars 2012

Printemps

dimanche 18 mars 2012

Tempête


Kierkegaard « nous demande d'imaginer un très grand navire confortablement aménagé. C'est vers le soir. Les passagers s'amusent, tout resplendit. Ce n'est que liesse et réjouissance. Mais sur le pont, le capitaine voit un point blanc grossir à l'horizon et dit : "La nuit sera terrible". Il distribue les ordres nécessaires aux membres de l'équipage. Puis, ouvrant sa Bible, il lit juste ce passage : "Cette nuit-même, ton âme te sera redemandée". Pendant ce temps. Dans les salons on continue de festoyer. Les bouchons de champagne sautent. L’orchestre joue de plus en plus fort. On boit à la santé du capitaine. Et "La nuit sera terrible".

Kierkegaard imagine alors une situation plus effrayante encore. Les conditions sont exactement les mêmes avec cette différence que, cette fois-ci, le capitaine est au salon, rit et danse, il est même le plus gai de tous. C'est un passager qui voit le point menaçant à l'horizon. Il fait demander au capitaine de monter un instant sur le pont. Il tarde ; enfin il arrive. Mais il ne veut rien entendre et plaisantant, il se hâte de rejoindre en bas la société bruyante et désordonnée des passagers qui boivent à sa santé dans l'allégresse générale. Et il adresse ses remerciements chaleureux". » (S. Kierkegaard, Note du Journal de 1855, dans L'Instant, trad. P.-H. Tisseau, Bazoges-en-Pareds 1948, p. 247 — cité par J. Brun, « Sablons le champagne », Foi et vie, Janvier-Février 1976.)


« Le monde occidental en général et ses Églises en particulier — commente le professeur Jean Brun qui cite Kierkegaard en 1976 — ressemblent de plus en plus à ce navire que le point menaçant à l'horizon engloutira lorsqu'il deviendra typhon. Tout le monde danse dans les salons. Les capitaines sablent le champagne et maudissent les pessimistes qui scrutent l'horizon... »

samedi 17 mars 2012

Discipline

"Il éveille mon oreille, pour que j'écoute à la manière des disciples." (Esaïe 50, 4)

"Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et ils préparèrent la Pâque." (Matthieu 26, 19)


"Deux disciples allaient à un village nommé Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades ; et ils s’entretenaient de tout ce qui s’était passé. Pendant qu’ils parlaient et discutaient, Jésus s’approcha, et fit route avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître." (Luc 24, 13-16)


Cf. King Crimson - Discipline


jeudi 15 mars 2012

Source


"La source de la tristesse, c'est l'orgueil :
quand un homme pense que tout lui est dû"
(Baal Shem Tov).



mardi 13 mars 2012

Juste au bord...


2 Chroniques 6, 3-21
3 Le roi se retourna et bénit toute l'assemblée d'Israël. Toute l'assemblée d'Israël se tenait debout. 4 Il dit : « Béni soit le SEIGNEUR, le Dieu d'Israël, qui, de sa bouche, a parlé à David, mon père, et accompli, de ses mains, ce qu'il a dit : 5“Depuis le jour où j'ai fait sortir mon peuple du pays d'Egypte, je n'ai choisi aucune ville parmi toutes les tribus d'Israël pour y bâtir une Maison où serait mon nom, et je n'ai pas choisi d'autre homme pour être prince d'Israël mon peuple : 6 mais j'ai choisi Jérusalem pour que mon nom y demeure, et j'ai choisi David pour qu'il soit le chef d'Israël mon peuple.”7 David, mon père, avait eu à cœur de bâtir une Maison pour le nom du SEIGNEUR, le Dieu d'Israël. 8 Mais le SEIGNEUR dit à David, mon père : “Tu as eu à cœur de bâtir une Maison pour mon nom et tu as bien fait. 9 Cependant, ce n'est pas toi qui bâtiras cette Maison, mais ton fils, issu de tes reins : c'est lui qui bâtira cette Maison pour mon nom.” 10 Et le SEIGNEUR a accompli la parole qu'il avait dite : J'ai succédé à David, mon père, je me suis assis sur le trône d'Israël, comme l'avait dit le SEIGNEUR, j'ai bâti cette Maison pour le nom du SEIGNEUR, le Dieu d'Israël, 11 et j'y ai placé l'arche où se trouve l'alliance que le SEIGNEUR a conclue avec les fils d'Israël. »
12 Salomon, debout devant l'autel du SEIGNEUR et face à toute l'assemblée d'Israël, étendit les mains... 13 — car Salomon avait fait un socle de bronze placé au milieu de l'esplanade, qui avait cinq coudées de longueur, cinq coudées de largeur et trois coudées de hauteur. Il y monta, puis il fléchit les genoux — devant toute l'assemblée d'Israël, il étendit les mains vers le ciel 14 et dit : « SEIGNEUR, Dieu d'Israël, il n'y a pas de Dieu comme toi dans le ciel ni sur la terre pour garder l'alliance et la bienveillance envers tes serviteurs qui marchent devant toi de tout leur cœur. 15 Tu as tenu tes promesses envers ton serviteur David, mon père : ce que de ta bouche tu avais dit, de ta main tu l'as accompli comme on le voit aujourd'hui. 16 A présent, SEIGNEUR, Dieu d'Israël, garde en faveur de ton serviteur David, mon père, la parole que tu lui as dite : “Quelqu'un des tiens ne manquera jamais de siéger devant moi sur le trône d'Israël, pourvu que tes fils veillent sur leur conduite en marchant selon ma Loi, comme tu as marché devant moi.” 17 A présent, SEIGNEUR, Dieu d'Israël, que se vérifie la parole que tu as dite à ton serviteur David ! 18 Est-ce que vraiment Dieu pourrait habiter avec les hommes sur la terre ? Les cieux eux-mêmes et les cieux des cieux ne peuvent te contenir ! Combien moins cette Maison que j'ai bâtie ! 19 Sois attentif à la prière et à la supplication de ton serviteur, SEIGNEUR mon Dieu ! Ecoute le cri et la prière que ton serviteur t'adresse ! 20 Que tes yeux soient ouverts sur cette Maison jour et nuit, sur le lieu dont tu as dit que tu y placerais ton nom ! Ecoute la prière que ton serviteur adresse vers ce lieu ! 21 Daigne écouter les supplications que ton serviteur et Israël ton peuple adressent vers ce lieu. Toi, écoute depuis le lieu où tu habites, depuis le ciel. Ecoute et pardonne.

Yes - Close to the edge

« Sur le point de mourir, le bien aimé Baal Shem Tov envoya chercher ses disciples. "J’ai servi pour vous d’intermédiaire, mais quand je ne serai plus là, vous allez devoir agir par vous-mêmes. Vous connaissez l’endroit de la forêt où j’invoque Dieu ? Tenez-vous en ce lieu et faites de même. Vous savez allumer le feu. Vous savez dire la prière. Faites tout cela et Dieu viendra."
Après la mort du Baal Shem Tov, la première génération suivit ses instructions à la lettre et Dieu vint à chaque fois. À la deuxième génération, toutefois, nul ne se souvenait de la manière dont le Baal Shem Tov avait appris à allumer le feu, mais les gens se tenaient à ‘endroit dit dans la forêt et récitaient la prière. Et Dieu venait.
À la troisième génération, tout le monde avait non seulement oublié la façon d’allumer le feu, mais l’endroit où prier dans la forêt. Néanmoins, ils récitaient la prière. Et Dieu continuait à venir.
À la quatrième génération, il n’y avait plus personne pour se remémorer la façon d’allumer le feu, ni le lieu où se rendre dans la forêt et l’on avait oublié jusqu’à la prière. Mais quelqu’un se souvenait de l’histoire et la racontait à voix haute. Et Dieu venait toujours. »
(Clarissa Pinkola Estés, Le don de l’histoire, Conte de sagesse à propos de ce qui est suffisant, éd. Grasset, p. 10-11.)


Psaume 127
1 Cantique des degrés. De Salomon. Si l’Eternel ne bâtit la maison, Ceux qui la bâtissent travaillent en vain ; Si l’Eternel ne garde la ville, Celui qui la garde veille en vain.
2 En vain vous levez-vous matin, vous couchez-vous tard, Et mangez-vous le pain de douleur ; Il en donne autant à ses bien-aimés pendant leur sommeil.
3 Voici, des fils sont un héritage de l’Eternel, Le fruit des entrailles est une récompense.
4 Comme les flèches dans la main d’un guerrier, Ainsi sont les fils de la jeunesse.
5 Heureux l’homme qui en a rempli son carquois ! Ils ne seront pas confus, Quand ils parleront avec des ennemis à la porte.

CP commun, Antibes 13.03.12

lundi 12 mars 2012

Rouge



mercredi 7 mars 2012

Irruption d'une éruption


"Rien de nouveau sous le soleil" (Ecclésiaste 1)

1 Paroles de l’Ecclésiaste, fils de David, roi de Jérusalem.
2 Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité.
3 Quel avantage revient-il à l’homme de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?
4 Une génération s’en va, une autre vient, et la terre subsiste toujours.
5 Le soleil se lève, le soleil se couche ; il soupire après le lieu d’où il se lève de nouveau.
6 Le vent se dirige vers le midi, tourne vers le nord ; puis il tourne encore, et reprend les mêmes circuits.
7 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est point remplie ; ils continuent à aller vers le lieu où ils se dirigent.
8 Toutes choses sont en travail au delà de ce qu’on peut dire ; l’œil ne se rassasie pas de voir, et l’oreille ne se lasse pas d’entendre.
9 Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

dimanche 4 mars 2012

Transfiguré


Marc 9, 1-10
1 ... Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu’ils n’aient vu le royaume de Dieu venir avec puissance.
2 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seuls à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ;
3 ses vêtements devinrent resplendissants, et d’une telle blancheur qu’il n’est pas de foulon sur la terre qui puisse blanchir ainsi.
4 Elie et Moïse leur apparurent, s’entretenant avec Jésus.
5 Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Rabbi, il est bon que nous soyons ici ; dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.
6 Car il ne savait que dire, l’effroi les ayant saisis.
7 Une nuée vint les couvrir, et de la nuée sortit une voix : Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !
8 Aussitôt les disciples regardèrent tout autour, et ils ne virent que Jésus seul avec eux.
9 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne dire à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité des morts.
10 Ils retinrent cette parole, se demandant entre eux ce que c’est que ressusciter des morts.
*

Trois disciples reçoivent le privilège de voir lever un instant le secret de la gloire cachée de celui qui demeure dans l’éternité auprès du Père. Secret qui ne sera pleinement levé pour la foi des croyants qu’au dimanche de Pâques.

Au cœur de ce secret sur lequel ouvre la Transfiguration par ce dévoilement d’un instant, apparaît que l’humanité, à laquelle Jésus n’a pas voulu renoncer (souvenez-vous, lors de la tentation au désert), l’humanité du Fils de Dieu, l’humanité en laquelle Dieu nous rencontre, l’humanité même de Dieu — cette humanité qui est aussi la nôtre — est au-delà de nos capacités de compréhension et de connaissance.

Et ça, c’est tout de même troublant : cela bouleverse notre humanité propre. « L’effroi avait saisi les disciples » dit le texte. Notre humanité propre, et celle de nos prochains, est comme cachée, au-delà de que nous en savons ou croyons en savoir. « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col 3, 3).

Où, dans notre texte, se dévoile alors pour nous comme tentation la volonté d’avoir quand même prise sur Jésus. Un Christ glorieux, mais que nous continuerions à voir en quelque sorte, de nos yeux… comme fixé sous une tente (cf. v. 5), selon ce que propose Pierre, « saisi d’effroi » avec ses trois compagnons. Tentation d’avoir prise sur l’humain, en ayant prise sur l’humanité de Jésus ; connaître le Christ « selon la chair », selon nos vieilles capacités de compréhension — contre ce qu’en dévoile la Transfiguration. Mais, « nous ne connaissons plus selon la chair », nous avertit Paul selon sa foi au Ressuscité.

C’est la même leçon que tire de la Transfiguration la seconde Épître de Pierre : « ce n’est pas en nous mettant à la traîne de fables sophistiquées que nous vous avons fait connaître la venue puissante de notre Seigneur Jésus Christ, mais pour l’avoir vu de nos yeux dans tout son éclat. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, quand la voix venue de la splendeur magnifique de Dieu lui dit: “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qu’il m’a plu de choisir.” Et cette voix, nous-mêmes nous l’avons entendue venant du ciel quand nous étions avec lui sur la montagne sainte. » (2 Pierre 1, 16-18).

Cela n’empêchera pas de voir prospérer ce désir récurrent et rassurant d’un Christ « selon la chair ». C’est ainsi que les Christ à notre image vont foisonner. Un Christ sous tente, accessible non seulement à nos regards, mais jusqu’à l’analyse de nos laboratoires de recherche.

Des chrétiens parmi les chercheurs se réjouissent même de trouver — disent-ils —, des traces nombreuses du « Jésus de l’Histoire » ; à partir desquelles se dessinent régulièrement des portraits et autres « biographies », distinctes des Évangiles, dans des ouvrages promis au statut de best-sellers, preuve que leur souci est aussi largement celui du grand public.

Or que font-ils, ces biographes ? Comme tous les auteurs, mais ici par le détour par Jésus, ils parlent d’eux-mêmes. Et foisonnent les Christ, toujours au goût du jour, à la mode du jour.

Où d’autres parmi les chercheurs, parmi les non-croyants ceux-là, ont en revanche pour projet de mettre en question le christianisme : eux aussi parlent d’eux-mêmes — et se réjouissent pour leur part qu’il y ait aussi peu de traces dans les Évangiles d’un Jésus dit « de l’Histoire » qui serait distinct du Christ de la foi — peu, c’est beaucoup dire : il n’y en a pas !… On n’a de récits que des Évangiles, des récits de foi.

Au point, du coup, qu’à une époque, un courant de l’historiographie se proposait même de mettre en doute l’existence de Jésus… Ces historiographes parlaient d’eux-mêmes, eux aussi, bien sûr, c’est devenu très évident avec le recul. Ça n’empêche pas que des auteurs à la mode renouent aujourd’hui avec ce courant rejetant l’existence de Jésus, en rescapés de la méthode en quelque sorte… pour nous expliquer qu’il n’y a de Jésus que mythique... Quoique aujourd’hui, ces mises en doutes sont en général plutôt considérées comme dépassées : on admet communément qu’il a vraiment existé.

… Selon ce que les Évangiles traduisent, au fond : les disciples ont cru et témoigné d’un Christ Fils de Dieu vraiment venu parmi nous, comme homme réel.

Mais les traces du personnage historique, distinct des récits évangéliques ? Eh bien, on n’en a évidemment toujours pas (sinon quelque mention floue dans deux ou trois textes antiques). Rien qui permette d’écrire une biographie !

« Nous ne connaissons plus selon la chair », écrit Paul — à savoir : depuis la Résurrection.

Or, tous les textes évangéliques ont été écrits après la Résurrection. Paul n’a pas vu, ni Marc !… — mais, me direz-vous peut-être, Pierre, lui, a vu : va-t-il alors nous décrire quelque chose, qui soit enfin vraiment crédible pour nos chercheurs ? Eh bien non ! Comme Paul, ou Marc, Pierre ne nous parlera pas de l’homme Jésus autrement que comme le Fils de Dieu venu en chair, existant dans l’éternité, en dehors de l’Histoire, Histoire où il nous a rejoints, Fils de Dieu fait homme.

Homme, semblable à tous les êtres humains. Et du coup cela concerne chacun de nous et de nos prochains. C’est aussi cela que nous disent les récits de la Transfiguration, lorsqu’ils nous dévoilent que ce Jésus que les disciples ont côtoyé n’est autre que le Fils éternel de Dieu fait homme.

Quant à lui, « écoutez-le ». Écoutez-le aujourd’hui, précisera l’Épître de Pierre : aujourd’hui « nous avons la parole des prophètes qui est la solidité même ». La Loi et les Prophètes.


Revenons donc à la Loi et aux Prophètes. Ils ont désigné Jésus depuis le commencement de l’Évangile. Voilà ce dont se souviennent Pierre et les Évangiles. La Loi et les Prophètes, à savoir Moïse et Élie dans le récit de la Transfiguration selon les Évangiles.

Le récit de la Transfiguration est enraciné dans la mémoire du Sinaï (cf. Exode 24) : la montagne (Ex 24, 1 & 12-13), les six jours (Ex 24, 16), les trois personnes : Aaron, Nadav et Avihou (Ex 24, 1 & 9), la nuée et la voix (Ex 24, 15-17)… Derrière cette histoire, il y a le rappel du Sinaï où Moïse est médiateur de la Loi, la Torah. Et comme pour la Torah, ce qui est en bas renvoie à ce qui est en haut. Un tabernacle terrestre, ainsi que le rappelle l’Épître aux Hébreux, signe d’un Tabernacle céleste contemplé par Moïse. En bas : trois disciples. En haut, trois figures célestes : Jésus, Moïse et Élie. Moïse et Élie, qui sont « la Loi et les Prophètes ». Et entre les deux, le Fils de l’Homme qui est dans les cieux, en haut ; — et en bas, un projet de tabernacles, de tentes (selon que, Jean 1, 14, « il a « tabernaclé » parmi nous »).

Et au Sinaï qu’en est-il de ce qu’on voit ? — : une voix, une voix que le peuple voit : « vous avez vu la voix de Dieu » — « les voix », littéralement —, est-il dit au peuple au Sinaï.

Et aussi, on peut le remarquer, la voix et la présence d’Élie orientent vers l’attente du Messie à la fin des temps, selon le livre du Prophète Malachie. Plusieurs d’entre vous ne mourront pas avant d’avoir vu le Royaume, disait Jésus six jours avant la Transfiguration. Alors, qu’ont-ils retenu finalement, les trois disciples ? Pas grand chose de visualisable — avoir vu les voix ! Une Parole : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »… Sa parole vous élève à votre tour au statut d’enfants de Dieu, votre vie « cachée avec le Christ ».

Et quant à la vision proprement dite, le récit de l’épisode marque rien moins qu’un embarras : pour parler de la blancheur éclatante de la lumière, si le mot correspond, semble dire le texte, on n’a de comparaison que celle du teinturier. Aujourd’hui, on penserait aux publicités pour la lessive : Machin lave plus blanc ! Eh bien ce jour-là c’était plus blanc encore, dit l’Évangile ! Nous voilà bien renseignés… Blancheur éclatante, lumière, et puis bonheur.

Et pour fixer leur bonheur, comme si c’était possible, les disciples n’ont d’autre idée que de dresser des tentes ! Et pourquoi pas : on peut imaginer qu’ils pensent aux tabernacles de la fête du même nom — référence à l’Exode (cf. aussi Jean 1, 14 cit. supra : « il a "tabernaclé" parmi nous »).

Mais la présence du Fils de Dieu ne se fixe pas. Il faudra redescendre de la Montagne.

Où le texte fait apparaître que les disciples sont tout de même à côté de la plaque ! Et pour cause : ils sont de la terre. Ils se trouvent alors en présence de celui qui manifestement vient du ciel, qui provient d’au-delà de l’Histoire et dont la Loi et les Prophètes ont parlé et parlent encore dans les Evangiles, qui renvoient à toute l’Histoire biblique, de Moïse, les commencements, à Élie, celui qui vient à la fin ; celui qui est au-delà de l’Histoire du commencement jusqu’à la fin, et qui est en ces jours au milieu d’eux, dans leur histoire. Il ne nous est pas donné pas d’autre Jésus de l’Histoire que celui-là.


Ce Jésus-là n’est autre que le Ressuscité. C’est ce qu’ont compris les disciples, plus tard. C’est bien le Ressuscité qui leur est apparu ce jour-là, avant même la crucifixion, celui qui demeure dans le sein du Père dans toute l’Éternité, celui en qui vient le Royaume ; qu’ils ont donc contemplé dans la Gloire avant même leur mort (Marc 9, 1).

Et on a retenu la voix qui a retenti : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! ». Écoutez ce que Dieu vous dit par lui. Déjà le Royaume est à l’intérieur de vous… Ne restez pas sur Mont de la Transfiguration.

Jésus lui-même en est descendu. À nous de le suivre à présent : allez donc dans le monde… et pour cela : « écoutez-le ». Alors nous sommes l’objet même de la prière de Jésus lui-même. Jean 17 : « c’est pour eux que je prie — les Apôtres. Et aussi ceux qui auront cru par leur parole », la parole des disciples, des premiers témoins qui nous disent : « celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » ! Sa parole vous élève à votre tour au statut d’enfants de Dieu, dont la vie est « cachée avec le Christ, en Dieu ».

RP

samedi 3 mars 2012

Masque

The deception of the thrush

ProjeKct three - masque

vendredi 2 mars 2012

Œil



Philip K. Dick, L'oeil dans le ciel

Quatrième de couverture :

"Ils sont huit à avoir été précipités dans un faisceau de protons. Huit miraculés qui s'étonnent de revenir à la vie normale. Normale ? L'est-elle vraiment ? Jack et Marsha, sa femme, ressentent une sorte de gêne indéfinissable, comme si tout, autour d'eux, était bizarre, irréel. La réalité semble se fissurer, le quotidien se craqueler.

Comment un essaim de sauterelles peut-il surgir de nulle part ? Pourquoi attaque-t-il Jack ? Mais surtout, pourquoi le visage et le corps de Marsha se déforment-ils monstrueusement ? Les rescapés sont-ils encore des hommes ou des simulacres ? La réalité n'a-t-elle pas fait place à un délirant monde de cauchemars, où les règles de notre univers n'ont plus cours, où tout est possible, même, dans le ciel, la présence de l'œil de Dieu qui surveille."


... L'œil de Dieu selon la conception de tel des personnages d'un roman où, après l'accident du faisceau de protons, chacun devient prisonnier du psychisme de tel ou tel de ses collègues. Chaque monde dans lequel, successivement, les personnages basculent, est façonné par la vision des choses de tel ou tel d'entre eux dans laquelle tous sont emportés...


Alan Parsons Project - Eye in the sky

jeudi 1 mars 2012

Temps du départ


Il est des moments tournants, des temps marqués. Un temps pour chaque chose. Des temps marqués qui ne laissent aucun doute sur les choix à faire. Le temps est venu pour ma famille et moi de poursuivre notre route au-delà de notre passage — neuf ans — à Antibes Cagnes et Vence.

C’est pour fin juin 2012. Pourquoi 2012 ? me demande-t-on souvent. La réponse est toute simple : le poste pour lequel j’ai été nommé il y a neuf ans après l’accord du conseil régional, suite à l’appel qui m’a été adressé par la paroisse d’Antibes-Cagnes et Vence, n’existera plus après le 30 juin 2012, tout simplement. Vence formera une paroisse commune avec Grasse, avec un pasteur commun avec Grasse. Antibes-Cagnes aura ipso facto un autre cahier des charges que celui pour lequel j’ai été appelé à Antibes-Cagnes et Vence et que j’ai rempli durant toutes ces années.

J’ai dans un premier temps hésité sur la date, penchant un moment pour 2013 en vue d’atténuer la transition en préparant à Antibes-Cagnes le nouveau poste, celui de mon successeur en cette partie de ma paroisse actuelle. Il m’est très vite apparu que cela n’avait pas grand sens, sachant que ce n’est pas le pasteur d’un poste antécédent qui est chargé de définir pour un autre pasteur un poste tout à fait différent de celui qu’il a occupé ! Cela serait même incongru.

Cela supposerait aussi en soi, me concernant, un cahier des charges spécifique, pour un an ! Le changement inéluctable donnant déjà ses signes à travers des esquisses, qui se sont profilées depuis quelque temps, de modification du cahier des charges, la chose est d’autant plus évidente.

À cela s’ajoute, pour ma famille, le fait que nos enfants doivent vivre tournants scolaires et changements d’établissements en 2012 — élément supplémentaire pour prendre acte de ce que le tournant qui s’offre à nous est pour 2012 et pas 2013.

J’ai donc annoncé mon départ le plus rapidement possible, pour laisser le moins possible notre Église au dépourvu. Je l’ai fait dès le culte de décembre suivant cette décision. J’ai confirmé mon départ en janvier, dès son officialisation par un vote du conseil régional.

C’est un temps marqué, un temps à percevoir et à accepter. Cela laisse derrière nous le souvenir d’une période riche, chargée de bénédictions. Merci à toutes et à tous. Nous sommes encore ici jusqu’à fin juin… Tandis que déjà un autre temps s’ouvre devant nous, sous le regard de Celui qui nous envoie.